Le Caire tend la main à Alger
Au cours des dix dernières années, les relations entre Alger et Le Caire ont connu des hauts et des bas. Plusieurs crises ont failli mettre un terme aux liens historiques qui lient les deux peuples. Le rôle de Jamal Abdel-Nasser soutenant le Front de libération nationale (FLN) lors de la guerre d’indépendance n’a jamais été oublié au pays du million de martyrs. Mais la dernière année du règne de Hosni Moubarak avait été marquée par des tensions dues à la politique populiste de Gamal Moubarak, qui tentait à travers le football de se créer une image d’homme d’Etat. Quand les Moubarak ont été chassés du pouvoir, le régime des Frères musulmans a durci encore plus sa ligne à l’égard du voisin maghrébin. Mais cela est du passé, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, ayant été reçu en grande pompe à Alger.
Erdogan s’entête
Le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, a passé une très mauvaise année 2013, éclaboussé par plusieurs scandales politico-financiers impliquant des membres de son gouvernement et des proches. Alors que ses partisans espéraient le voir entamer l’année 2014 sur de nouvelles bases, il les déçoit encore une fois en rejetant la main tendue par le très influent chef islamiste Fethullah Gülen. Une réconciliation qui aurait soulagé les milieux islamistes à l’approche des élections présidentielles et parlementaires. Mais il n’en est rien, car le Premier ministre a saisi cette occasion pour s’en prendre publiquement à son ancien allié, l’accusant de chantage et de malhonnêteté.
Hassan Rohani le président iranien réformateur, est la cible de critiques très sévères de la part des milieux ultraconservateurs, qui n’acceptent toujours pas son choix de conclure un accord avec l’Occident sur la question nucléaire. Loin d’en être intimidé, le chef de l’Etat répond directement à ses détracteurs: «Vous savez, leur dit-il, je n’ai pas peur de vos critiques. D’ailleurs, personne ne devrait avoir peur du tapage d’une infime minorité». Hassan Rohani sait très bien qu’il jouit du soutien de la majorité du peuple iranien.
Le Baas parti politique qui dirige la Syrie depuis 1963 et qui prône l’unité et le nationalisme arabes, semble avoir oublié ses idéaux. Le régime syrien vient de décider d’introduire la langue russe dans les manuels scolaires syriens dès les classes primaires, en signe de reconnaissance à l’égard de Moscou. Une décision qui choque les Syriens, habitués à faire des études en arabe jusqu’à la terminale. Les temps changent et Damas n’est plus «le cœur battant du nationalisme arabe». Preuve en est la décision du gouvernement de Waël el-Halki d’imposer à tous les ressortissants arabes un visa d’entrée, alors que ce n’était plus le cas depuis plusieurs décennies. Désormais, tout citoyen arabe, qui entre illégalement en Syrie, écopera d’une peine de deux années de prison, ainsi que d’une importante amende. Une mesure destinée à lutter contre l’afflux de jihadistes et autres extrémistes arabes en Syrie pour combattre le régime.
En pointillé…
Le sultanat d’Oman tente de jouer un rôle conciliateur depuis le début de la crise syrienne, tout en adoptant une position neutre dans le conflit qui oppose les pays du Golfe à la République islamique d’Iran. Cette approche, qui a valu des louanges au ministre omanais des Affaires étrangères, Yussef Ben Alaoui, semble être soutenue en force par le sultan en personne. Ce dernier vient de demander à son ministre d’informer la Ligue arabe de sa décision de se retirer du comité ministériel en charge du dossier syrien. Un groupe d’action dirigé par le Qatar incluant le Soudan, l’Algérie et le sultanat d’Oman. Mais depuis la mise au placard de Hamad Ben Jassem, ancien Premier ministre qatari, ce comité n’avait plus tenu aucune réunion et semblait être au point mort.
Confiance perdue entre Washington et Kiir
Les tensions internes et la guerre civile qui déchirent le Soudan du Sud ne seraient apparemment pas dues à un coup d’Etat mené par l’ancien vice-président Riek Machar contre le président Salva Kiir Mayardit, comme l’avait prétendu ce dernier. En effet, des proches du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, doutent désormais de cette version officielle, puisque tous les rapports sur le terrain confirment qu’il n’y a pas eu de coup d’Etat à Juba et que les forces loyales à Kiir seraient celles qui auraient agi contre les forces loyales à l’ancien vice-président. Preuve en est, le coup de filet mené dans la nuit par l’armée contre onze personnalités proches de Machar, alors que ce dernier ne se doutait de rien.
Le coup de poker de Haniyé
La bande de Gaza, dirigée par le Hamas depuis 2007, souffre du blocus israélien et des politiques du mouvement, qui ont poussé Le Caire à fermer le point de passage de Rafah. Cette situation insoutenable a conduit Ismaïl Haniyé, le Premier ministre du Hamas, à annoncer en grande pompe qu’il permettait aux dirigeants du Fateh, originaires de la bande, de rentrer chez eux. Un geste supposé fraternel mais qui ne l’est pas, car Azzam el-Ahmad, dirigeant du Fateh en charge des pourparlers avec les islamistes, a aussitôt répliqué que ce n’était qu’un nouveau mensonge. Selon le proche du président Mahmoud Abbas, un accord conclu en 2011 permettait aux membres du Fateh de rentrer à Gaza. Une entente qui n’a jamais été respectée par le Hamas.
Même Rafsandjani a perdu espoir
Durant les trente dernières années, les relations entre Riyad et Téhéran n’ont jamais été au beau fixe. Mais même aux heures les plus sombres, un lien avait été maintenu permettant aux deux voisins de rester en contact. En tête de ce projet, le dirigeant iranien Hachémi Rafsandjani, qui a toujours eu de bons rapports avec les dirigeants saoudiens. Or, celui-ci est monté au créneau pour dénoncer la détérioration des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Selon lui, la faute incombe «aux extrémistes dans les deux pays, qui refusent d’entendre la voix de la raison». Le leader réformateur a, cependant, précisé qu’il ne comptait pas se rendre à Riyad, car il n’avait plus de rôle à jouer à ce sujet, ajoutant qu’il avait même annulé sa visite pour le hajj, afin d’éviter toute interprétation politique de ce voyage. Il a accusé Riyad de soutenir les «extrémistes» en Syrie et en Irak.
Vague islamiste au Koweït
Le nouveau gouvernement koweïtien formé par cheikh Jaber el-Moubarak el-Sabah ressemble de près à l’ancien cabinet. Seuls sept ministères ont été remaniés. Mis à part le ministre du Pétrole et celui des Finances, ceux de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice ont gardé leurs portefeuilles. Parmi les nouveaux élus, Ali el-Aamir, membre de l’Alliance islamiste salafiste, à la tête du ministère du Pétrole. Un portefeuille considéré le plus important dans l’émirat de l’or noir. Résultat, les salafistes ont doublé le nombre de leurs ministères, puisqu’ils en dirigent désormais quatre: le Pétrole, la Justice, les Télécommunications et la Santé. Ce remaniement inquiète énormément la minorité chiite du pays, vu les tensions de plus en plus fortes entre sunnites et chiites dans la région.
Paris pointé du doigt
Selon l’opposition mauritanienne, la position du Quai d’Orsay dans les derniers développements politiques du pays prouve que Paris soutient le président Mohamed Ould Abdel-Aziz. Dans la ligne de mire des opposants, l’ambassadeur de France à Nouakchott, Hervé Besancenot, qu’ils accusent de faire le jeu du président qui vient d’organiser des élections parlementaires controversées. Des observateurs dans la capitale mauritanienne ont noté que les raisons de ce revirement politique de la France tiennent à la crainte de voir les mouvements islamistes prendre le pouvoir. Un scénario catastrophe vu l’emplacement stratégique de la Mauritanie, voisin du Mali, où l’armée française a mené une guerre de plusieurs semaines afin d’éradiquer Aqmi de la région. Un but qui n’a toujours pas été atteint en raison des difficultés du terrain. Mais ces arguments n’ont pas convaincu Saleh Ould Hanna, une des figures de l’opposition, qui a exigé que Paris cesse de se mêler des affaires internes de son pays.
8 milliards de dollars, telle est la valeur des exportations d’armes israéliennes en 2013. Ces chiffres n’ont pas été révélés par le ministère israélien de la Défense, mais par le journal Ha’aretz, qui a brisé le silence sur ce secret d’Etat. Tel-Aviv a toujours imposé un black-out médiatique sur toute information concernant son industrie militaire. Ainsi, non seulement on ignorait la valeur des ventes d’armes israéliennes, mais de plus, les pays vers lesquels ces armes étaient exportées. Seule la justice avait dévoilé en 2012 que les cinq premiers Etats sur la liste des pays importateurs étaient les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Corée du Sud et le Kenya. Selon des experts militaires israéliens, plusieurs pays de la région, qui ne maintiennent pas de rapports officiels avec Israël, y figureraient aussi. Ce qui expliquerait la discrétion de l’Etat hébreu c’est le fait qu’il ne veut pas embarrasser certains pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie, supposés soutenir la cause palestinienne.
27 milliards de dollars de déficit budgétaire en Jordanie. Devant ce chiffre, le gouvernement du Premier ministre Abdallah Ensour a dû mettre un terme aux subventions de l’Etat. Une décision qui, en 2013, avait provoqué une violente révolte populaire qui a failli entraîner la chute du régime monarchique. C’était sans compter sur la diplomatie et le savoir-faire du roi Abdallah qui a réussi à renverser la table sur ses opposants comme l’avait fait, à plusieurs reprises, son père le roi Hussein. D’ailleurs, le monarque, sûr de son autorité, a ordonné à son cabinet de hausser les tarifs de l’électricité et du carburant, afin de remédier à l’important déficit budgétaire. Des mesures qui n’ont provoqué aucune réaction dans la rue, suscitant la jalousie de plusieurs dirigeants de la région qui aimeraient pouvoir en faire de même.