Magazine Le Mensuel

Nº 2914 du vendredi 13 septembre 2013

Le Saviez-Vous

Emigration libanaise. A la recherche d’un emploi

Le Libanais est connu pour sa facilité à émigrer. Cela pour différentes raisons depuis la première vague d’émigration, au XIXe siècle, jusqu’aux années de la guerre civile.
 

Selon une récente étude de l’Organisation internationale du travail (OIT), la principale raison de l’émigration des Libanais est la recherche d’un emploi. 80% à 90% des émigrants sont en quête de nouveaux horizons, et 10 à 20% quittent le pays pour des raisons sécuritaires.
Les démographes estiment, aujourd’hui, que l’émigration toucherait 52% de la force active âgée entre 35 et 39 ans, dont 59% d’hommes et 45% de femmes. Le danger le plus grand réside dans le fait que le pourcentage des jeunes émigrés est presque égal à celui de la croissance naturelle de la population libanaise résidante. Les jeunes diplômés partent à la recherche d’un travail qu’ils ne trouvent pas dans le pays où le chômage est très élevé et où la situation ne semble pas s’améliorer. Entre 2004 et 2009, près de 6,3% des foyers libanais ont vu au moins un de leurs membres émigrer en quête d’un emploi compatible avec ses diplômes.
L’émigration des Libanais remonte à la fin du XIXe siècle. Le premier mouvement s’est essentiellement orienté vers l’Amérique latine. La deuxième vague remonte au début des années 1960 et se poursuit durant la guerre civile libanaise entre 1975 et 1990. Elle touche l’ensemble des communautés religieuses qui composent le pays. La diaspora libanaise compte, aujourd’hui, entre trois et quatre millions dont la composition confessionnelle est difficile à évaluer.
Selon une étude de l’Administration centrale des statistiques (CAS), 44,1% des émigrants ont entre 25 et 34 ans, 33,2% moins de 24 ans, 13,1% entre 35 et 44 ans et 9,5% plus de 45 ans. Les hommes ont représenté 76,3% et les femmes 23,7%. 66% des émigrants sont motivés par la recherche d’un emploi, 16% ont quitté pour des raisons familiales, 10,9% pour poursuivre leurs études à l’étranger et 4,7% pour se marier.
Actuellement, les pays arabes sont la première destination des émigrés avec près de 39,2%, en deuxième place l’Europe avec 19,7%, suivie par les Amériques avec 19,5%, l’Afrique avec 12,1%, l’Australie avec 7,6%, et l’Asie avec 0,7%.
Une étude de l’Université Saint-Joseph couvrant les années 1992 à 2007 souligne qu’un large pourcentage des jeunes émigrés est constitué de diplômés: 37% spécialisés en génie, en technologie et en sciences, 30% dans le domaine de l’administration et des services, et 13% dans le secteur médical.

 

Des universitaires
Le pourcentage des jeunes, dont le niveau universitaire est élevé, qui cherchent à émigrer est assez significatif. 54% de ceux qui travaillent ne cherchent pas à rentrer au pays. 22% des émigrés n’ont pas encore décidé de rester dans les pays d’accueil ou de retourner chez eux, ce qui ramène à 18% seulement le pourcentage des jeunes émigrés qui pensent retourner au pays.
Les émigrés libanais aident leur pays économiquement, mais ils ont aussi un impact indéniable sur l’essor du Liban dans le monde, à tous les niveaux, d’autant que les émigrés de la nouvelle génération sont des diplômés. 

Arlette Kassas

Transferts de capitaux
La plus importante communauté libanaise est installée en Amérique latine, en particulier au Brésil, en Argentine, en Colombie et au Mexique. Il existe aussi d’importantes 
communautés libanaises aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Europe 
principalement en France et en Suède. En Afrique, la Côte d’Ivoire est le pays africain qui compte le plus de ressortissants libanais.
Les Libanais travaillant à l’étranger transfèrent annuellement au Liban près de 7,5 milliards de dollars (statistiques de 2011), soit en moyenne plus de 19% de l’ensemble de la productivité du pays et atteint parfois un pourcentage plus élevé, comme ce fut le cas en 2004 où il a atteint plus de 26%. En contrepartie, les 
travailleurs étrangers au Liban transfèrent presque 3 milliards de dollars vers leurs pays, ce qui influe sur l’économie libanaise.

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