Magazine Le Mensuel

Nº 2933 du vendredi 24 janvier 2014

Semaine politique

La décharge de Naamé. Un scandale qui sent mauvais

Le sit-in de protestation des écologistes et des riverains contre l’immobilisme des pouvoirs publics va-t-il réactiver le plan gouvernemental de construction de nouvelles décharges pour décongestionner celle de Naamé qui ne cesse de s’agrandir depuis plus de quinze ans?
 

L’amoncellement ce week-end des sacs poubelles dans les rues a frappé les esprits. Pendant deux jours, un collectif de riverains, soutenu par le Mouvement écologique libanais (LEM) et plusieurs associations de protection de l’environnement, a fermé l’accès à la décharge à ciel ouvert de Naamé, la plus grande du pays, qui collecte les déchets de la ville de Beyrouth et du Mont-Liban − 2 000 tonnes par jour, selon les derniers chiffres disponibles. En cause, l’extension automatique du délai d’exploitation de la décharge, de janvier 2014 à janvier 2015 et les tergiversations des autorités. En 1997, après la fermeture définitive du dépotoir sauvage de Bourj Hammoud, le gouvernement adoptait le Plan d’urgence de la gestion des déchets. Ce plan prévoit la construction de plusieurs décharges sur l’ensemble du territoire pour rationaliser la collecte des ordures ménagères. A l’origine, le site de Naamé avait pour vocation d’être exploité de manière transitoire. Mais depuis, aucun nouveau site n’a été aménagé autour de la capitale ou du Mont-Liban.
Géré par la société privée Averda, le site n’a cessé d’être agrandi pour répondre à l’augmentation de la masse d’ordures ménagères, au point aujourd’hui de jouxter les quartiers résidentiels. Aucune donnée officielle ne le confirme, mais les taux anormalement élevés de cancers ou de problèmes respiratoires dans la population environnante, notamment dus aux effluves de gaz méthane résultant de la décomposition des déchets, préoccupent. La balle est désormais dans le camp du futur gouvernement. Lundi, le collectif a été reçu par Tammam Salam, qui a promis de former une commission d’urgence.
Le Premier ministre démissionnaire Najib Mikati a convoqué une réunion avec les ministres de l’Environnement, Nazem Khoury, de l’Intérieur, Marwan Charbel −en charge des municipalités qui accueillent le site, à qui l’Etat doit plusieurs années d’arriérés − le président de la Commission parlementaire de l’Environnement, le député de Aley, Akram Chéhayeb, le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Nabil el-Jisr et un représentant de la société Sukleen contre laquelle le parquet général des Finances a lancé une enquête.
Au sortir de cette réunion, les intervenants se sont entendus sur trois mesures, payer les arriérés dus aux municipalités, mettre la question de l’achat d’incinérateurs à l’ordre du jour de la première séance du Conseil des ministres et charger un bureau d’audit international de surveiller les opérations de tri et de recyclage de la compagnie Sukleen. Nazem Khoury s’est prononcé cette semaine «pour une fermeture de la décharge de Naamé, ainsi que de toutes les décharges incontrôlées du pays». Mais la solution, selon lui, «ne devrait pas être temporaire». Une solution définitive attendue depuis plus de quinze ans… 


Julien Abi Ramia

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