Magazine Le Mensuel

Nº 3032 du vendredi 18 décembre 2015

Semaine politique

Gebran Tuéni, dix ans déjà. Au nom de la liberté de la presse

Il y a dix ans, Gebran Tuéni était assassiné. Pour commémorer ce tragique événement, la Fondation Gebran Tuéni a organisé un congrès sur le thème La presse internationale et le Liban, en présence de nombreuses personnalités politiques, médiatiques et sociales. Projecteurs sur des journalistes venus de France et des Etats-Unis apporter leurs témoignages: Tuéni était et restera le défenseur des libertés, cette liberté qu’il paiera de son sang.

Il y a dix ans, une voiture piégée coûtait la vie à Gebran Tuéni, son chauffeur et son garde du corps lors de leur passage en voiture à Mkallès. A cette occasion, la fondation qui porte son nom a rendu hommage à cet homme qui a toujours porté le Liban dans son cœur et appelé, sans cesse, à l’unité des chrétiens et des musulmans, et rappelé la force et le courage de sa plume. A cette occasion, une dizaine de journalistes étrangers et libanais ont pris la parole pour évoquer cet homme, sa liberté d’action et surtout de pensée. Dans son allocution, le journaliste Marcel Ghanem rappelle que «Gebran est tombé alors que ses derniers écrits évoquaient ceux qui ont été enlevés en Syrie et dont nous ne savons toujours rien». Poursuivant sur sa lancée, il affirme qu’aujourd’hui, Gebran aurait axé ses éditoriaux sur les répercussions négatives des prorogations et sur la tragédie des réfugiés syriens au Liban. Il aurait crié, assène Ghanem: «Soyons tous unis pour sortir le Liban de l’ignorance».
Pour le journaliste Ben Wedeman, de CNN, «si Gebran était toujours parmi nous, il serait resté optimiste malgré toutes les tragédies qui ont atteint les rêves de changements».
Olivier Royant, rédacteur en chef de Paris Match, assure: «Les terroristes ont voulu faire taire Gebran, mais sa mémoire est encore vivante». Le journaliste Patrick Forestier a comparé Tuéni aux mousquetaires, saluant le courage de celui qui «se battait pour la liberté à travers ses écrits et ses paroles».
L’adjoint au directeur de la rédaction d’an-Nahar, Nabil Bou Mounsef, déclare que «Nahar a hissé la photo de Gebran et respecte son serment». «Nous répétons toujours que Gebran n’est pas mort, affirme-t-il, et que le Nahar continue sur sa lancée. La vérité de Gebran, de ses compagnons et de tous les martyrs est gravée dans la gratitude des Libanais et aucune circonstance ne peut arracher ce que Gebran a laissé dans le cœur des gens».
La grande famille du quotidien an-Nahar a donné une messe en commémoration du sacrifice de Gebran Tuéni et de ses compagnons, André Mourad et Nicolas Flouti, dans l’église Saint-Georges de Beyrouth. Etaient présents auprès de sa famille, les ministres de l’Information, de la Justice et du Tourisme, ainsi qu’une assemblée de figures politiques, religieuses et médiatiques. La messe était présidée par le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audeh. Prenant la parole à cette occasion, Michèle Tuéni rappelle que «Gebran n’a jamais négocié pour des postes… lorsqu’il lui a été offert un siège parlementaire ou ministériel en échange de son silence, il a refusé… Il n’a présenté sa candidature aux élections législatives que lorsqu’il a considéré que le Liban était devenu indépendant et libre». Elle a souligné  que Gebran n’a jamais consulté des Etats avant de faire n’importe quelle déclaration et ses positions étaient à la seule faveur du Liban.
 «Malgré dix ans écoulés depuis son absence, Gebran reste toujours présent parmi nous et ses mots sont plus forts que jamais», a-t-elle conclu. Mgr Elias Audeh a appelé les citoyens à réagir au marasme qui sévit et s’est demandé «si le Liban méritait ses martyrs et si Gebran et ses compagnons ont été assassinés pour que leur sang soit versé en vain».

Danièle Gergès
 

Exposition de Paris Match
En parallèle de la conférence, la Fondation Gebran Tuéni a offert aux gagnants des compétitions, qu’elle avait lancées au cours de 2015, des prix mérités et organisé une exposition des éditions de Paris Match qui reprennent les événements qui ont jalonné l’histoire du Liban depuis les années 58.

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