L’assassinat du général Wissam el-Hassan vendredi 19 octobre, constitue un véritable séisme politique. Qu’en pense le Courant patriotique libre? Magazine a rencontré cheikh Farid el-Khazen, député du Kesrouan.
Le général Aoun a demandé la non-politisation de l’attentat qui a coûté la vie à Wissam el-Hassan. Le 8 mars peut-il toujours continuer à invoquer cet argument alors que seules les personnalités membres ou proches du 14 mars sont visées par des assassinats?
Cet attentat est un incident-clé en cette période de crise au Liban et en Syrie, tout à fait inattendu, ayant visé un chef de la sécurité libanaise, chargé de la protection des instances politiques. Je crains que ce ne soit que le début d’une série d’assassinats. Le Liban est exposé à toutes sortes de dangers, en raison de l’absence de tout contrôle au niveau de ses frontières. Il existe au Liban des groupuscules armés, notamment ceux ayant été impliqués dans la guerre de Nahr el-Bared (ayant opposé le groupe terroriste Fateh el-Islam à l’Armée libanaise, en 2007, ndlr). On a accusé le gouvernement d’être responsable de l’assassinat de Wissam el-Hassan, un meurtre qui n’est toutefois pas le résultat d’une défaillance quelconque au niveau des mesures prises par les autorités. Cette accusation est d’ordre politique, elle est portée par ceux qui visent à faire tomber le gouvernement depuis sa formation. Il est déjà très difficile de former un gouvernement en temps normal et ce serait quasi impossible dans les circonstances actuelles. Le vide politique ne ferait qu’accentuer la vulnérabilité du pays en le projetant dans un tunnel sans fin. Une opinion que semblent partager les grandes puissances qui ont appuyé, par leurs diverses déclarations, le gouvernement actuel dont la légitimité se trouve donc confirmée.
On a l’impression qu’il existe une certaine contradiction au sein du gouvernement, d’une part entre le discours du Premier ministre qui a admis un lien possible entre le dossier Michel Samaha et l’assassinat du général Wissam el-Hassan, et d’autre part l’alignement sur la Syrie des ministres du 8 mars. Comment cela se reflète-t-il sur la cohésion gouvernementale?
Il n’existe pas de désaccord au sein du gouvernement. Bien au contraire, l’assassinat de Wissam el-Hassan a eu un effet unificateur. Le leader druze, Walid Joumblatt, lui a également apporté son soutien, ce qui ne fait que confirmer la solidarité de tous face à cet événement majeur.
Des rumeurs ont circulé selon lesquelles les ministres du 8 mars auraient refusé de joindre le dossier el-Hassan aux enquêtes menées par le Tribunal spécial pour le Liban. Pouvez-vous les confirmer ou les infirmer?
Ce n’est pas au gouvernement de prendre une telle décision mais aux instances du TSL.
Quel regard portez-vous sur les incidents ayant suivi les funérailles du général el-Hassan?
Cet événement qui aurait dû en principe rapprocher les gens, a en fait mis en relief les fissures au sein du 14 mars. Il y a des dissonances entre les discours des différentes figures politiques comme Samir Geagea ou le président Amine Gemayel. Mais au final, nous ne pouvons pas tomber dans le piège tendu par les assassins du général el-Hassan. Nous nous trouvons face à une convergence d’éléments pouvant mener le pays à une situation de fitna (conflit sectaire, ndlr), un danger dont nous devons absolument nous éloigner.
Quelles mesures a pris le CPL pour venir en aide aux victimes de l’attentat d’Achrafié, comme, entre autres, assurer le logement des sinistrés pendant une semaine?
Ces mesures sont tout à fait nécessaires, il faut soulager les victimes et les personnes ayant souffert de l’attentat.
Quel impact aura cet attentat sur les élections parlementaires de 2013?
J’espère que cela n’aura pas d’impact sur l’élaboration de la loi électorale, un processus qui doit être absolument accéléré. L’assassinat ne peut être exploité afin de permettre un éventuel retour à la loi de 1960.
Propos recueillis par Mona Alami