Les organismes économiques ont raté le rendez-vous avec le Premier ministre Najib Mikati, prévu pour le jeudi 1er novembre. Le chef du gouvernement avait convoqué à cette date les instances économiques à une réunion afin de discuter des moyens disponibles pour alléger le ralentissement économique et prendre leurs avis sur les mécanismes possibles de financement de la grille des salaires du secteur public. Se sont rendus au Sérail seuls les membres qui représentent la ligne modérée des organismes économiques, notamment Adnane Kassar, Nehmat Frem et Jacques Sarraf. Les trois ténors de la communauté des affaires qui avaient mené un bras de fer pour publier le 20 octobre un communiqué écrit en toute hâte à la main réclamant la démission immédiate du gouvernement étaient aux abonnés absents.
Les divisions qui minent les organismes économiques ne font plus de doute entre supporters et opposés à la dissociation de l’économique du politique. Les voix de la modération, qui se sont entretenues avec le président Mikati en présence du ministre de l’Economie, Nicolas Nahas, ont déclaré à la porte du Sérail que les organismes économiques allaient prendre du recul pour élaborer un document de travail commun. Or une source neutre au sein des instances économiques a confié à Magazine que tous les efforts qu’elle a déployés de concert avec un autre membre pour retarder la publication du communiqué du 20 octobre, en l’absence du président des organismes économiques Adnane Kassar, ont été vains. Cette source a considéré que le timing de la publication du communiqué la veille des funérailles du général Wissam el-Hassan était inapproprié. En plus, il ne revient pas aux organismes économiques ni d’élire ni de désigner le Premier ministre, d’où la nécessité pour ces instances de rester neutres et de ne pas s’impliquer dans le bourbier politique. Par ailleurs, ajoute cet homme d’affaires, le plan de réforme réclamé par les organismes économiques est un plan à court terme d’urgence, les indicateurs économiques n’ayant jamais été aussi faibles qu’en ce moment.
Liliane Mokbel