Depuis plus de quatre ans, l’Institut européen de coopération et de développement, implanté à Beyrouth, collabore avec l’association locale Le Foyer de la Providence, à Saïda, en vue de développer une éducation adaptée aux enfants à besoins éducatifs spécifiques. Retour sur ce projet.
Jeudi dernier, le Foyer de la Providence a inauguré un nouveau bâtiment de son école spécialisée Mosaik, en collaboration avec l’Institut européen de coopération et de développement (IECD). Depuis 35 ans, l’IECD travaille dans de nombreux pays, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, toujours en collaboration avec des partenaires locaux, en débloquant des projets de développement sur plusieurs années dans trois domaines d’activités principaux: l’appui à la petite entreprise, la formation professionnelle et l’accès à l’éducation et aux besoins pour les personnes vulnérables.
La collaboration entre l’IECD et le Foyer de la Providence, une association privée grecque-catholique installée à Saïda depuis quarante ans, remonte à 2007. Parmi les activités sociales de cette association, la création en 2004 de l’école spécialisée Mosaik qui accompagne les enfants à besoins éducatifs spécialisés. «Cette école a attiré l’attention de l’IECD, explique Louise Vasedeboncoeur Aoun, chef de projet, car il y avait un effort de progression académique, avec le programme officiel libanais adapté, le passage de classe en classe et la reconnaissance étatique du parcours. Elle nous semblait une école solide qui se caractérisait surtout par la volonté de répondre à un besoin énorme dans la région du Sud particulièrement».
Un projet pilote
En 2007, l’IECD et son partenaire local définissent un projet de développement sur 4 ans, qui a démarré en 2008 et dont la première phase s’est terminée en juin 2012, par l’inauguration d’un nouveau bâtiment de l’école Mosaik. Le projet vise à offrir un enseignement et un accompagnement de qualité aux enfants présentant des besoins éducatifs spécialisés à travers d’abord le renforcement des capacités de Mosaik, qui au départ n’accueillait que vingt-cinq enfants. «Nous voulons lui permettre d’accueillir 100 enfants dans les meilleures conditions possibles, pour lui permettre de devenir un établissement de référence à la fois pour la région du Sud et au-delà pour tout le Liban. C’est là où le véritable travail de mise à disposition d’expertise a été riche».
Des missions de formation continue ont été mises en œuvre auprès de trente et un éducateurs et rééducateurs en partenariat avec l’Institut national supérieur français du Handicap et des Enseignements adaptés, mais aussi avec l’AUB (American University of Beirut) et l’USJ (Université Saint-Joseph).
Le projet ne s’arrête pas là. «On considère Mosaik comme un lieu de transition en attendant que les écoles régulières soient prêtes à accueillir ces enfants». Pour préparer le terrain, l’IECD et le Foyer de la Providence ont créé un centre de ressources et d’orientation qui s’appelle Trait d’union, destiné, comme son nom l’indique, à faire le lien entre l’école spécialisée et les écoles régulières, à travers une équipe pluridisciplinaire qui apporterait également une aide aux familles. L’idée au départ était de travailler avec des enfants de Mosaik, pour les inclure dans des écoles régulières. Mais en allant à la rencontre de ces dernières, l’équipe en charge se rend compte que ces écoles avaient déjà elles-mêmes des enfants en difficulté. Et elles l’ignoraient. La mission s’enrichit davantage. Dans une initiative pilote, Trait d’union, réalise durant l’année 2011-2012, le diagnostic de plus de 100 élèves issus d’écoles régulières, l’aménagement scolaire pour 12 enfants au sein de six écoles régulières issues du secteur public et privé de Saïda, l’accompagnement parental pour quatre-vingts familles de la région, et la formation à l’adaptation pédagogique et la pédagogie différenciée pour quatre-vingt-dix enseignants. «L’idée derrière ce projet est surtout de donner les moyens aux professeurs de s’approprier une méthodologie qui fera boule de neige au sein de l’établissement, dans l’espoir d’avoir un effet d’émulation. Le but étant que l’enfant reste dans l’école régulière et qu’il soit capable de suivre son apprentissage scolaire», en fonction de l’éducation inclusive qui stipule que c’est au système de s’adapter à l’enfant et non le contraire. Au bout de quatre ans de travail, il est temps de faire le bilan et de lancer la deuxième phase du projet qui s’est fixé comme objectifs le renforcement et la pérennisation des activités.
N.R.
www.mosaiklb.com
Un projet qui va plus loin
Au-delà de la mise en application du projet, l’IECD cherche à sensibiliser les gens sur la problématique des enfants présentant des besoins éducatifs spécifiques. «Ce ne sont pas des initiatives isolées qui vont changer la donne. Il faut arriver à les coordonner pour avoir plus de poids quand on va s’adresser aux pouvoirs publics, aux bureaux pédagogiques, aux secteurs privés et publics». Face à ce problème en plein essor, Louise Vasedeboncoeur Aoun lance également un appel aux jeunes lycées à réfléchir aux métiers nécessaires dans ce domaine, vu qu’il y a un énorme besoin de professionnels en dehors de Beyrouth. «C’est un problème crucial pour la société, car il contribue à apporter son lot de justice pour que tous les enfants puissent jouir de leurs droits».