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Nº 2858 du vendredi 17 août 2012

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Militant de droite, médiateur, conseiller… Un parcours chaotique

Responsable des étudiants Kataëb, proche de Bachir Gemayel puis d’Elie Hobeika, bien introduit en France et dans le monde arabe, Michel Samaha a très vite préféré la politique des chambres secrètes au militantisme classique. Ces dernières années, il était devenu le principal intermédiaire entre l’Elysée et le régime de Damas et l’un des plus proches conseillers de Bachar el-Assad. Retour sur une vie riche et chaotique.

Quelle que soit l’issue de l’enquête en cours, l’accusation portée contre Michel Samaha nous laisse pantois, stupéfaits, en un mot choqués. Le jeune homme que nous avons connu présidait alors la section des étudiants Kataëb de l’Université Saint-Joseph (la SEK). Son parcours de militant de droite ne laissait pas présager de son avenir.
En 1998, Magazineavait brossé le portrait de celui qui, au plus fort de la guerre, était l’homme des missions impossibles, celles de la paix. Médiateur et coordinateur, il servait d’officier de liaison entre le parti Kataëb et la Syrie et tentait de rapprocher les deux parties.
Né à Jouar en 1948, de famille très peu politisée, il adhère en 1963 à la section étudiante du parti Kataëb de l’école des Frères de Gemmayzé. Mais il ne s’engage réellement dans le parti qu’une fois inscrit à l’école officielle secondaire de Furn el-Chebbak. A l’époque, l’établissement était un véritable bouillon de culture, où se côtoyaient furieusement et avec toute la fougue de la jeunesse, des courants divers de gauche, de droite ou même nassérien. Il pousse son apprentissage et sa culture politique en accédant aux études supérieures au début des années soixante-dix à l’USJ. S’inspirant de Maurice Gemayel, il se forge une forte personnalité intellectuelle. En France où il avait participé à un stage universitaire international organisé par l’Unesco, il avait été fortement impressionné par les événements estudiantins de mai 68. Parmi les 20 jeunes gens sélectionnés pour participer à cette formation, il était le seul venant du monde arabe. Par la suite, voulant améliorer son cursus culturel, il rejoint une équipe qui travaillait sous les directives d’Edgar Faure.
Michel Samaha a été président de la Section estudiantine Kataëb (SEK) jusqu’en 1975. Un an plus tard, il s’en est de nouveau chargé à la demande de ses camarades soucieux de réduire le caractère paramilitaire que le Service commençait à prendre à cause des événements. Samaha n’avait, quant à lui, jamais participé à une action armée. Ses relations personnelles avec Bachir Gemayel, camarade de lutte de la première heure, étaient excellentes même si, sur le plan des idées, il y avait autant de divergences que de convergences.
Dès ses débuts, Samaha a servi au sein du parti de trait d’union avec les Arabes en général, avec les Palestiniens et les Syriens en particulier. En 1977, il quitte la SEK pour travailler à l’étranger. Il se déplace alors entre le Liban, l’Egypte et la France, avant de s’installer pour un an en Egypte. Mais auparavant, en 1974, il avait obtenu des diplômes universitaires en Sciences politiques. Après sa philo, il fait ses premières armes professionnelles auprès de l’Agence France Presse. Avec Samir Frangié et Karim Pakradouni, ils se relayaient dans les permanences.
En 1985, la situation dans les régions Est s’étant gravement détériorée, sous la direction d’Elie Hobeika, membre du parti Kataëb proche de Damas, le commandement tient des réunions durant trois jours, au cours desquels des constantes ont été avancées, censées régler les problèmes interlibanais et les rapports libano-syriens; Michel Samaha rédige le texte d’une lettre qu’Elie Hobeika signe et remet aux Syriens.
Ce fut le célèbre accord tripartite, présenté au président Hafez el-Assad par de nombreuses personnalités partisanes ou politiques, qui déclencha une nouvelle phase de violence entre les membres d’une même famille.

Les liens avec la France
Ami de longue date de beaucoup de responsables politiques français, certains le soupçonnaient d’être un agent de Paris. Mais de telles accusations le laissent de marbre. Il avait établi des relations avec des responsables dans l’Etat français, qu’il avait connus dans leur jeunesse au temps de l’université, expliquait-il. Certains d’entre eux avaient même fait leurs études chez les Jésuites à Beyrouth. Il avait rencontré quelques-uns dans le cadre de l’Unesco et d’autres avaient été en poste au Liban.
Michel Samaha a contribué à améliorer les relations entre la France et la Syrie qui s’étaient gravement détériorées après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Il a activement participé au rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar el-Assad, parvenant à faire inviter le président syrien aux festivités du 14 juillet, en 2008.
Entre 2008 et début 2011, son principal contact en France était l’ancien ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, un des principaux collaborateurs de Nicolas Sarkozy. On dit qu’il aurait contribué à tisser des relations solides entre Guéant et le général Assef Chawkat, beau-frère de Bachar el-Assad, ancien chef des renseignements militaires et chef d’état-major adjoint, tué le 18 juillet dans un attentat à Damas.
Avant cette époque, ses relations avec Damas n’étaient pas aussi étroites que par le passé. Il s’y rendait encore très souvent mais il regrettait que les Syriens aient atténué leur amitié pour lui. Il subissait alors une traversée du désert en raison de son opposition très nette à Hariri. Les choses se sont rétablies par la suite et Michel Samaha est devenu un des principaux conseillers du président syrien.
(Réf. Extraits d’un portrait brossé par Magazine en 1998)

Ministre et député
Ministre de l’Information en 1992 dans le gouvernement de Rachid Solh, il remplace également Ahmad Minkara au ministère du Tourisme. Il est élu député grec-catholique du Metn au cours de la même année. Il conserve le portefeuille de l’Information dans le gouvernement de Rafic Hariri de 1992 à 1995 et s’oppose à la prorogation du mandat du président Elias Hraoui. Il passe dans l’opposition et se présente aux législatives de 1996 au Metn, mais échoue face au candidat soutenu par Michel Murr. En 2000, il essuie un nouvel échec aux élections. Il rallie plus tard le Mouvement du Renouveau Démocratique, fondé par Nassib Lahoud. A partir de 2002, il renoue avec les courants pro-syriens et il en est récompensé à travers sa nomination au ministère de l’Information en 2003, dans le gouvernement de Rafic Hariri. Enfin, récemment, il rejoint un regroupement de personnalités pro-syriennes, le Rassemblement national dirigé par l’ancien Premier ministre Omar Karamé.

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