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Nº 3090 du vendredi 1er juin 2018

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Etat des lieux. L’industrie de l’eau minérale au Liban

A cause du rationnement et de la mauvaise qualité présumée de l’eau potable, les Libanais achètent régulièrement de l’eau minérale embouteillée. Etat des lieux d’une industrie qui marche.

Alors que certains consommateurs ont installé des filtres à leurs robinets d’eau potable fournie par l’Etat, d’autres conjuguent leurs achats de bouteilles, bidons, galons à toutes les tailles. Selon l’institut de recherche britannique Euromonitor, spécialisé dans les études de marché, basé à Londres, la consommation d’eau en bouteille par habitant devrait augmenter à plus de 100 litres par an par personne d’ici fin 2018 au Liban. Pourtant, de nombreux observateurs considèrent le marché libanais comme proche de la saturation, en dépit de l’absence de statistiques fiables sur l’activité du secteur.
Avant d’être considérée comme potable, l’eau doit subir une soixantaine de tests sur les éléments majeurs et les polluants. Les offices qualifiés n’entreprennent, malheureusement, que les analyses des éléments majeurs faute de moyens. Le but du permis accordé par le ministère de la Santé à toute société d’eau reste d’obtenir une eau non polluée répondant à certains critères et respectant une assurance de qualité (ISO 9 000).
Le ministère de la Santé applique le décret 108 publié en 1983 qui régit l’exploitation de l’eau embouteillée qui est à la base de toute procédure de permis, sachant que le Liban est le pays qui consomme le plus d’eau embouteillée au Proche-Orient.
L’institution s’occupe également de tester les puits exploités au moins une à deux fois par an et le produit final une fois par mois, et ce sont les bouteilles de 350 ml, de 500 ml, d’un litre et demi et de 19 litres qui font l’objet d’inspections. En testant les puits, on s’assure que les égouts, les déchets de la municipalité, industriels ou hospitaliers n’ont pas pollué la source.  De son côté, le ministère de l’Industrie s’occupe des bouteilles des autres formats présents sur le marché. Ce n’est pas la même qualité qui est visée. L’eau est propre mais la technique de purification détruit certaines propriétés.

Qualité acceptable
Ceci dit, la qualité de l’eau partout au Liban est relativement acceptable sauf problème particulier. Aucune étude n’a prouvé que l’eau du robinet puisse se révéler toxique. La station de Dbayé est bien desservie et bien traitée. Ponctuellement, un problème de canalisation mal entretenu peut surgir mais il est vite réglé.
Là où l’eau arrive, elle est donc de qualité acceptable. Mais il y a des régions au Liban qui n’ont pas encore accès à l’eau potable.
Le rationnement, l’absence de branchement sur le réseau de canalisation et, parfois, la pollution, ont favorisé la naissance et le développement d’une industrie.
Nestlé Waters, la filiale de la multinationale suisse de l’agroalimentaire, spécialisée dans la distribution d’eau potable conditionnée en bouteille et en réservoir échangeable pour fontaine de distribution, domine le marché. Elle contrôle plus d’un quart de parts de marché selon la société, surtout après le rachat en 2001 de la Société des eaux minérales libanaises (SEML), qui exploite les sources de Sohat. La marque suisse est également présente sur le marché de l’eau purifiée et distribue en outre cinq autres marques étrangères d’eau minérale, plates ou gazeuses.
Elle n’est pas la seule. Hormis les géants du marché libanais comme Tannourine ou Rim, il y a 37 marques embouteillées d’eaux minérales certifiées saines par le ministère de la Santé. Il faut bien sûr vérifier que le label du ministère figure sur les bouteilles.
La société trentenaire Tannourine distribue chaque jour quelque 150 millions de litres d’eau minérale en bouteille ou en gallon au Liban, dans les pays arabes et en Australie. Fin 2014, Tannourine a augmenté ses capacités de production pour atteindre 31 500 bouteilles par heure en faisant appel à Sidel, l’un des fournisseurs mondiaux de solutions pour l’emballage de liquides alimentaires.
Rim ou la Compagnie de sources du Liban – qui distribue la marque Sannine – se partage le marché avec la marque Aquafina, une nouvelle filiale de Pepsico. Le marché local compte également des sociétés de taille plus modestes et au rayon d’action plus limité telles que Dana, Arz Water Company, ainsi que des distributeurs d’eau purifiée concentrés exclusivement sur le marché des bidons pour fontaine comme Aquablue.
«Les toutes petites bouteilles sont de plus en plus prisées par le consommateur qui tend à devenir plus individualiste. La petite bouteille d’eau à la main donne un air de santé et de modernisme, lié à l’idée d’une tenue urbaine sport chic raconte une jeune influenceuse de lifestyle. Pourtant, «le plus gros des achats dans les grands supermarchés reste le paquet de six bouteilles de deux litres», raconte le directeur d’un hypermarché leader au Liban. «Les petits prix rentrent dans le choix de ce format de bouteilles. Les Libanais pour le côté pratique et par habitude continuent à se fournir ainsi. La tendance à consommer de l’eau embouteillée se confirme année après année. L’augmentation est constante depuis dix ans. Les gens sont de plus en plus au courant de l’importance d’une consommation saine de l’eau. Ils savent que les bouteilles en plastique ne doivent pas être exposées au soleil et donc ils préfèrent s’approvisionner en grandes surfaces sachant qu’elles disposent de dépôts où l’eau est conservée à une bonne température ambiante.
La préférence va aux bouteilles en verre».

Micheline Abukhater

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