Magazine Le Mensuel

Nº 2849 du vendredi 15 juin 2012

Economie & Finances

Investissement Où en sont les placements du groupe Kharafi au Liban?

Un an après le décès du P.-D.G. du groupe koweïtien Mohammad Abdel-Mohsen el-Kharafi et Fils, Nasser el-Kharafi, connu pour son amour immense du Liban, notamment de sa montagne, où en sont les investissements de ce groupe au pays du Cèdre? Le groupe M. A. el-Kharafi est considéré comme l’un des piliers de l’économie du Koweït. Le jour de la disparition subite de Nasser el-Kharafi, emporté par une crise cardiaque foudroyante en avril 2011 dans une chambre d’hôtel du Caire à l’âge de 67 ans, l’indice de la bourse du Koweït a perdu en une journée 1%, tandis que les actions de l’opérateur Zain ont reculé de près de 5% et celles de la National Bank of Kuweït ont chuté de 1,7% (le groupe étant actionnaire, entre autres, dans les deux établissements).
Toutefois, la prise en charge du groupe par le frère de Nasser, Jassem el-Kharafi, président de l’Assemblée nationale koweïtienne, s’est effectuée en douceur, remettant rapidement les pendules à l’heure. Faut-il noter que non seulement les Koweïtiens et les Egyptiens (où le groupe a été à l’origine de la création de milliers d’emplois occupés par des locaux) ont fait le deuil de Nasser el-Kharafi, mais aussi les Libanais, notamment les habitants des villages de Sofar, Bhamdoun et Aley se sont associés à la douleur de la famille. Nasser el-Kharafi avait été le premier ressortissant koweïtien, à la fin de la guerre du Liban, à construire à Sofar une immense demeure où il résidait avec les membres de sa famille près de cinq mois l’an, encourageant ses concitoyens à suivre ses pas. Aujourd’hui, son empreinte est notoirement visible avec l’achèvement récent des travaux de Aley Mall Center, un projet immobilier polyvalent considéré comme le seul de cette catégorie dans cette région du Mont-Liban. Le coût du projet s’est élevé à environ 35 millions de dollars américains. Le chantier avait commencé en 2009 du vivant de Nasser el-Kharafi, alors que le Liban connaissait un boom immobilier sans pareil et que le monde entier souffrait des séquelles de la crise financière internationale. Bobyan Real State, une des filiales du groupe M. A. el-Kharafi, est la compagnie promotrice de Aley Mall Center. Celle-ci s’étend sur une parcelle de terrain de 26365 mètres carrés, dédiée principalement au marché de détail. L’un des responsables du projet affirme que «celui-ci permettra au groupe de mettre un pied dans une région à grand potentiel, d’autant que Aley Mall Center se trouve à l’entrée de Aley et se situe à proximité de l’autoroute internationale de Damas. Ce centre devrait constituer un hub pour les touristes en provenance de Syrie et de Jordanie, sans compter les ressortissants des pays du Golfe». Fransabank s’est déjà installée au rez-de-chaussée du centre.
Toutefois, le ralentissement que connaît le secteur de l’immobilier et les troubles dans les pays voisins du Liban ont jeté pour le moment leur ombre sur le mouvement des ventes. Pour ce qui est du parking de l’Aéroport international Rafic Hariri, le contrat de BOT, remporté par la filiale du groupe Lebanese Utilities Company s.a.r.l. laquelle est certifiée Iso 2000 depuis 1999, a pris sa vitesse de croisière après des débuts difficiles en raison de lacunes au niveau de la législation libanaise. Mais là où le bât blesse est le traitement réservé par les autorités libanaises à la filiale du groupe MAK Contracting en charge de la mainte-nance et de la gestion opérationnelle des équipements de l’Université libanaise à Hadeth. Après huit mois de retard en termes de versement des honoraires de la société par l’Etat, l’entreprise MAK Contracting est signifiée de l’impossibilité d’un renouvel-lement de son contrat, certains responsables au sein du gouvernement ayant décidé de lancer un appel d’offres dédié aux seules compagnies libanaises. Le personnel de MAK Contracting est composé de 500 employés libanais qui ont été notifiés de leur licenciement à la fin du mois en cours.

 

Consommateurs
La confiance au plus bas depuis 2006

L’instabilité sécuritaire a jeté son ombre sur les indicateurs économiques malgré les efforts du président de la République visant à calmer les tensions dans le pays. L’indice de la confiance des consommateurs (ICC), qui est le baromètre de la consommation interne et le support jusqu’à ce jour d’une croissance économique quoique modeste dans le pays, a enregistré le mois dernier un recul de 6,5% sur un an, soit à son plus bas niveau depuis 2006. Plus alarmant est le fait que l’indice CCI a régressé sur une base mensuelle de 8,86%. Ceci confirme en quelque sorte les conclusions d’une enquête menée par la société Ara’a, qui a souligné que 71% seulement des salariés ont obtenu l’augmentation de leurs honoraires, approuvée par le gouvernement après trois mois de polémique intense qui a entraîné la démission du ministre Charbel Nahas. Selon la même source, 83% des personnes interrogées sont affectées par la cherté de vie, notamment par la hausse du prix des carburants et des produits alimentaires. Cette tranche a indiqué que le réajustement des salaires n’a pas amélioré le budget des ménages. L’enquête réalisée sur un échantillon de 500 Libanais âgés de plus de 18 ans, répartis sur l’ensemble du territoire national et couvrant toutes les communautés religieuses, a eu lieu entre le 27 avril et le 4 mai 2012. Dans le même sillage s’inscrit la baisse de plus de 500 millions de dollars des revenus douaniers en 2012 par rapport à 2008.
Ceci dit, l’indice de cherté des prix (CPI) a progressé de 5,1% en mars 2012 sur un an, alors qu’il a augmenté de 2,8% au premier trimestre de l’année en cours et de 0,7% sur un mois, entre février et mars 2012. D’après l’Institut de recherches et de consultations (CRI), la progression de la cherté de vie depuis début 2012 et jusqu’à ce jour est attribuée à une hausse des prix de six articles: +7,1% en ce qui concerne les prix de produits divers et des services (à titre indicatif +12,4% des prix des bijoux et +5,7% des prix des voitures); +5,7% les prix des logements; +5% des prix des produits alimentaires et des boissons; + 2,7% des tarifs du transport et des services de télécom; et +1,6% des produits de consommation durable.
Dans ce contexte plutôt morose, l’Association des banques au Liban (ABL), dans une circulaire datée du 8 juin 2012, a demandé à ses membres d’abaisser le taux d’intérêt débiteur de référence de Beyrouth (livre/BBR) en livre de six points de base, soit un recul de 8,49%, à 8,43%, à partir du 1er  juillet 2012. Toutefois, l’ABL a recommandé le maintien du taux d’intérêt débiteur de référence de Beyrouth ($/BBR) à 5,73% en juillet. Le BBR n’est pas à confondre avec le taux d’intérêt créditeur préférentiel. Aussi est-il nécessaire de souligner que le taux d’intérêt moyen appliqué aux dépôts en livre a régressé à 5,42% en avril, de 5,46% en mars 2012 et de 5,64% en avril 2011. D’autre part, le taux d’intérêt moyen servi sur les dépôts en dollars s’est légèrement accru, enregistrant 2,84%.

 

Liliane Mokbel

 

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