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Nº 2856 du vendredi 3 août 2012

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Un 67ème anniversaire en solitaire? L’armée au cœur des enjeux

La troupe est la cible de virulentes attaques auxquelles son commandant Jean Kahwagi a fermement répondu. En ces temps de paralysie gouvernementale, de torpeur politique et de colère citoyenne, l’armée s’impose comme le dernier pilier de la cohésion nationale.

L’instabilité contagieuse de la Syrie a remis nos soldats au centre du jeu politique. Les violations de la frontière, l’utilisation politique de la situation syrienne et les dernières anicroches entre l’institution et les faucons de la communauté sunnite ont fini par faire sortir la Grande Muette de son silence. Depuis plusieurs jours, le député du Akkar, Mouïn Merhebi, multiplie les attaques contre l’institution militaire. Dernier exemple en date, un entretien accordé au quotidien koweïtien al-Jaridadans lequel il accuse «le Hezbollah et Michel Aoun de contrôler totalement la troupe, au point que celle-ci exécute leur sale boulot», ajoutant que le commandant en chef de l’armée «présente quotidiennement ses lettres de créances à la Syrie et à l’Iran». Le général Jean Kahwagi a décidé de répliquer à l’élu du peuple, jouissant par ses fonctions de l’immunité, en le poursuivant «devant les autorités compétentes» du Parlement. Embarquée dans des polémiques stériles, l’Armée a donc décidé de mettre les points sur les i.
A la veille de la fête de l’armée, son commandant a expliqué que «quelle que soit la situation en Syrie, l’Armée libanaise sera toujours prête à jouer son rôle et à assumer ses responsabilités nationales, conformément aux décisions prises par le pouvoir politique, dans le but de limiter les répercussions de la situation en Syrie sur le Liban, de protéger les populations qui habitent à la frontière et d’éviter de transposer la discorde à l’intérieur du territoire libanais». De plus, «l’armée empêchera de transformer le Liban en un champ de bataille où s’affronteront factions syriennes ou puissances régionales. Elle ne permettra pas la mise en place d’une zone tampon échappant à l’Etat». Un rappel des fondamentaux de la politique, conduite par la majorité, qui a pour but de sonner le glas des débordements politiques. Une façon également d’éviter les surenchères, de sortir des équations politiciennes et de ramener la troupe dans le cadre de son rôle premier, assurer la sécurité de la population qu’elle sert.
L’interception, samedi dernier, de la cellule terroriste à Rmeilé, par les services de renseignement de l’armée constitue un signal d’alarme. Selon les informations fournies par le commandement de l’armée, trois personnes ont été interpellées dans ce village du Chouf, en possession de grosses quantités d’armes dont certaines seraient de fabrication israélienne. Ont surtout été retrouvés des mines antipersonnel, des armes de première main, des grenades, des charges explosives et des composants électriques qui peuvent être utilisés pour la fabrication de bombes. L’un des hommes interpellés est concierge d’une école du village, un homme discret et peu disert; l’autre a habité le village de Ketermaya et y a travaillé comme forgeron. Un Palestinien habitant Saïda et un autre Libanais ont été arrêtés quelques heures plus tard. L’enquête et les interrogatoires sont en cours, mais la présence parmi eux d’un homme de confession chrétienne entraîne une question. Quels objectifs cette bande poursuivait-elle?
Au cours de l’une des réunions du Conseil des ministres qui ont eu lieu cette semaine, le président de la République a salué ces arrestations. Mais le gouvernement s’est surtout attelé à l’examen du projet de loi électorale, présenté, il y a plusieurs mois, par le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel. A une question sur les avancées du gouvernement sur cette question, son porte-parole, le ministre Walid Daouk, a expliqué qu’il y avait «des points sur lesquels il existe des divergences de vues et qui ont donc été ajournés, comme la proportionnelle et le nombre de circonscriptions». Les deux seuls sujets qui bloquent ont donc été reportés. Les travaux des partis chrétiens sur cette question, au sein de la commission mise en place par Bkerké, ont abouti à deux propositions, celle autour de la proportionnelle et l’autre sur proposition d’Elie Ferzli qui suggère que chaque communauté élise ses représentants.
Alors que les sit-in populaires et revendicatifs se multiplient, que le gouvernement fait le service minimum, l’armée fait montre de sa présence indispensable.

J. A-R.

 

Vibrant hommage de Sleiman
Extraits du discours prononcé mercredi à Fiyadieh par le chef de l’Etat.
«Malgré tous les bouleversements que traverse le Liban, l’armée est restée le seul garant de la nation, montrant loyauté et engagement, a dit le président Sleiman. Aujourd’hui, les changements survenus (dans la région) doivent nous pousser à améliorer notre pratique de la démocratie et renforcer notre position sur les plans régional et international».
«Il est désormais urgent de mettre au point une stratégie de défense basée sur l’Armée libanaise pour pouvoir affronter les plans de l’ennemi israélien contre le Liban, a ajouté le président Sleiman. L’armée ne peut accomplir sa mission sans un soutien populaire et logistique».
«Oui à la coexistence politique, non aux mini-Etats confessionnels qui vivent sur le compte de l’unité nationale. Oui à la distanciation du Liban de la politique des axes et des conflits régionaux, non à la distanciation du Liban de son environnement».

 

Une vidéo qui gêne
La chaîne panarabe al-Mayadin, dirigée par Ghassan Ben Jeddo, a diffusé une vidéo de l'enlèvement des deux soldats israéliens Ehoud Goldwasser et Eldad Réguev en juin 2006. On y voit des combattants de l’organisation en treillis franchir la frontière boisée entre Israël et le Liban et tirer sur un char israélien. L'image se fige quand ils arrivent près du véhicule d’où s'élève de la fumée. On ne voit aucune image des 2 soldats. Selon la chaîne, Imad Moughnieh, ex-chef d'état-major du Hezbollah éliminé par la suite, a couvert le retour des terroristes au Liban.
En Israël, l’état-major de l’armée et les parents des deux soldats expliquent que la diffusion des images est partie intégrante de la guerre psychologique qui oppose Israël au Hezbollah.

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