Magazine Le Mensuel

Nº 2864 du vendredi 28 septembre 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Le mystère de Benghazi
Les circonstances de l’attaque menée le 12 septembre contre le consulat américain à Benghazi n’ont toujours pas été élucidées. Les autorités américaines et libyennes ne sont pas d’accord sur le déroulement exact des événements. Mais une chose est claire: l’assaut était planifié d’avance et non pas spontané en réaction aux extraits du film islamophobe diffusés sur YouTube. Les assaillants ont pu pénétrer à l’intérieur de l’immeuble en usant de l’artillerie lourde, alors que la police et l’armée locale, supposées défendre l’immeuble, avaient pris la fuite. Ainsi, aucun assaillant n’a été blessé, alors que quatre Américains ont été tués sur-le-champ dans la confusion totale.

Juan Mendez a réussi l’impossible: convaincre Rabat de permettre à des observateurs internationaux de visiter les prisons marocaines au Sahara occidental. Ainsi, Mendez et l’équipe qui l’accompagnait, ont pu se rendre dans la sinistre prison d’Al-Kahel où, en novembre 2010, un massacre avait été perpétré par les autorités locales. L’émissaire des Nations unies en charge de la Commission des droits de l’homme a aussi pu s’entretenir avec de nombreux prisonniers qui lui ont raconté leurs souffrances et les supplices qu’ils ont subis dans les geôles marocaines. Et, cerise sur le gâteau, l’émissaire onusien a même pu s’entretenir avec des personnalités proches du Polisario.

Saleh indésirable à Washington
Ali Abdallah Saleh, l’ancien président yéménite qui a quitté le pouvoir sous la pression de la rue, vient d’essuyer une gifle assénée par Washington. L’ambassadeur des Etats-Unis à Sanaa a révélé que Saleh n’avait pas obtenu un visa pour l’Amérique, Washington refusant de le recevoir sur son territoire. Pourtant, l’ancien président avait quitté le pouvoir pour passer quelques semaines aux Etats-Unis l’année dernière, une visite pas très appréciée des organisations des droits de l’homme. Vu le rôle négatif joué par Saleh au pays du Qat, il est clair que les Américains ne souhaitent plus lui faire de cadeaux. Ainsi, il ne lui reste plus qu’à se tenir tranquille, sauf s’il veut que ses derniers jours ressemblent à ceux de Hosni Moubarak.

Attaque iranienne à… Washington
Les officiels américains sont formels: l’Iran a bel et bien lancé une attaque informatique ultrasophistiquée contre les banques américaines. Première victime: la Bank of America qui aurait, selon des sources à Washington, été attaquée par un organisme gouvernemental iranien. Les Iraniens, quant à eux, nient tout en bloc et affirment que des hackers, survoltés par la vidéo contre le prophète, voulaient se venger. Mais la technique utilisée laisse croire à un acte prémédité et bien préparé, vu la complexité de tout piratage des sites bancaires américains très sécurisés. La guerre secrète entre Téhéran et Washington n’est pas près de se terminer. Depuis de longs mois, les deux camps se livrent une bataille acharnée.

 

 

En pointillé
La communauté copte égyptienne, qui compte près de 12 millions de membres, est confrontée à des pressions sans précédent à la suite de la diffusion du film-brûlot sur le prophète Mahomet qui aurait été tourné par un des leurs, Nakoula Bassilieu Nakoula. Seule nuance, l’homme en question vit aux Etats-Unis depuis de longues années. Connu pour être proche des milieux néoconservateurs, il établit actuellement de très bons liens avec la droite israélienne. Ce n’est clairement pas la position de l’Eglise copte égyptienne qui refuse d’entrer en contact avec l’Etat hébreu. Une ligne dure imposée par le Pape Chenouda III depuis les accords de Camp David. Mais malgré cela, des fanatiques islamistes tentent de pointer du doigt la communauté toute entière sans distinction. Une attitude pour le moins déplorable.

 

 

 

 

 


Abbas perd son sang-froid
Le président palestinien Mahmoud Abbas, dont le mandat a expiré depuis de longs mois, se trouve dans une position très délicate. En effet, l’Egypte, le pays arabe le plus influent, traite avec le gouvernement du Hamas comme s’il était le représentant légitime du peuple palestinien. Ainsi, Khaled Mechaal et Ismaïl Haniyeh sont reçus avec les honneurs par le président de la République et le Premier ministre. Une situation insupportable pour Abbas qui a convoqué l’ambassadeur d’Egypte pour protester contre l’accueil officiel réservé à Haniyeh. Selon Abbas, la scène palestinienne très divisée ne peut pas tolérer de tels agissements. Il est clair qu’à Ramallah, on regrette l’ancien raïs Hosni Moubarak qui refusait de traiter avec le Hamas et voyait en Abou Mazen un ami intime.

 

 

Info ou intox?
A en croire les opposants au président syrien Bachar el-Assad, ce dernier serait prêt à utiliser des armes chimiques et biologiques si la confrontation avec les opposants armés devait tourner à leur avantage. C’est du moins ce qu’affirme le général Adnan Sillu, ancien responsable de l’arsenal chimique syrien, ayant fait défection il y a trois mois. Il faut dire que Damas avait déjà brandi cette menace par l’intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, qui avait prévenu qu’au cas où son pays était attaqué par des forces étrangères, ces armes seraient utilisées. Une première, puisque Damas n’avait jamais reconnu posséder de telles armes. Comme s’il ne manquait au bourbier syrien, qui a déjà provoqué la mort de près de 25 mille personnes, que l’utilisation d’armes non-conventionnelles!

 

 

 

 

 

 

 

La Libye un pays sans loi
Depuis la chute et l’assassinat du colonel libyen Mouammar Kadhafi, le pays de Omar el-Mokhtar fait face à une situation sécuritaire déplorable. Une grande partie du pays est hors du contrôle gouvernemental. Pour rendre la situation plus mauvaise, la police de Benghazi refuse désormais de se plier aux ordres du gouvernement. Ce développement survient au lendemain de l’attaque menée contre le consulat américain et à la suite de la décision du ministre de l’Intérieur de limoger deux chefs de police locaux. Or, faisant fi des ordres ministériels, les deux officiers continuent à occuper leurs postes comme si de rien n’était. Pire encore, le nouveau chef de la police, nommé par Tripoli, n’a pas pu entrer dans son nouveau bureau. La Libye post-Kadhafi ressemble beaucoup à la Jamahiriya d’hier, un vrai gâchis.

Les Ikhwan une milice?  
L’organisation des Frères musulmans, au pouvoir dans plusieurs pays de la région depuis le déclenchement du printemps arabe, semble avoir d’autres projets aux Emirats arabe unis. Ainsi, les autorités d’Abou Dhabi ont démantelé une cellule proche des Ikhwan qui tentait de renverser le pouvoir par la force, depuis la formation d’un groupe armé qui devait prendre le contrôle des institutions de l’Etat. Le parti Al-Islah, branche politique des Frères musulmans, bannie aux Emirats, aurait tout au long de l’année dernière mis en place une unité militaire composée de près de cent membres. Abou Dhabi, qui ne plaisante pas avec de telles tentatives, a réagi durement en condamnant soixante membres des Ikhwan à de longues peines de prison, allant même jusqu’à la peine de mort. Ça leur apprendra Ça leur apprendra à bien se tenir!

Hadi rencontre son parti
Le président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi, qui tente de jouer le rôle de conciliateur dans un pays qui fait face à une guerre civile et à une rébellion armée, a rencontré les membres de son parti pour la première fois depuis son élection. Or, le Parti du Congrès populaire général, au pouvoir depuis de longues années, n’est pas en bons termes avec le nouveau président considéré ingrat, puisque depuis sa nomination, des dizaines de cadres hauts cadres du parti ont été écartés des clés de l’Etat. Mais Hadi tente de calmer le jeu, assurant à ses anciens camarades qu’il était toujours un des leurs. Il a souligné que le poste de chef d’Etat le forçait à ne pas favoriser un parti au détriment d’un autre. Ceci marquera un changement au niveau des privilèges dont ils avaient joui pendant de longues années au sein de l’Etat. Pour sa part, le président dont le mandat prend fin l’année prochaine veut obtenir le plus fort soutien possible, anticipant une possible tentative de réélection.

1 milliard de dollars est le montant de l’aide que le président égyptien, Mohammad Morsi, a reçu pour son pays de la part de l’Union européenne. Cette aide survient à un moment très critique, les islamistes au pouvoir au pays des Pharaons faisant face à d’énormes pressions de la part de l’Administration de Barack Obama. Washington compte suspendre son assistance financière de plus de deux milliards de dollars annuellement, jusqu’à ce que les Frères musulmans démontrent qu’ils sont les amis de l’Occident et non ses pires ennemis. Mais Bruxelles, qui avait été poussée par Washington à prendre une position dure envers Morsi, ne semble pas avoir la même vision des choses, considérant les islamistes comme des alliés forts. Il n’est pas sûr que ce soit la meilleure façon de contrôler la montée des sentiments antioccidentaux dans les milieux intégristes.  

603 millions de dollars devront être déboursés par le ministère israélien de la Défense au profit de la société Elbit. Le projet vise à moderniser les avions de chasse israéliens et sera complété dans les trois années à venir. Vu les tensions grandissantes avec l’Iran et les menaces à peine voilées du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre Téhéran, Tel-Aviv a besoin de maintenir son armée de l’air prête au cas où le gouvernement d’extrême-droite décidait d’attaquer les sites nucléaires iraniens. Un sujet qui fâche Washington, le président Obama, préoccupé par les élections présidentielles ne voulant pas entendre parler d’attaques pour le moment. Bibi, qui n’a jamais entretenu de bonnes relations avec l’hôte de la Maison-Blanche, l’accuse de manquer de moralité. Du jamais vu entre les Etats-Unis et Israël, deux pays supposés être les meilleurs amis du monde.

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