Magazine Le Mensuel

Nº 2880 du vendredi 18 janvier 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Peres se démarque
Le président israélien Shimon Peres n’a jamais caché ses différends avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Dernier épisode en date, les déclarations par lesquelles Peres considère que le président palestinien, Mahmoud Abbas, est un vrai partenaire pour la paix. Selon lui, les services de sécurité palestiniens ont toujours étroitement collaboré avec le Shabak et le Mossad afin d’empêcher toute attaque suicide contre Israël. De plus, le père du projet nucléaire israélien a reconnu que son pays était responsable de la mort de Yasser Arafat, affirmant: «On n’aurait pas dû assassiner Arafat». Bibi n’apprécie sûrement pas ces propos.      

Mohammad el-Kilani député salafiste libyen, membre de l’Assemblée constituante, a estimé qu’il n’était plus acceptable que les hommes et les femmes se côtoient dans les écoles, les universités ou même les institutions étatiques. Originaire de la ville d’al-Zawiya, connue pour être un des bastions forts du radicalisme islamique libyen, il s’est adressé à ses collègues femmes, membres du même Conseil, pour les prévenir qu’à l’avenir, il ne tolérerait plus qu’elles participent aux séances parlementaires maquillées et dans des tenues inappropriées. Ces propos, qui auraient dû choquer, sont cependant passés inaperçus. Même Mohammad el-Megariaf, le président du Conseil, n’a pas trouvé nécessaire de commenter ces menaces. Le pays d’Omar el-Mokhtar a bien changé, puisque les femmes semblent avoir perdu, suite à la révolution libyenne, la plus grande partie de leurs acquis.        

Oussama el-Noujeifi le chef du Parlement irakien, a démontré, à l’occasion de l’actuelle crise politique que traverse son pays, qu’il était à la hauteur de la situation. En effet, les menaces à peine voilées qui lui sont adressées par les proches du Premier ministre Nouri el-Maliki ne l’ont pas fait fléchir et il a tenu à appeler à une séance parlementaire pour discuter de la grogne populaire dans les régions sunnites, notamment dans la province d’al-Anbar. En représailles, Maliki menace de le démettre de son poste, car selon le Premier ministre, le chef du Parlement a perdu sa neutralité.       

A nous l’Afrique
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui n’a jamais caché son ambition de voir son pays jouer un rôle primordial sur la scène internationale, tente de faire une percée en Afrique. Ainsi, après sa visite l’année dernière en Somalie, il a confirmé le grand intérêt qu’il porte au Continent noir. Ceci expliquerait le fait que durant les trois dernières années, Ankara a inauguré dix-neuf nouvelles ambassades en Afrique. Face à la guerre qui déchire le Mali, Erdogan a proposé l’envoi de plusieurs centaines de soldats turcs pour mettre fin à l’avancée d’Aqmi. Une proposition qui n’a pas été bien accueillie à Paris. La France a décidé d’exclure la Turquie de la force internationale déployée sur le terrain.               

 

 

 

En pointillé…
Les déclarations du leader islamiste égyptien Issam el-Aryane, un des plus influents conseillers du président Mohammad Morsi, concernant le retour des juifs en Egypte, ont surpris. En effet, les analystes s’attendaient à ce que le Dr Aryane nie avoir tenu de tels propos, mais ce fut l’inverse, puisque selon lui «le seul moyen de libérer la Palestine serait d’encourager le retour des juifs dans leurs pays d’origine». Cet appel n’a cependant pas plu aux alliés des Frères musulmans, les salafistes, qui non seulement refusent le retour des juifs, mais aussi appellent au départ des Coptes. Entre-temps, des Frères musulmans égyptiens se sont fait entendre pour  demander que Aryane cesse de faire des déclarations embarrassantes pour la confrérie et ses sympathisants.               
 

 

 

 

 

 

Rafsandjani… un «raté»
L’ancien président iranien, Hachémi Rafsandjani, proche du camp réformateur, est la cible des conservateurs depuis plusieurs jours. Son délit? Avoir osé demander que les prochaines élections présidentielles soient transparentes et démocratiques, en allusion à l’élection chaotique de Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait provoqué l’explosion de protestations populaires dans la rue pendant de longs mois. Or, le Guide suprême Ali Khamenei s’est moqué de ceux qui «prétendent savoir mieux que nous comment gérer les intérêts de la République islamique». Quant à Ahmad Jannati, le tout-puissant président du Conseil des Gardiens de la Constitution, il a lancé une attaque sans précédent contre l’ancien compagnon de Khomeiny, l’accusant notamment d’être un raté qui n’a plus rien à perdre et qui joue son va-tout pour assurer la chute du régime. Décidément, les élections de juin 2013 promettent d’être organisées dans un climat très tendu.           

 

Un gendre corrompu
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Rafik Abdessalam, doit sa nomination à son poste à son lien de parenté avec le chef du mouvement islamiste Ennahda, cheikh Rached el-Ghannouchi. Abdessalam est, en effet, le gendre du cheikh et ce népotisme, qui rappelle celui du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, n’a pas vraiment offusqué les sympathisants d’Ennahda. Mais voilà, l’activiste Olfa el-Riahi, bloggeuse connue dans son pays, vient d’accuser le chef de la diplomatie d’entretenir des relations extraconjugales, avant d’ajouter que le gendre était corrompu jusqu’aux oreilles puisqu’il venait de toucher un million de dollars d’une compagnie chinoise. Stupeur à Tunis et embarras dans l’entourage de Ghannouchi, qui n’a pas tardé à mettre les points sur les i: Riahi est accusée de diffamation et interdite de voyage. Vive la révolution!            

 

Une visite qui embarrasse
La visite effectuée en toute discrétion par le chef des Brigades Qods, le général Qassem Soleimani au Caire, a créé des remous au Pays des Pharaons. Le très influent général iranien, qui joue un rôle prépondérant sur les scènes irakienne, syrienne et libanaise, représente en quelque sorte un ministre bis des Affaires étrangères. Mais sa compagnie gêne car il est considéré par Riyad comme l’ennemi numéro un. A la suite des fuites rapportées par les médias sur une rencontre entre le général et le conseiller du président Mohammad Morsi, Issam el-Haddad, la présidence a démenti cette information que, pourtant, des sources du ministère de l’Intérieur au Caire ont confirmée. Or, l’ancien ministre de l’Intérieur, le général Ahmad Gamaleddin, n’avait pas été au courant du passage de Soleimani. Quelques jours plus tard, le ministre, qui avait réagi violemment à cette insulte, a été limogé. Tout est bien qui finit bien.               

 

La tête de Feierstein est mise à prix
L’ambassadeur américain à Sanaa, Gerald Feierstein, est visé personnellement par l’organisation al-Qaïda, une prime de 3000 grammes d’or est offerte pour sa tête. L’organisation al-Jihad dans la Péninsule arabique a ainsi incité ses sympathisants à éliminer le représentant de l’Oncle Sam qui, selon elle, est responsable de la mort de dizaines de Yéménites. «Ce juif doit payer pour ses crimes et il le fera», a-t-elle déclaré. L’Administration du président Barack Obama a intensifié au cours des quatre dernières années les attaques de drones contre des membres d’al-Qaïda entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes, dont une grande partie de civils. Les disciples de Ben Laden ont aussi offert une prime de 25000 dollars à toute personne qui tuerait un soldat américain. 2013 s’annonce très sanglante au pays du Qat.          

 

Bachir et Kiir dans le même bateau
Pour la première fois, depuis de longues années, les leaders du Sud et du Nord soudanais se trouvent sur la même longueur d’onde. Ceci est dû au fait que les présidents Omar Hassan el-Bachir et Salva Kiir Mayardit semblent ne pas vouloir respecter l’accord signé, trois mois plus tôt à Addis-Abeba, sous l’égide de l’Union africaine. Les deux camps avaient alors fait de grandes concessions afin de mettre fin aux immenses pressions internationales qu’ils subissaient. Mais à leur retour dans leurs pays respectifs, ils ont fait face à une farouche opposition de la part de leurs proches qui les ont accusés de trahison. Or, l’état de santé de Bachir ne lui permet pas de mener bataille contre son propre camp, tandis que Salva Kiir est confronté à l’armée qui a déployé ses blindés à travers Juba pour rappeler au président qui détenait réellement le pouvoir. La paix entre le Nord et le Sud a encore un long chemin à parcourir, vu que les fanatiques dans les deux pays semblent toujours mener la danse.             

 

260 millions de dollars ont été attribués par le Koweït au royaume jordanien pour l’aider à surmonter ses grandes difficultés économiques. En effet, le roi Abdallah Ibn el-Hussein fait face, depuis près d’un an, à une grogne populaire sans précédent, menée par l’opposition islamiste qui accuse le Palais de corruption et demande que des réformes constitutionnelles soient introduites. Les islamistes jordaniens voudraient instaurer une monarchie constitutionnelle semblable à celle du Maroc, au sein de laquelle le roi tiendrait un rôle symbolique. Mais vu le clivage entre Jordaniens d’origine palestinienne et les puissantes tribus, de tels changements joueraient au profit des premiers. C’est un scénario inadmissible pour la famille au pouvoir, prête à tout pour maintenir le statu quo. Mais pour cela, il faudrait que les autres pays du Golfe suivent l’exemple du Koweït et courent à l’aide du roi Abdallah, allié de l’Occident et des monarchies de la région. Feuilleton à suivre.        

 

5 millions de dollars est le montant des compensations financières versées par une compagnie américaine aux détenus de la prison d’Abou Ghreib, qui avaient subi des mauvais traitements par leurs geôliers. La compagnie de sécurité américaine qui était chargée de la gérance des prisons irakiennes, avait mené des négociations très difficiles auprès de 72 victimes pour obtenir l’abandon de leurs plaintes devant les tribunaux américains. Le Pentagone, quant à lui, est resté à l’écart, bien que ce soient des soldats américains qui avaient torturé et humilié des dizaines de prisonniers irakiens, dont la plupart n’avaient commis aucun crime sinon se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. La guerre de George W. Bush continue de hanter l’Oncle Sam dix après l’invasion de Bagdad et la chute du dictateur irakien Saddam Hussein et de son régime.

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