Magazine Le Mensuel

Nº 2887 du vendredi 8 mars 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Mahmoudi en danger de mort
Le dernier Premier ministre de Mouammar Kadhafi, Baghdadi el-Mahmoudi, avait pris la fuite quelques jours avant la chute du régime de la Jamahiriya pour se réfugier en Tunisie où il pensait être à l’abri des rebelles. C’était sans compter sur la détermination de ces derniers, prêts à tout pour mettre la main sur l’ancien confident du colonel. Tunis a succombé à la très généreuse offre financière proposée par Tripoli, en échange de l’expulsion de Mahmoudi. Ainsi, neuf mois après cette transaction jugée inhumaine par les associations de défense des droits de l’homme, le septuagénaire serait en danger de mort, car malgré son âge, il subirait des tortures quotidiennes à l’intérieur des prisons libyennes. Son avocat tunisien, Mabrouk Korchid, a donc appelé la communauté internationale à intervenir sans tarder pour sauver la vie de son client. Un appel à l’aide qui demeure sans réponse. 

   

Poète qatari sous les verrous
Mohammad Rached el-Ajami, condamné en novembre 2012 à la prison à perpétuité pour avoir osé critiquer dans un poème l’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, semble avoir bénéficié de la «générosité» de celui qu’il pourfendait. Un juge vient en effet de réduire sa peine à quinze ans de prison. Le régime qatari, qui soutient la démocratie à travers le monde arabe, n’applique pas les principes de justice et d’égalité dans son propre pays. Il faut rappeler que le procès expéditif à huis clos de Ajami n’avait duré que 48 heures, en l’absence de son avocat. Cette attitude de Doha avait été vivement condamnée par les organismes de défense des droits de l’homme.

 

Le Hezbollah irakien menace!  
Le chef de l’Armée Al-Mokhtar en Irak, Wathek el-Batat, s’est moqué publiquement du mandat d’arrêt émis contre lui par les autorités irakiennes qui l’accusent d’avoir formé une milice armée. Selon le leader du Parti de Dieu irakien, il ne dirigerait pas une milice, mais plutôt une armée de plus d’un million d’hommes prêts à intervenir à n’importe quel moment pour sauver le pays des Rafidain de toutes les ambitions saoudiennes ou turques. Batat, qui réside dans la ville sainte d’al-Najaf, a défié le Premier ministre, Nouri el-Maliki, en l’appelant à appliquer le mandat si tant est qu’il puisse le faire. Autre menace adressée cette fois à la minorité sunnite: ne vous laissez pas influencer par les idées baasistes ou les idées jihadistes d’al-Qaïda, sous peine de le payer très cher. Il interpella aussi la communauté kurde qui aurait, selon lui, des idées expansionnistes!   

Manouchehr Mottaki ancien ministre iranien des Affaires étrangères, était tombé en disgrâce auprès du président Mahmoud Ahmadinejad qui l’avait considéré trop proche de son principal rival, le président du Conseil consultatif (Parlement), Ali Larijani. Or, Mottaki vient de créer la surprise en annonçant son intention de briguer la première magistrature lors des élections présidentielles, prévues en juin prochain, face au candidat jugé favori… Ali Larijani. Cette annonce lance pratiquement la campagne présidentielle, Mottaki étant le premier candidat officiel. Mais ce n’est pas chose acquise, puisqu’il lui faudra obtenir le feu vert du Conseil des gardiens de la Constitution.

 

Yahia Mohammad Abdallah Saleh général au sein des Forces spéciales yéménites, n’est autre que le neveu de l’ancien président, Ali Abdallah Saleh. Il était considéré comme l’une des figures les plus puissantes du Pays du Qat. Mais après la démission forcée de son oncle, il avait perdu sa cote avant d’être renvoyé de l’armée par décision du président intérimaire Abd Rabbo Mansour Hadi. Le neveu n’a pas du tout apprécié le traitement qui lui a été infligé et riposta par une série d’attentats à la voiture piégée à travers le pays. Son implication dans ces activités terroristes a poussé la justice de son pays à l’interroger sur ce sujet. Mais le général a refusé de se présenter devant la Cour. Réponse du berger à la bergère, le juge a décidé de confisquer tous ses biens et lui a interdit de quitter le pays jusqu’à nouvel ordre.

En pointillé…
Les mouvements palestiniens, Fateh et Hamas, ne semblent guère sur le point de se réconcilier car, ironie de l’histoire, une réunion tenue à Ramallah afin de soutenir le processus de réconciliation nationale s’est transformée en une bataille générale. En effet, le dialogue engagé entre le leader du Fateh, Azzam el-Ahmad, et celui du Hamas, Aziz Doueik, a débordé quand ce dernier a exigé que la police palestinienne arrête de harceler les membres du Hamas en Cisjordanie. Cette remarque n’a nullement été appréciée par les membres du Fateh qui ont accusé les islamistes de mensonge et de lâcheté. Résultat, les deux camps en sont arrivés aux mains avant que les représentants du Hamas ne quittent la salle de réunion en signe de protestation. De toute évidence, la réconciliation n’est pas pour bientôt!     

Le président a une idée ingénieuse
Le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, qui vient d’être élu à son poste, a eu une idée ingénieuse: pardonner aux pirates de la mer. Cette main tendue aux trafiquants et kidnappeurs, qui sèment la peur le long des côtes de la mer Rouge depuis plusieurs années, pourrait selon lui mettre fin à leurs activités. Enfonçant le clou, il a même avoué avoir déjà lancé des discussions avec les pirates sur un possible pardon en échange de leur retour à la vie civile. Ce projet ambitieux semble avoir très peu de chance de succès, puisque les forces armées somaliennes contrôlent à peine la zone autour du palais présidentiel et le pays est sous l’emprise de milices armées qui imposent leur loi sur la population locale. C’est ce qui expliquerait probablement le silence des gouvernements internationaux devant cette proposition plus bizarre qu’indécente.    

Damas sanctionne Qassem  
Le régime du président syrien, Bachar el-Assad, qui mène une guerre sans merci contre ses opposants sur tous les fronts, semble avoir trouvé un nouvel ennemi: Fayçal el-Qassem. Le journaliste d’origine syrienne, très controversé, était pourtant un partisan du régime baasiste avant l’éclatement de la révolte populaire, en mars 2011. Mais les temps ont changé et Qassem, né dans la province druze de Soueida, inciterait selon les autorités les membres de sa communauté à porter les armes contre le régime Assad. C’est ce qui aurait précipité la décision du ministère des Finances de confisquer tous ses biens au Pays des Omeyades et d’émettre un mandat d’arrêt contre lui. Il n’est pas sûr que cette décision affecte vraiment le journaliste qui vit depuis de longues années à Doha.   

 

Alger accuse Rabat
Les relations entre les voisins algériens et marocains n’ont jamais été au beau fixe, plusieurs malentendus ayant rendu toute entente quasi impossible. Alors que les observateurs espéraient que la crise malienne mettrait un terme à cette discorde, une nouvelle dispute est intervenue. Le Premier ministre marocain, Abdel-Ilah Benkirane, a jugé que la crise sahraouie ne représentait pas un sujet bilatéral avec Alger, mais plutôt un problème qui devrait être résolu avec l’aide des Nations unies et sans l’implication de l’Algérie. Fureur dans le pays du million de martyrs, qui insiste pour que toute résolution du problème sahraoui passe d’abord par lui. Voilà pourquoi le ministère algérien des Affaires étrangères a considéré que «Benkirane a une perception très simpliste et superficielle de la situation au Maghreb». Le nouvel homme fort de Rabat n’a pas apprécié, rétorquant à sa façon: «Si la France et l’Algérie s’étaient accordées, il n’y aurait pas eu guerre au Mali». Entre Alger et Rabat, c’est un pas en avant, trois pas en arrière.     

Opposition bannie au Soudan
Le régime autoritaire du président soudanais Omar Hassan el-Bachir ne se couvre plus la face, puisque désormais, tous les partis d’opposition seront bannis. Le général devenu président a précisé à ce sujet que «jamais le Soudan ne sera gouverné par un traître, un mercenaire et un possédé». Une allusion à peine voilée aux principaux chefs de l’opposition qui avaient commis l’irréparable aux yeux de Khartoum: signer un accord avec les rebelles du Darfour et du Sud Kordofan. Le pouvoir, qui a ordonné la dissolution de tous les partis politiques, menace même d’émettre des mandats d’arrêt internationaux contre les leaders de l’opposition qui avaient pris la fuite lors des dernières semaines. Ces menaces n’ont cependant pas intimidé le nouveau front d’opposition qui a promis de maintenir le combat pacifiste, même si cela devait se faire clandestinement.  

10600 détenus irakiens ont été relâchés en un mois par la justice à la suite d’une recommandation du Premier ministre Nouri el-Maliki. L’écrasante majorité d’entre eux sont des sunnites, une appartenance qui leur a valu de longues années de détention non justifiée dans les geôles irakiennes. Mais face à la révolte grandissante dans les provinces ouest du pays, Maliki a dû faire un geste d’apaisement en ordonnant aux juges d’agir rapidement. Résultat, une mascarade juridique a débouché sur la libération de quelques milliers de personnes qui n’ont jamais compris pourquoi elles avaient été arrêtées, ni d’ailleurs relâchées. Loin d’être satisfaites, les organisations des droits de l’homme se sont indignées devant le contrôle total de l’Exécutif sur le pouvoir juridique, ramenant ainsi l’Irak à la sombre époque du régime de Saddam Hussein lorsque le seul désir du dictateur suffisait à mettre fin à une vie sans recours à un jugement. Maliki devrait faire très attention pour ne pas subir le sort de son prédécesseur.     

500 millions de dollars d’aide financière ont été accordés par les Emirats arabes unis, pays riche en pétrole, à son voisin le sultanat d’Oman. Les deux Etats, membres du Conseil de Coopération du Golfe, n’ont pourtant pas entretenu les meilleures relations. Mascate avait démasqué en 2011 une cellule d’espionnage émiratie, ce qui avait déclenché la fureur du sultan Qaboos Bin Said el Said, qui avait menacé de rompre les relations bilatérales avec Abou Dhabi. Ont suivi des mois de tension jusqu’à l’intervention de l’émir du Koweït, qui a mis fin à ce malentendu. Depuis, les Emiratis ont tout fait pour se faire pardonner. Face à la grogne sociale qui secoue le sultanat, le cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahyan a répondu présent en ordonnant à son gouvernement de transférer en urgence un demi-milliard de dollars pour permettre la relance de l’économie omanie qui peine à faire face à la crise financière internationale.

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