Magazine Le Mensuel

Nº 2863 du vendredi 21 septembre 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Après l’armée, la télévision
Après l’information rapportée la semaine dernière par Magazine concernant l’autorisation accordée aux officiers de la police égyptienne et de l’armée de laisser pousser leurs barbes, le président très islamiste Mohammad Morsi a fait tomber un nouveau tabou. Il a autorisé les présentatrices voilées à occuper l’avant-plan du petit écran. Résultat, toutes les chaînes contrôlées par l’Etat embaucheront des speakerines voilées pour prouver que le régime de Hosni Moubarak et ses interdits appartiennent au passé et que les Ikhwan, désormais au pouvoir au pays des Pharaons, ne reculent devant rien et sont prêts à tout pour imposer leurs idées.

Qotbi el-Mehdi, leader du Congrès national, le parti au pouvoir au Soudan, s’est démarqué en disant tout haut ce qu’un grand nombre de ses camarades pensent tout bas: le gouvernement actuel ne sert plus à grand chose. Ainsi, el-Mehdi a souligné qu’il est nécessaire de former en toute urgence un gouvernement d’union nationale pour faire face aux nombreux défis auxquels son pays est confronté. Ces déclarations n’ont pas plu aux proches du président Omar Hassan el-Bachir qui les ont désavouées sur-le-champ, assurant que Qotbi exprimait ainsi son opinion personnelle, que le parti au pouvoir ne partageait pas.

Saïf el-Islam le fils favori de l’ancien leader libyen Mouammar Kadhafi, dont le procès vient d’être ajourné de cinq mois, semble avoir tissé des liens privilégiés avec un grand nombre d’officiels et d’hommes d’affaires israéliens ces quinze dernières années. La surprise fut encore plus grande quand il s’est avéré que l’ancien dauphin avait, entre autres, une maîtresse israélienne. En effet, le top-modèle qu’est la très séduisante Orli Weizman a formé un comité de défense en faveur de Saïf el-Islam. La jeune femme a affirmé: «Il n’était pas seulement généreux avec moi, mais prenait aussi soin de beaucoup de gens autour de moi. La communauté internationale l’a abandonné, pourtant il mérite d’avoir un procès équitable». Il n’est pas sûr que ses appels aient l’effet escompté en Libye, plus précisément dans la ville de Zentan, où Kadhafi fils est détenu par une milice islamiste locale.

Hamad change d’humeur
L’émir Hamad Bin Khalifa Al Thani, connu pour accueillir chez lui aussi bien les opposants arabes que les exilés fiscaux, vient de donner l’ordre d’expulser de la principauté le gendre du président tunisien déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, Sakhr el-Materi. Ce dernier, accusé d’être impliqué dans un grand nombre d’affaires douteuses, est recherché par les nouvelles autorités de Tunis. Ce changement d’humeur est dû à la requête présentée par le président Moncef el-Marzouki à l’émir, le priant d’extrader le gendre réclamé par Tunis. On ne sait pas encore si Hamad le remettra aux autorités tunisiennes ou s’il se contentera de l’expulser du pays. Feuilleton à suivre.

 

 

 

 

En pointillé
Les islamistes au pouvoir au Maroc ne supportent plus le rôle joué par un nombre important de conseillers du roi Mohammad VI. Selon eux, ces derniers sont corrompus et doivent céder la place pour que le programme gouvernemental anti-corruption puisse porter ses fruits. Ce n’est pas l’avis du Premier ministre qui considère qu’il vaut mieux regarder vers l’avenir et tourner la page. Mais les membres de son parti ne partagent pas son opinion et souhaitent voir Mohammad Almajedi et Fouad Ali Alhema traduits en justice, même s’ils ne sont pas considérés comme les deux plus puissants conseillers du souverain auxquels il accorde sa confiance absolue. Benkirane, critiqué au sein de son propre mouvement, est aussi la cible des reproches émanant d’autres groupements islamistes et de gauche qui considèrent que la politique de l’autruche adoptée par le Premier ministre ne mènera nulle part.

 

 

 


Moussavi va mal
Le leader de l’opposition iranienne, Mir-Hussein Moussavi, qui avait osé s’opposer au président Mahmoud Ahmedinejad lors des dernières élections présidentielles, et qui avait été sanctionné par assignation à résidence surveillée, vient de quitter l’hôpital. Le leader de la vague verte, qui souffre d’un problème cardiaque, avait dû être transporté aux urgences. Un déplacement qui n’est pas passé inaperçu, des dizaines de policiers et de Gardiens de la révolution ayant encerclé l’hôpital, empêchant quiconque de passer. Depuis, son état de santé s’est quelque peu amélioré et il a été reconduit chez lui avec sa femme Zahra Zahroud. Toutefois, l’un des conseillers de Moussavi a noté que son patron aurait pu perdre la vie, les autorités iraniennes ayant traîné avant de le transporter à l’hôpital où ils ont pris le temps d’installer des caméras de surveillance.

 

 

 

Belkhadem seul contre tous
Le secrétaire général du Front de libération national (FLN), Abdelaziz Belkhadem, est connu pour son don de se créer de nouveaux ennemis. Combattu par les membres de son propre parti, il devait sa position au soutien infaillible du président Abdelaziz Bouteflika. Or, dans le dernier remaniement ministériel, Belkhadem a perdu son poste de ministre d’Etat. Les observateurs estiment que l’ancien homme fort d’Alger a perdu les faveurs du chef de l’Etat, qui n’apprécie pas les aspirations présidentielles du secrétaire général, et qu’à force d’insister, les généraux de l’armée ont poussé Bouteflika à lâcher son protégé. Résultat, les détracteurs de ce dernier au sein du FLN s’activent à nouveau pour le remplacer et mettre fin à sa carrière politique. Belkhadem devra faire face à une rentrée très mouvementée, mais cette fois-ci il sera tout seul.

Le temps des réformes est révolu
L’appui accordé par le Premier ministre irakien, Nouri el-Maliki, au régime baassiste de Damas depuis le début de la révolte populaire, intrigue les observateurs, car ses relations avec le président syrien Bachar al-Assad étaient au plus bas. Mais le dirigeant irakien a choisi de soutenir son ennemi d’hier contre vents et marées, bien que le sujet divise beaucoup au pays des deux fleuves. D’ailleurs, les dirigeants du parti du Premier ministre défendent publiquement et sans gêne le président Assad, tout en assurant que le temps des réformes était dépassé puisque la Syrie fait face à un complot mondial. Des sources à Bagdad ont noté à ce sujet que Maliki n’agissait pas de bon gré mais sous les pressions iraniennes qui pèsent sur lui. Téhéran ne peut pas se permettre de perdre son allié à Damas et a fait savoir au Premier ministre irakien qu’au cas où Bachar venait à tomber, son tour pourrait aussi venir.

Une affaire pas très propre
La décision prise par les autorités mauritaniennes d’extrader vers la Libye le gendre et le chef des services de renseignement du colonel Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, n’est pas passée inaperçue. Des rumeurs circulent sur d’énormes pots-de-vin qui auraient été versés aux proches du président mauritanien, le général Mohammad Ould Abdelaziz, pour que ce dernier donne son feu vert à l’extradition. Les partis d’opposition se sont mobilisés, demandant l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Ils qualifient la décision présidentielle de «répugnante et portant atteinte à l’honneur du pays.» Les opposants ont noté que les dirigeants avaient traité cette question d’une façon qui rappelait celle des mafiosos. Le général au pouvoir nie, quant à lui, le paiement d’un milliard de dollars en échange de l’extradition de Senoussi.

Nour est de retour
La dernière épouse du roi Hussein de Jordanie, qui vit actuellement entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a exprimé sa solidarité avec les internautes jordaniens qui se sont révoltés contre la nouvelle loi par laquelle le gouvernement peut contrôler les réseaux sociaux. Les syndicats qui avaient appelé à une journée noire ont ainsi reçu l’appui inattendu de l’ancienne reine, qui a demandé au gouvernement de retirer son projet sans tarder car il porte atteinte aux libertés individuelles. Il faut souligner que le gouvernement actuel ne rate pas une occasion de tenter d’étouffer encore plus l’espace de liberté au royaume hachémite, au moment même où le monde arabe réussit à surmonter de longues années de dictature et d’oppression. C’est la première intervention de la reine Nour depuis plus de dix ans dans une affaire jordanienne interne. Rania, épouse du monarque actuel, très impopulaire, contrairement à Nour, est ainsi prévenue.

3,2 millions de dollars est le montant perdu en une seule nuit par Mansour el-Barzani, fils du président Massoud de la province irakienne semi-indépendante du Kurdistan, dans un casino aux Emirats arabes unis. En charge d’une unité militaire spéciale qui persécute et arrête les opposants, le fils Barzani avait acheté l’année dernière une villa aux Etats-Unis, estimée à plus de dix millions de dollars. Entre-temps, l’Irak est pointé du doigt comme étant un des pays les plus corrompus au monde et la province kurde ne fait pas exception. Massoud el-Barazni, leader rebelle sous le règne de Saddam Hussein, est soupçonné d’implication dans un grand nombre de trafics et de contrebandes afin de financer sa milice armée. Mais bien que Barzani se soit forgé une image d’homme d’Etat, ses fils ne semblent pas suivre ses pas.

26 universités iraniennes viennent de prendre la décision de priver les jeunes femmes de participer à certains programmes éducatifs. Désormais, ces secteurs seront réservés aux étudiants mâles qui bénéficieront de tous les privilèges. La lauréate Nobel de paix, l’iranienne Shirine Abadi, a relevé que le but était de réduire le pourcentage des étudiantes, qui dépasse actuellement les 65%. Elle a ajouté: «Ils veulent affaiblir au maximum les mouvements féministes.» Résultat, les jeunes filles ne pourront plus, par exemple, faire des études en littérature anglaise, en traduction ou même en informatique. Face aux réactions dures des associations féminines, le ministre de l’Enseignement supérieur a assuré que le but était d’équilibrer la parité hommes-femmes et non de punir les jeunes filles. Mais ces déclarations n’ont rassuré personne et les observateurs craignent que le gouvernement ne décide de priver ces dernières d’un certain nombre de postes au sein des institutions de l’Etat.

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