Magazine Le Mensuel

Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Bouteflika ne peut plus voyager
L’état de santé du président algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, se dégrade de jour en jour et rend impossible tout déplacement à l’étranger. Son absence du sommet arabe de Doha n’est pas passée inaperçue. Il a dû également annuler sa visite en Chine qui avait été annoncée il y a longtemps. Des observateurs ont noté que depuis son déplacement du 14 janvier 2012 à Tunis, Bouteflika n’avait plus quitté son palais, sauf pour accueillir à l’aéroport les rares chefs d’Etat qui prennent la peine de visiter le pays d’un million de martyrs. Dans ces conditions, il est presque impossible d’imaginer une nouvelle candidature en 2014 pour le président malade. Affaire à suivre.
       

Un islamiste en Israël!
Alors que le gouvernement du Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane s’efforce de mettre un terme aux relations privilégiées entre Rabat et Tel-Aviv, un membre du gouvernement du parti islamiste au pouvoir a porté un coup dur à ses démarches. Younès el-Aynaoui, conseiller du ministre de la Jeunesse et des Sports, a passé une semaine en Israël pour participer à des entraînements au tennis, choquant ainsi les proches du Premier ministre qui n’en avait pas été prévenu. Face aux protestations, l’ancien athlète a exprimé sa surprise, assurant qu’il ne regrettait rien.         

 

John plus convaincant que Hillary
Le nouveau secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui vient d’effectuer sa première visite au Moyen-Orient, semble avoir réussi là où son prédécesseur Hillary Clinton a échoué. Ainsi, pendant sa visite à Bagdad, Kerry a usé de tous ses talents de diplomate pour pousser Nouri el-Maliki à interdire l’espace aérien irakien aux avions iraniens transportant des armes au régime syrien. Quelques jours après son départ, l’homme fort de l’Irak annonçait que les inspections des avions iraniens s’intensifieraient et que son pays rejetait tout transfert d’armes vers la Syrie. Pourtant, le Premier ministre avait refusé, ces 24 derniers mois, de coopérer avec Washington sur ce sujet. L’affaiblissement progressif du régime Assad et les pressions internationales exercées sur Bagdad semblent l’avoir convaincu de réviser sa position. Il n’est pas sûr que ce repositionnement plaise à ses mentors à Téhéran.        

 

Anas Ismaïl jeune activiste palestinien de 29 ans, a été condamné à six mois de prison ferme par une cour de Cisjordanie pour avoir inscrit «J’aime» sur le statut de l’un de ses amis sur Facebook. Ce dernier critiquait le ministre palestinien des Communications, Mashour Abou Daqqa. Quelques heures après avoir commis ce «crime», il est arrêté et détenu 17 jours, avant d’être présenté devant un juge. L’activiste ne s’est pas laissé faire. Il a contesté ce verdict et exigé un nouveau procès. Entre-temps, le ministre en question a été évincé du gouvernement pour sa grave incompétence. L’activiste n’en a pas moins été convoqué dix fois au commissariat en moins de trois semaines. Entre le Hamas à Gaza et le Fateh en Cisjordanie, les activistes palestiniens ne savent plus à quel saint se vouer.  

 

Mohammad Morsi n’est pas connu pour son éloquence, surtout face à la presse. Chacun de ses discours crée une nouvelle controverse. Ses détracteurs lui demandent de ne plus s’aventurer dans cet exercice. Dernier épisode en date, les menaces que le président égyptien a proférées contre des groupes d’opposition de leur couper les doigts s’ils osaient encore une fois s’en prendre à lui. Cette déclaration a été faite quelques jours après la visite du chef d’Etat en Allemagne où il avait choisi de parler en anglais, une langue qu’il ne maîtrise pas bien… c’est le moins que l’on puisse dire.        

En pointillé…
Le président tunisien Moncef el-Marzouki a fait tomber le masque en se démarquant clairement du clan laïque. Le président, qui avait tout au long de sa carrière défendu les droits de l’homme, devait choisir entre ses convictions et les exigences des islamistes d’Ennahda s’il voulait être réélu pour un nouveau mandat. C’est pourquoi il a menacé de jeter en prison et même d’exécuter les opposants de la troïka s’ils ne baissaient pas le ton. Triste fin pour cet ancien activiste qui avait fui son pays pour échapper à la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali. Des observateurs à Tunis ont noté que le président a réussi, par ses déclarations mal placées, à se mettre à dos les libéraux et les mouvements de gauche, sans pour autant s’assurer du soutien des islamistes.       
    
    
Le guide préfère le Big Mac
Le Dr Mohammad Badih, guide des Frères musulmans égyptiens, a passé un mauvais quart d’heure alors qu’il prenait son déjeuner en famille dans un fast-food américain en compagnie de ses petits-enfants. Il a eu la mauvaise surprise de rencontrer un activiste de gauche qui, l’ayant reconnu, est entré au restaurant pour l’interroger sur ses liens avec les Américains. Des témoins de la scène ont rapporté que le jeune homme du nom de Karim, âgé de 29 ans, a accusé Badih de soutenir «les Américains qui, lui a-t-il dit, vous rendent la pareille et vous aident à vous maintenir au pouvoir. Malgré cet appui, vous ne parviendrez pas à le faire». Face à cette charge, les gardes de Badih ont repoussé le jeune homme hors de la salle, menaçant de le jeter en prison s’il osait répéter son insolence.           

Öcalan bientôt libre
Le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan, Abdallah Öcalan, semble mener son dernier combat pour sa libération, même si cela doit se faire à un prix très fort pour le peuple kurde qui devra jeter les armes, après quarante ans de lutte et des dizaines de milliers de victimes, sans pour autant avoir réussi à créer l’Etat tant attendu par les quelque quarante millions de Kurdes. Son dernier discours a ainsi choqué les combattants auxquels Öcalan a demandé de jeter les armes et de quitter la Turquie. Quelques heures après cette annonce, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est monté au créneau pour assurer à son peuple que le problème kurde était bel et bien résolu, car «les terroristes du PKK quitteront notre sol et n’y reviendront plus jamais». Des analystes à Ankara ont relevé que les dirigeants de la province irakienne semi-indépendante du Kurdistan, avaient joué un rôle primordial dans cet accord, puisqu’ils ont accepté d’héberger les membres du PKK et leurs familles dont le nombre dépasse les dix mille.          

Les islamistes contre l’Opéra
Les autorités omanies ont sévèrement réprimé quelques dizaines de protestataires islamistes qui s’étaient rassemblés face à l’Opéra al-Sultaniya, en plein cœur de Mascate. Les barbus protestaient contre un groupe de Jazz américain, dont les membres sont musulmans, qui avait choisi de réciter des chants religieux sur fond de musique douce. Blasphème, selon les salafistes, qui considèrent qu’il n’est pas approprié d’avoir une salle d’opéra dans un pays musulman. Mais c’était sans compter sur le mufti Ahmad el-Khalili, un modéré, qui a défendu le groupe américain, considérant qu’il n’avait pas porté atteinte aux traditions musulmanes. Les salafistes ont dû passer plusieurs heures derrière les barreaux pour avoir tenté de pénétrer de force à l’intérieur d’al-Sultaniya. L’automne des islamistes n’est pas près de passer par le sultanat.        
 

Chaaban de retour
Bouthaina Chaaban, ancienne ministre syrienne des Emigrés et actuelle conseillère du président Bachar el-Assad, qui avait perdu la cote après l’éclatement de la révolution syrienne, a fait son retour sur la scène politique. Assad, qui a vu ces derniers mois plusieurs de ses proches prendre le chemin de l’exil, a redonné sa pleine confiance à Chaaban et lui a demandé de voyager à travers le monde pour plaider sa cause. Elle s’est ainsi rendue à New Delhi, à Pékin et à Johannesburg, où elle a condamné l’attitude de l’Europe qui, selon elle, soutient les groupes terroristes armés. Il faut rappeler que le frère du président, le général Maher el-Assad, avait personnellement ordonné la mise à l’écart de Chaaban en avril 2011. Elle avait alors conseillé à son frère de traiter avec les opposants du régime avant qu’il ne soit trop tard. Elle n’avait pas complètement tort.


500 livres égyptiennes est le prix à payer pour s’acheter une femme syrienne. Selon le Conseil égyptien des droits de la femme, 12000 Egyptiens ont épousé des Syriennes, condamnant cette nouvelle forme de trafic humain et demandant aux autorités en place d’intervenir pour y mettre un terme. Mais ce ne sera pas chose facile puisque des dizaines de milliers de Syriens privés de toutes ressources prennent refuge en Egypte et les plus démunis d’entre eux ne trouvent d’autre moyen de survie qu’à travers la vente de leurs filles contre la modique somme de 75 dollars. Pire encore, les observateurs notent que dans la plupart des cas, les maris forcent leurs femmes à se prostituer dans les maisons closes du Caire. Malgré cette situation inhumaine, le ministre égyptien de l’Intérieur, le général Mohammad Ibrahim, n’a pas réagi.           

2 milliards de dollars est la somme que les nouveaux dirigeants libyens auraient versée aux autorités égyptiennes pour pouvoir enfin mettre la main sur Ahmad Kadhaf el-Dam réfugié au Caire depuis le déclenchement de la révolution libyenne en février 2011. Pendant que les responsables égyptiens et libyens niaient l’existence d’un tel accord, le nouvel ambassadeur libyen au Caire annonçait que son pays allait déposer deux milliards de dollars auprès de la Banque centrale égyptienne. Mohammad Fayez Jibril a aussi promis que son pays exporterait gratuitement du pétrole au Pays des Pharaons. Pourtant, Kadhaf el-Dam pensait être à l’abri puisque ses liens avec les généraux de l’armée égyptienne sont étroits depuis de longues années, et le cousin de l’ancien roi des rois d’Afrique avait même épousé une Egyptienne. Cela n’a pas suffi à le placer hors de la portée des nouveaux dirigeants libyens prêts à verser des sommes exorbitantes pour mettre la main sur le clan des Kadhafi, où qu’il soit.  

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