Magazine Le Mensuel

Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

HORIZONS

Le Bhoutan. Au royaume du bonheur!

Niché au pied de l’Himalaya, le Bhoutan semble indifférent aux années qui passent. Après des siècles d’isolement volontaire, il entrouvre ses portes en 1974. Epoustouflés, les premiers voyageurs ont découvert des paysages d’une incroyable beauté, des merveilles architecturales, une population d’une hospitalité exceptionnelle et une rare culture traditionnelle. En effet, le Bhoutan est, à bien des égards, un régal pour les yeux et un mystère pour les sens. Magazine vous propose un embarquement immédiat pour le royaume du bonheur, une destination pour le moins insolite, à mille lieues de nos tracas quotidiens!

Aux confins du Tibet, du Népal, de l’Inde et de la Chine, le Bhoutan est l’un des royaumes perdus de l’Himalaya. Toujours protégé du tourisme de masse, cet étrange pays, où le bouddhisme est religion officielle, a conservé intacts ses paysages, son architecture, ses traditions. Dans ses hautes vallées luxuriantes, jonchées de pics étincelants et parcourues de tumultueux torrents, se cachent de modestes villages de maisons aux armatures de bois peint, tandis que, sur d’impressionnants pics rocheux, se dressent fièrement les dzongs, fabuleux monastères fortifiés. Malgré d’abondantes ressources naturelles, le Bhoutan apparaît comme l’un des pays les plus pauvres d’Asie, refusant de se lancer dans la course à l’argent. Là-bas, l’important, c’est le bonheur.

Bonheur national brut
Dans ce petit royaume fourré entre l’Inde et la Chine, la richesse est moins importante que le bien-être de ses habitants. Il se calcule en BNB, bonheur national brut, et l’on refuse la société de consommation. Mais combien de temps les nouvelles générations vont-elles résister aux avances de la modernité? Petit retour en arrière, le Bhoutan serait habité depuis 2000 av. J.-C. Le bouddhisme a sans doute été introduit au IIe siècle bien qu’on associe généralement son apparition à la première visite de Rinpoché, au VIIIe siècle. Considéré comme le deuxième Bouddha, Rinpoché, représente une figure importante dans l’histoire du Bhoutan. Jusqu’au XVIe siècle, des clans et des familles de nobles ont régné sur les différentes vallées. Des querelles, internes et externes, les divisaient fréquemment. Les choses ont changé en 1616 avec l’arrivée de Ngawang Namgyal, moine de l’école du bouddhisme tibétain Drukpa Kagyu. Il a diffusé son enseignement à travers tout le pays et s’est proclamé chef religieux, sous le nom de Shabdrung Rinpoché. En 1907, les différents chefs du pays et ses principaux lamas ont choisi Ugyen Wangchuck gouverneur héréditaire du Bhoutan. Ils ont ainsi sacré le premier roi du pays et marqué les débuts de la dynastie des Wangchuck. Pendant quarante ans, Ugyen et son héritier, Jigme Wangchuck, ont régné en monarques absolus. On considère le troisième roi, Jigme Dorji Wangchuck, comme le père de la modernité en raison des mesures de développement qu’il a favorisées. Le roi actuel, Jigme Singye Wangchuck, a poursuivi cette politique de développement contrôlé en privilégiant la préservation de l’environnement et de la culture. Il vise particulièrement à parvenir à l’autosuffisance économique et au «bonheur intérieur brut», selon ses propres termes. Le 2 juin 1974, à l’occasion du couronnement du roi, le pays s’est ouvert pour la première fois aux médias étrangers et est entré en quelque sorte sur la scène internationale. Les Bhoutanais respectent toujours leur royauté et leur foi dans leur mode de vie est aussi touchante que sincère. Les Bhoutanais semblent également déterminés à conserver leur culture et leurs croyances, même si le vent du changement souffle un tant soit peu sur le royaume.

Le phallus contre le mauvais œil
Dans le petit royaume himalayen du Bhoutan, il n’y a pas que les monts enneigés et les habitants en costume traditionnel qui attirent l’attention des visiteurs. Sur les murs blancs des maisons, des peintures de phallus surprennent les touristes non avertis. Stylisés ou réalistes, entourés de rubans ou de dragon, à deux ou trois boules, mais presque toujours en éjaculation, ces phallus ont une mission: ils protègent les maisons et leurs habitants du mauvais œil et des ragots. Ces peintures murales sont pratiquées depuis toujours au Bhoutan. Lors de la construction d’une maison ou de sa rénovation, ses habitants demandent à des peintres professionnels de les réaliser. Plus discrets, des pénis en bois pendus aux toitures sont également très répandus dans le pays. On attribue généralement l’origine du rôle protecteur du phallus à Drukpa Kunley, un moine tibétain débarqué au Bhoutan au XVe siècle. Sa réputation d’alcoolique invétéré et de fameux coureur de jupon est toujours vivace chez les Bhoutanais. Et les nombreuses légendes à son sujet témoignent du caractère choquant de ses méthodes aux yeux de la société bhoutanaise. Alors prêts pour un petit tour au royaume du bonheur?

Christiane Tager Deslandes

Carte d’identité
Capitale: Thimphu.
Monnaie: Ngultrum bhoutanais. Dollars et euros sont également acceptés.
Fête nationale: le Bhoutan célèbre le National Day le 17 décembre (1907).
Décalage horaire: quand il est 13h à Paris, il est 17 h au Bhoutan en hiver et 16h en été.
Langue officielle: le tibétain, l’anglais et des dialectes locaux sont parlés au Bhoutan.
Religion: la religion officielle du Bhoutan est le bouddhisme Mahayana, dans sa forme tantrique. 75% de la population le pratiquent. Les populations du sud du Bhoutan, d’origine népalaise, sont majoritairement hindoues.

 

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