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Nº 2899 du vendredi 31 mai 2013

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Misbah el-Ahdab, ancien député de Tripoli, Les groupes armés sont manipulés

La guerre larvée qui sévit à Tripoli entre miliciens sunnites et alaouites a mis en exergue les rivalités existant entre l’Armée libanaise et les combattants. Magazine a rencontré l’ancien député tripolitain Misbah el-Ahdab pour tenter d’apporter un éclairage sur la situation.

L’Armée libanaise a été victime de nombreuses attaques lors des combats de Tripoli, ayant fait dans ses rangs près de 80 blessés et trois morts. Ces incidents sont-ils les prémices d’une mésentente grandissante entre les sunnites de Tripoli et l’institution militaire?
Ce n’est pas du tout le cas. L’armée est une institution dont la tâche principale est de sauvegarder la paix civile, elle doit donc être protégée par le pouvoir. Le problème majeur réside dans le fait que le gouvernement actuel se soumet à des lignes rouges empêchant l’armée de s’attaquer aux groupes paramilitaires. Cette approche, mise en place par la Syrie, a été maintenue par le Hezbollah. Le soutien de ce dernier au régime syrien ne bénéficie pas du consensus libanais. Le  gouvernement ne peut plus se permettre de protéger des structures paramilitaires, engagées dans une guerre qui n’est pas la nôtre.

Divers médias ont rapporté la demande de certains chefs de quartiers d’un encadrement des troupes militaires déployées à Tripoli par les FSI qui leur seraient plus proches d’un point de vue à la fois politique et communautaire. N’est-ce pas un dangereux précédent?
Cette situation résulte de la division au niveau militaire couronnée par les accords de Doha qui avaient accordé le contrôle des services de renseignements de l’armée au mouvement du 8 mars et celui des FSI au 14 mars (que soutiennent la plupart des Tripolitains). Encore une fois, le devoir de l’armée n’est pas de défendre les milices mais les citoyens libanais. A Tripoli, des magasins appartenant à des alaouites ont été brûlés et les instigateurs de ces incendies, qui jouissent d’une couverture politique, sont toujours en liberté.

On parle de défections au sein de l’Armée libanaise dans la communauté sunnite. Etes-vous en mesure de confirmer cette information?
Je ne pense pas que nous en soyons vraiment là. Mais si le pouvoir se laisse prendre en otage de la politique du fait accompli imposée par les groupes armés, cela nous mènera à une situation difficile à gérer.

De nombreuses sources tripolitaines accusent des «éléments indisciplinés» d’être responsables des incidents de Tripoli.  Ces derniers seraient protégés par certains services de renseignements…
Ces chefs de quartiers possèdent des munitions, ils sont financés. D’où obtiennent-ils ces financements? C’est n’importe quoi! Ils sont protégés par les Services spéciaux de l’armée, les FSI et la Sûreté générale qui exécutent les instructions des factions politiques. Ces éléments sont donc manipulés.

On assiste à une radicalisation grandissante de la rue sunnite de Tripoli. Qui sont les hérauts de cette mouvance?
Certains groupes (islamistes) ont recours à un discours particulier pour se montrer convaincants; les gens sont déçus par la gestion des ministres et du gouvernement de la situation actuelle. Il existe un vide politique facilement exploitable. Cela ne veut pas dire que la population se radicalise. Ces groupes tripolitains (islamistes) s’appuient sur des financements provenant des pays du Golfe, par le biais des pays ou d’ONG.

Deux alaouites auraient été kidnappés ces derniers jours à Tripoli. Pensez-vous que ce type d’incidents puisse se répéter de plus en plus souvent?
Les services sécuritaires protègent les responsables de ces incidents. La solution est donc d’éviter aux institutions de l’Etat de se soumettre à ce jeu qui va les affaiblir.

Craignez-vous un massacre à Tripoli en cas de victoire d’une faction ou de l’autre en Syrie?
J’espère que l’armée protègera la population. Un massacre ne serait pas perpétré par les Tripolitains mais par les militants qui prennent leurs ordres de factions occultes. Malheureusement, les alaouites sont pris en otages par leur milice.
 

Propos recueillis par Mona Alami
 

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