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Nº 2899 du vendredi 31 mai 2013

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Festival de Cannes 2013. Une 66e édition toute en audace

Du 15 au 26 mai, cinéastes, acteurs et professionnels du 7e art se sont tous retrouvés à Cannes pour la 66e édition de l’un des plus célèbres festivals du monde. A l’issue du festival, Steven Spielberg, président du jury, a rendu son verdict.

Tapis rouge, projections, débats à huis clos, rencontres, retransmission en direct, glamour et paillettes, durant dix jours, Cannes célébrait une nouvelle fois, le 7e art. Et le verdict est finalement tombé le dimanche 26 mai. Un verdict qui semble sortir de l’ordinaire, des sentiers battus, des habitudes même du festival tout au long de son histoire. «Le palmarès culotté de Spielberg», titre Le Figaro, qui ajoute dans un autre article, «Président du jury, Steven Spielberg était soupçonné de puritanisme. Sa Palme d’or érotico-passionnelle déjoue les pronostics». Et pour cause, la Palme d’or a été attribuée à La Vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche. Adaptation libre de la bande dessinée, Le bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh, La vie d’Adèle – chapitre 1 et 2 raconte la passion brûlante qui naît entre Adèle l’adolescente et Emma, une jeune femme aux cheveux bleus. «Pour la première fois, selon Libération, la Palme d’or récompense un film qui parle ouvertement d’homosexualité, en l’occurrence féminine». En annonçant cette consécration, Spielberg a précisé qu’elle récompensait trois artistes: Adèle, Léa et Abdellatif. Le réalisateur franco-tunisien, entouré de ses actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, émues jusqu’aux larmes, a dédié ce prix «à cette belle jeunesse de France, qui (lui) a beaucoup appris sur l’esprit de liberté», «le vivre ensemble», ainsi qu’à une autre jeunesse, «de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement et aimer librement».
Au-delà d’un choix purement esthétique, la critique a notamment vu dans la décision du jury un acte de politique culturelle, au moment où la France est toujours secouée par des protestations contre le mariage homosexuel. Pourtant, Spielberg a bien précisé que ce n’est pas la politique qui a influencé la décision du jury qu’il préside et qui est composé de Daniel Auteuil, Vidya Balan, Naomie Kawase, Nicole Kidman, Ang Lee, Christian Mungiu, Lynne Ramsey et Christoph Waltz. Pour lui et son jury, La vie d’Adèle, est «une très belle histoire, un amour magnifique auquel tout le monde peut s’identifier, peu importe la sexualité».

Un palmarès éclectique
En emportant le prix, Abdellatif Kechiche a octroyé à la France sa 2e Palme d’or, cinq ans après Entre les murs de Laurent Cantet. L’Hexagone a également remporté une autre victoire cette année; Bérénice Bejo s’est vu décerner le prix d’interprétation féminine pour son rôle de divorcée dans Le Passé, d’Asghar Farhadi, qui, selon les pronostics, était pressenti, pour remporter la Palme d’or, mais a été mis hors course, puisqu’un film ne peut être primé qu’une seule fois. Une bien belle revanche pour l’actrice française qui était partie bredouille en 2001, son comparse de The Artist, Jean Dujardin, ayant remporté le prix d’interprétation. Et cette année, c’est l’acteur américain Bruce Dern qui empoche le trophée de l’interprétation masculine pour son rôle de Woody Grant, un vieil homme acariâtre dans Nebraska du réalisateur Alexander Payne.
Quant au reste du palmarès, les frères Joel et Ethan Coen ont empoché le Grand Prix pour leur dernière œuvre, Inside Llewyn Davis qui raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961, mettant à l’affiche Oscar Isaac, Justin Timberlake, Carey Mulligan…; le prix de la mise en scène est allé au Mexicain Amant Escalante pour Heli; le prix du jury a été remporté par le Japonais Hirokazu Kore-Eda pour Tel père, tel fils; et le prix du scénario a récompensé le Chinois Jia Zhangke pour A touch of sin. Finalement, la Caméra d’Or 2013 qui distingue le meilleur premier film de toutes les sections du festival de Cannes, a été remis au Singapourien Anthony Chen pour son long métrage Ilo ilo qui pose un regard sur une famille en crise. Par ce palmarès réellement éclectique, Spielberg et les membres du jury semblent avoir embrassé la diversité des genres que le cinéma peut offrir. Avant de commencer à proclamer les résultats, le réalisateur de Lincoln avait affirmé que «l’exception culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du cinéma».
Dans la catégorie «Un certain regard», qui se veut comme la mise en perspective d’un cinéma plus atypique que dans le volet principal de la Sélection et récompense des cinéastes encore peu connus, 18 films venus de 15 pays différents ont participé à la compétition. Le jury présidé par le réalisateur danois Thomas Vinterberg a décidé d’octroyer le Prix de la Sélection au documentaire L’image manquante du Franco-Cambodgien Rithy Panh. Dans ce film il évoque, à travers le destin de sa famille, le génocide commis par le régime Khmer rouge au Cambodge lorsqu’il fut au pouvoir de 1975 à 1979. Et le prix du jury a récompensé Omar du réalisateur palestinien Hany-Abou Assaad, révélé par la semaine de la critique en 2002 pour Le Mariage de Rana et Golden Globe du meilleur film étranger pour Paradise Now en 2006.
Larmes, rires, émotions, durant une dizaine de jours, Cannes a vibré au rythme de son festival, ses festivaliers et ses visiteurs, au rythme du 7e art. En attendant de voir tous ces films au Liban.

Le Liban à Cannes
Une nouvelle fois, pour la 9e année consécutive, le Liban est présent au Festival de Cannes, à travers le projet «à 35mm de Beyrouth» lancé par l’Office du tourisme du Liban en France, en 2009. Les internautes pouvaient suivre sur la Toile, sur le site www.35mmnews.com, les dernières nouvelles concernant leurs compatriotes présents sur place dans le but essentiel de promouvoir le cinéma local.

 

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