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Nº 2902 du vendredi 21 juin 2013

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Croissance de 4,4% en 2012. Pas de crise pour l’argent plastique

Malgré la crise économique qui contracte l’activité, le secteur des cartes bancaires se porte plutôt bien, avec une hausse de 4,4% du nombre de cartes en circulation fin 2012. Une tendance qui pousse les acteurs en présence à l’innovation.

L’argent plastique a encore de beaux jours devant lui au Liban. Les chiffres publiés par la Banque du Liban l’attestent, puisqu’à la fin de l’année 2012, pas moins de 1 861 849 cartes étaient en circulation, soit une hausse de 4,4% par rapport à 2011. Par effet boule de neige, le nombre de distributeurs de billets s’accroît également, avec 1 433 machines, et une croissance de +8,1% sur la même période. 42,9% d’entre eux sont installés dans le Grand Beyrouth, suivis du Mont-Liban avec 29,3%, du Nord avec 9,8%, du Sud avec 8,6% (Nabatié concentrant 1,8% des DAB) et enfin de la Békaa avec 7,6%.
Bon an, mal an, les cartes bancaires poursuivent donc leur progression et touchent un public bien plus vaste qu’auparavant. Avec en parallèle, des banques qui rivalisent d’innovation et d’exigence pour séduire et fidéliser la clientèle.
Très rares jusqu’il y a peu, les cartes à puce, répandues en Europe, commencent ainsi à se propager au Liban. Plus fiables au niveau de la sécurité que les cartes à bandes magnétiques qui étaient jusqu’alors la règle, ces cartes à puce disposent d’un code PIN. Plus besoin donc pour le détenteur de carte d’apposer sa signature sur le reçu donné par le commerçant, il lui suffit de taper son code dans le terminal de paiement adéquat. Une sécurité supplémentaire, les signatures pouvant être facilement contrefaites, d’autant que la plupart des vendeurs ne vérifient pas si l’identité du porteur et celle de la carte sont similaires.

La technologie sans contact
Si les Libanais qui voyagent beaucoup, ou ceux de la diaspora, ont l’habitude de ce type de cartes, c’est encore nouveau dans le pays. A cela, plusieurs raisons, dont le coût élevé de ces cartes à puce par rapport aux cartes à bandes magnétiques, ou encore, l’absence de législation nationale sur ce type de signature électronique. Certaines banques du marché ont choisi de se mettre aux cartes à puce à 100%, tandis que d’autres les généralisent peu à peu, afin de sensibiliser le client en même temps. Par ailleurs, il reste aussi à moderniser les terminaux de paiement en place dans les points de vente. Ce qui n’est pas une mince affaire, puisqu’il en existe plus de 40 000, dans les seuls commerces, sur l’ensemble du territoire.
Autre déferlante sur le marché bancaire, la technologie sans contact. Un peu en retard par rapport aux pays occidentaux, le Liban voit depuis un peu plus d’un an émerger une nouvelle génération de cartes qui ne nécessitent pas d’être introduites dans un terminal de paiement. Pour celles-ci, il suffit en effet au détenteur de la carte de «taper pour payer» devant un lecteur sécurisé disponible dans certains points de vente. Encore balbutiante, cette technologie précèdera surtout une autre grande innovation, celle du paiement mobile, via son smartphone. Les banques libanaises s’y préparent d’ores et déjà, certaines annonçant son arrivée avant la fin de l’année.

Un code confidentiel
Cette technologie, baptisée NFC, alias Near Field Communication, permettra à son utilisateur de régler ses achats en présentant son téléphone portable. Pour ce faire, il suffit de mettre en contact deux appareils − une borne de paiement et un smartphone équipé de la même technologie − pour que les échanges de données s’effectuent. Le tout, sans contact physique.
Les constructeurs de téléphonie mobile ont déjà, on s’en doute, anticipé le phénomène à venir en intégrant de plus en plus la technologie NFC dans leurs smartphones. Il est en effet nécessaire d’insérer dans l’appareil une carte SIM NFC et de télécharger une application «paiement sans contact». Pour sécuriser encore plus le paiement, le propriétaire du téléphone peut choisir d’ajouter un code confidentiel qu’il devra saisir à chaque paiement.
Il reste qu’au Liban, l’argent plastique va continuer à dominer le marché pendant quelques années encore. D’autant qu’il y a encore fort à faire pour inciter les Libanais, très friands de cash, de régler leurs achats par carte. Les paiements en liquide sont encore prédominants sur le marché, et ce, malgré les efforts des banques libanaises pour généraliser les cartes de paiement.


Jenny Saleh
 

Un compte bancaire… chez un buraliste
Le monde de la banque est en perpétuel renouvellement. Le concept «Nickel», qui va être lancé en France d’ici au mois de novembre, en est l’illustration. Car dans quelques mois, les Français se verront 
proposer d’ouvrir un compte bancaire chez leur buraliste.
Avec «Nickel», les clients pourront acheter un coffret contenant une carte de 
paiement MasterCard, après avoir fourni un document justifiant de leur identité et un numéro de téléphone. Après quoi, sera ouvert un compte bancaire, accompagné de relevé d’identité bancaire (rib) et d’un code pour la carte, créé à ce moment-là. Le client pourra alors domicilier ses revenus, effectuer des retraits, déposer de l’argent et payer par carte dans le monde entier ou effectuer des prélèvements. Revers (ou bienfait?) de la médaille, aucun découvert ou crédit n’est possible. La carte, quant à elle, restera accessible, à 20 euros par an. L’initiative, lancée par Hugues Le Bret, président du conseil de surveillance de la Financière des paiements électroniques et ancien patron du site Boursorama, a de quoi surprendre. Pourtant, Le Bret table sur l’ouverture de quelque 100 000 comptes d’ici fin 2014, avec une clientèle jeune, qui constitue le cœur de cible du produit. Le concept s’adresse également à celles et ceux qui font l’objet d’un interdit bancaire et qui ne peuvent donc plus ouvrir de comptes dans une banque traditionnelle. Reste à savoir si les buralistes, qui craignent pour leur sécurité, accepteront de se lancer dans l’aventure.

Le boom du paiement mobile
Le cabinet Gartner, qui publie chaque année des études sur le paiement mobile dans le monde, vient d’évaluer la croissance de ce marché à 44% pour 2013 et quelque 235 milliards de dollars de transactions. L’Asie-Pacifique devrait être la première région pour les paiements mobiles d’ici à 2016.
«Nous tablons sur une croissance moyenne de 35% par an entre 2012 et 2017. A cette date, le marché atteindra 721 milliards de dollars et comptera 450 millions de mobinautes ayant réalisé un achat ou une transaction», a commenté Sandy Shen, directrice de 
recherche chez le britannique, lors de la 
publication de l’étude.
Du côté des technologies de paiement, Gartner estime que le NFC, pourtant soutenu dans de nombreux pays, n’est plus à l’avant-garde. «Les transactions NFC baisseront de 40% en valeur sur la période, du fait d’un accueil décevant de la technologie dans plusieurs marchés et de la concurrence de services comme Google Wallet», souligne le cabinet. «Nous pensons que le NFC ne pèsera que 2% des transactions mobiles (en valeur) en 2013 et 5% en 2017», poursuit Gartner. Côté emploi du m-paiement, Gartner estime que les 
transferts d’argent − moins coûteux via un mobile qu’à travers les systèmes classiques − et les achats de marchandises représenteront respectivement 71% et 21% des transactions cette année. Les transferts sont d’ores et déjà très utilisés en Afrique, un continent qui devrait générer 160 milliards de dollars de transactions en 2016. Mais selon Gartner, la croissance se situera dans la région Asie-Pacifique avec +38% en 2013 à 74 milliards de dollars. Avec le développement de services en Corée du Sud, Inde et Singapour, la région dépassera en valeur l’Afrique en 2016 avec 165 milliards de dollars de transactions.
A l’échelle mondiale, Gartner prévoit que les transactions de paiement par m-paiement pourraient atteindre les 600 milliards de 
dollars en 2013, contre 172 milliards en 2012.

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