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Nº 2904 du vendredi 5 juillet 2013

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Teymour Bakhtiar. L’homme qui a provoqué la rupture Beyrouth-Téhéran

Les relations entre le Liban et les pays de la région sont passées, à plusieurs reprises, par des périodes de tension. Si les rapports avec la Syrie n’étaient pas toujours exemplaires, il fut un temps où les relations avec l’Iran et l’Irak étaient plutôt tendues. Retour sur l’affaire Bakhtiar.
 

Sous le mandat du président Charles Hélou, l’affaire Teymour Bakhtiar a considérablement nui aux relations entre le Liban et l’Iran du Chah. Le général Bakhtiar, ancien chef de la Sûreté iranienne, avait été arrêté au Liban le 4 mai 1968, et accusé de trafic d’armes. L’Iran réclame son extradition, mais le chef de l’Etat refuse de donner suite à cette demande. Le Tribunal militaire émet une décision en faveur de son extradition, cependant, le président Hélou s’abstient de signer le décret.
Le 29 juillet, la Cour de cassation bloque le décret et condamne le général Bakhtiar à neuf mois de prison ferme. L’Iran est furieux et exprime son mécontentement par une rupture des relations avec Beyrouth. L’ancien président Camille Chamoun n’est pas satisfait non plus de la position du chef d’Etat libanais. Pour lui, le Liban se devait de sauvegarder les bons liens avec l’Iran, surtout que durant son mandat, il avait entretenu des relations excellentes avec le Chah.
Pendant ce temps, les relations avec la Syrie sont, elles aussi, tendues. Damas accuse le Liban de comploter contre lui, en recevant sur son territoire bon nombre d’exilés politiques syriens. Des mesures très sévères sont prises à l’encontre du Liban visant surtout à bloquer les exportations et le commerce. L’ouverture du petit pays vers l’Irak et le nouveau régime baassiste mécontentaient vivement Damas. Les autorités libanaises devaient se contenter alors d’envoyer une simple lettre pour féliciter le nouveau régime irakien après le coup d’Etat qui l’a emmené au pouvoir, mais aucune reconnaissance officielle ne sera admise.
Entre l’Iran, l’Irak et la Syrie, le Liban avait beaucoup de soucis. Rien n’allait plus entre Beyrouth et Téhéran. Bakhtiar purgeait sa peine dans les prisons libanaises et les deux pays passaient par une période de froid. La situation a empiré au début de l’année 1969. L’Iran présente alors une nouvelle demande d’extradition, mais le Liban ne fléchit pas.

 

Rappel d’ambassadeur
Téhéran rappelle son ambassadeur le 21 mars 1969. Au lieu d’agréer la demande d’extradition de Bakhtiar, le Conseil des ministres décide, le 27 mars 1969, sa remise en liberté, et le chef du gouvernement de l’époque, Rachid Karamé, estime que la décision du Liban découle des principes auxquels il croit.
Le 2 avril, l’Iran met ses menaces à exécution. Il rompt totalement ses relations avec le Liban, prend des mesures concernant l’exportation et l’importation et interdit le survol de son territoire par les avions de ligne libanais.
Le 4 avril, le général Bakhtiar, remis en liberté, part pour la Suisse, qui lui avait délivré un visa. L’affaire prend fin, mais les relations entre les deux pays sont fortement ébranlées.
En juillet 1969, c’est au tour des relations avec l’Irak de passer par des moments de froid. Les journaux libanais avaient lancé une campagne contre le nouveau régime baassiste, qui décide de rappeler son ambassadeur à Beyrouth et d’interdire les importations libanaises. Pendant tout l’été, l’Irak maintient ses mesures avant de les annuler en septembre de la même année sans explication. Les relations avec l’Iran et l’Irak reprendront normalement quelques semaines plus tard, mais les rapports avec la Syrie resteront sujets aux développements politiques au Liban à la suite de la présence palestinienne qui changera entièrement la donne.

A.K.

Fondateur de la Savak
Teymour Bakhtiar, né en 1914 à Ispahan, a 
été le premier directeur de la Savak. Il a 
poursuivi ses études primaires et secondaires en Iran et à Beyrouth avant d’entrer à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Il crée la Savak avec l’aide de la CIA et du Mossad et la dirige. En 1961, il est destitué de sa fonction et remplacé par le général Pakravan. Il participe à tous les mouvements d’opposition au Chah. Il s’installe en Irak et s’allie à Saddam Hussein contre le souverain. Il est assassiné en 1970 lors d’une partie de chasse par des agents envoyés par la Savak.

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