Magazine Le Mensuel

Nº 2907 du vendredi 26 juillet 2013

general

Scandale. Des travaux surfacturés à Roumié

Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, révèle un nouveau scandale financier à la prison de Roumié. Un entrepreneur aurait touché six millions de dollars pour des travaux de réhabilitation dont le coût ne s’élevait qu’à  100 000 dollars.

Certains ont affirmé que Marwan Charbel, a soulevé le «scandale» de la prison de Roumié sans preuves. Le ministre de l’Intérieur est cependant catégorique. L’entrepreneur auquel les travaux avaient été confiés et la société chargée de l’étude de réhabilitation seront soumis à l’enquête.
L’équipement des bâtiments du pénitencier, comprenant des caméras de surveillance, divers équipements, des générateurs… a été estimé à 3 millions de dollars. Celui des travaux de réhabilitation, à 6 millions de dollars.

Aridi rejette la responsabilité
A l’occasion d’une visite dans le bâtiment «D», le ministre Charbel constate que les travaux d’entretien, entamés il y a sept mois, étaient «insuffisants» et les montants réclamés totalement injustifiés. Un crédit de six millions de dollars avait été affecté à ces travaux d’entretien, alors que ceux réalisés ne devraient pas coûter plus de 100 000 dollars. De plus, les travaux ne correspondent pas aux critères les plus élémentaires, notamment du point de vue sanitaire.
Marwan Charbel a alors convoqué tous ceux qui étaient concernés par ce dossier à une réunion au ministère de l’Intérieur. Un expert a été dépêché à Roumié, chargé de rédiger un rapport sur la nature des travaux exécutés et sur leur coût réel.
Le procureur général financier, Ali Ibrahim, a demandé au bureau de la lutte contre les crimes financiers de trouver le nom de la société responsable des travaux dans la prison, ainsi que celui de l’entrepreneur chargé des travaux afin d’entendre au plus tôt leurs versions et prendre les mesures qui s’imposent.
De son côté, le ministre des Travaux publics, Ghazi Aridi, rejette toute responsabilité de son ministère dans cette affaire.
Ce scandale financier à la prison de Roumié n’est pas le premier. Au début des années soixante-dix, la prison avait fait l’objet d’un autre du même genre. Le Premier ministre de l’époque, Saëb Salam, avait relevé que la prison, supposée coûter 6 millions de livres libanaises, en aura coûté 43 millions. L’affaire avait mis en cause le Conseil exécutif des grands projets présidé par Malek Salam, frère du chef du gouvernement.
Un rapport du ministre des Travaux publics sur ce scandale, découvert par Saëb Salam, indique alors une dilapidation et des détournements de fonds. Une enquête est menée sur la gestion des travaux. Malek Salam refuse de collaborer, de fournir les chiffres ni d’indiquer le processus selon lequel les travaux avaient été exécutés. Il est révoqué par décision du Conseil des ministres, ainsi qu’Henri Naccache, membre du C.E.G.P. pour non-collaboration avec les enquêteurs. Deux jours plus tard, la police envahit les bureaux du Conseil exécutif des grands projets pour empêcher la destruction des documents relatifs à l’affaire. Mais celle-ci n’aura pas de suite. Cette nouvelle affaire aboutira-t-elle? L’Etat versera-t-il les six millions pour des travaux non exécutés ou s’en tiendra-t-il au coût des travaux effectués tel que défini par l’expert? n A.K.

Le tribunal de Roumié
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a appelé le Conseil supérieur de la magistrature et le ministère de la Justice à utiliser le Palais de justice construit à Roumié plutôt que de continuer à transporter les détenus à celui de Beyrouth. Il estime que le nouveau Palais de justice est conforme aux exigences de 
modernité et de sécurité. Sa construction 
avait coûté 2,5 millions de dollars.
 
La prison de Roumié
La prison de Roumié était conçue d’abord pour recevoir 1 000 prisonniers, puis 2 500 et enfin 3 000 au maximum. Elle compte aujourd’hui plus de 4 760 prisonniers. Le complexe 
pénitencier est équipé d’un hôpital, d’ateliers et de terrains de sport. La prison connaît depuis des années des troubles. Elle est confiée à un commandant de brigade des prisons centrales. 

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