Magazine Le Mensuel

Nº 2920 du vendredi 25 octobre 2013

Livre

Hedy Habra. Une Shéhérazade des temps modernes


Son nouveau livre, Flying Carpets, vient de recevoir la mention honorable des arabes books awards 2013. Ces contes transportent le lecteur vers des lieux éloignés, des temples et des villages du Liban, de l’Egypte et d’ailleurs. Plongeon dans le monde merveilleux de Hedy Habra.

 

Silence, on voyage. Grâce à ses histoires qui rappellent la longue tradition des contes arabes, cette Shéhérazade sait parfaitement sortir sa baguette magique, une baguette d’écriture pour créer, inventer et faire bouger des personnages inoubliables.

 

Le réel, l’imaginaire

Outre ces personnages, il y a des bateaux, des cuisines, des riches tapisseries qui évoluent dans un environnement réel mais aussi imaginaire. La première partie du livre, c’est le concret, notamment l’Egypte et le Liban. Hedy Habra a indéniablement le mérite de ressusciter nos souvenirs d’enfance, de nous replonger dans notre passé perdu, de nous immerger dans notre région. Dans la seconde partie de Flying Carpets, et dans la suite des contes, les personnages deviennent moins enracinés dans le temps et l’espace. Ici, c’est notre imagination débordante qui devient le maître de jeu. Ainsi, l’auteur se déplace d’un espace à un autre, avec tant d’aisance qu’on se surprend à se poser la question: mais comment y arrive-t-elle? Cela est sans doute le fruit de ses divers déplacements, de son appartenance à de si nombreux endroits et cultures (voir encadré). L’auteur évoque ainsi dans ses histoires des souvenirs qu’elle a vécus. Des souvenirs convertis en symboles. Dans une interview, elle explique qu’elle est très influencée par Jorge Luis Borges. Ce dernier considère que la «mission de l’art est de transformer ce qui se passe en permanence en nous. De transformer toutes ces choses en symboles, en musique, en quelque chose qui peut durer dans la mémoire de l’homme. Un écrivain ou tout artiste a le devoir de métamorphoser tout cela en symboles». «Pour un poète, les symboles sont des sons et aussi des mots, des fables, des histoires, de la poésie», explique Hedy Habra. Elle a ressenti le besoin de recréer ces images apaisantes ou douloureuses qui l’ont touchée, afin de maintenir toutes les facettes qui forment son identité plurielle. 

Dans son recueil de poésie Tea in Heliopolis, elle ressuscite aussi ses souvenirs. Avec ce titre, éponyme d’un poème du livre, elle déballe l’histoire d’une famille, tragique, belle et toujours exotique. Une histoire vue à travers les yeux d’un peintre. Ici, en effet, elle capture des détails évoquant des maîtres anciens et crée un monde inspiré des couleurs d’un Van Gogh. De la pure beauté. Pauline Mouhana, Etats-Unis

 

Pour plus d’informations sur Hedy Habra,: http://www.hedyhabra.com

 

 

Bio en bref

Hedy Habra est née en Egypte et a grandi à Héliopolis, puis a vécu plusieurs années au Liban. Elle a quitté Beyrouth au début de la guerre civile. Elle a ensuite vécu plusieurs années en Europe, avant de venir aux Etats-Unis. Ici, elle a obtenu une maîtrise en anglais et un doctorat en littérature espagnole de l’Université de Michigan. Habra écrit de la poésie et des romans en français, en espagnol et en anglais. Elle a déjà publié plus de 150 poèmes et des nouvelles dans de nombreuses revues et anthologies. En plus de Flying Carpets et de son recueil de poésie, Tea à Héliopolis, elle a publié un livre de critique littéraire, Mundos alternos y Artísticos en Vargas Llosa.

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