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Nº 2921 du vendredi 1er novembre 2013

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Ahmad Karamé, ministre et député de Tripoli. Nous craignons le vide à la tête du pouvoir

«Si nous continuons sur la même voie, le gouvernement ne verra pas le jour, les portes de l’Assemblée resteront forcément verrouillées et cela mènera inéluctablement au vide à la tête du pouvoir». Interview du ministre d’Etat et député de Tripoli, Ahmad Karamé.
 

Prévoyez-vous la réussite du plan de sécurité à Tripoli? Qu’est-ce qui le distingue des plans 
précédents?
Nous sommes optimistes. Il est nécessaire que le plan réussisse pour le bien de tous. La ville n’en peut plus, et les incidents qui s’y déroulent sont inadmissibles. Je peux dire que 95% des Tripolitains subissent dans la souffrance ces rounds de violence. L’intervention de l’armée est l’unique solution. Nous sommes fort désolés pour les tirs essuyés par les militaires, ces deux derniers jours, et regrettons profondément les martyrs et blessés de l’armée tombés à Tripoli.

Votre réponse à ceux qui disent se méfier du 
président Mikati qu’ils accusent d’être l’ami du 
président Bachar el-Assad?
Que Dieu vienne en aide au président Mikati et à sa patience! Combien peut-il supporter? Les accusations pleuvent de toutes parts. L’homme a démissionné et veut se débarrasser de toute cette affaire. Formez un cabinet aujourd’hui il vous sera fort reconnaissant! Lâchez-le, qu’il puisse se reposer et cessez de lui faire tout assumer! Les accrochages, c’est sa faute! L’économie, aussi, le chaos aussi… Est-ce que les problèmes à Tripoli ont pris naissance aujourd’hui? Le conflit ne remonte-t-il pas à 2008? A l’époque, nous n’en avons fait assumer la responsabilité à personne. Seuls les fils de Tripoli payent le prix de ces combats que ce soit à Tebbané ou Jabal Mohsen… Le président Mikati suit de près les tentatives de pacification. L’essentiel, c’est que la justice clôture le dossier des attentats contre les deux mosquées.
Plusieurs appels ont été lancés réclamant 
l’arrestation du chef du Parti arabe démocratique, Rifaat Eid, dans le cadre de l’affaire des explosions de Tripoli. Est-il possible d’en arriver à ce point?
Si l’implication du parti et de Rifaat Eid est avérée, qu’ils l’arrêtent. Il y a des innocents qui ont trouvé la mort et nul ne doit bénéficier d’une quelconque couverture. Si Rifaat Eid est coupable? Qu’il soit arrêté. La loi doit s’appliquer à tous. Si le Parti arabe démocratique a trempé dans ces attentats, qu’il soit dissous!

Comment expliquez-vous les propos du général Achraf Rifi qui a accusé le Premier ministre sortant d’avoir été de connivence avec sayyed Hassan Nasrallah pour le déloger de la structure étatique?
Je ne le pense pas. Je suis ministre d’Etat et je sais que le président Mikati a suspendu les réunions du Conseil afin de régler le cas du général Achraf Rifi. Lorsqu’il s’est senti incapable de le faire, il a présenté sa démission. Il existe une interview télévisée célèbre dans laquelle le président sortant dit considérer le général Rifi et le regretté Wissam el-Hassan comme ses propres enfants.

Votre commentaire sur les déclarations réclamant directement ou indirectement le recours à l’EIIL et al-Nosra à Tripoli?
Inchallah, qu’une telle démarche ne soit pas à l’ordre du jour. Tripoli est la ville de la science et des savants, c’est une ville ouverte qui regroupe toutes les communautés et célèbre toutes les fêtes. Elle ne peut appuyer ni al-Nosra, ni Dahech.

Est-ce que le président Mikati compte réviser sa position et convoquer une réunion ministérielle consacrée à la concession des blocs gaziers?
Non. Il n’est pas d’accord sur ce point.

L’Arabie saoudite est furieuse et entrave tous les règlements dans la région, a dit le secrétaire 
général du Hezbollah dans son dernier discours. Votre réponse?
Je ne le crois pas. L’Arabie saoudite est un pays auquel le Liban est redevable. Elle a beaucoup appuyé le Liban. Je ne vais pas m’étendre sur des sujets d’ordre politique, mais je ne crois pas que c’est l’Arabie qui entrave les solutions. Ceux qui l’entravent, ce sont tous les acteurs politiques. Il ne faut pas innocenter une partie au détriment de l’autre. Qui met les bâtons dans les roues de la mission confiée au président Tammam Salam? Dommage! Il faut renoncer à certaines conditions pour que le gouvernement soit formé et que le pays puisse redémarrer.

Comment évaluez-vous le positionnement du 
député Walid Joumblatt? Pensez-vous qu’il se 
réoriente en faveur de l’équation 6-9-9?
C’est Walid bey. Il a ses propres données et son évaluation politique. Je respecte Walid bey et ses positionnements successifs. Ils disent que l’homme varie. Parfait! Mais il fluctue en fonction des intérêts et de la conjoncture politiques du pays. Il n’y a pas de position immuable en politique.

Redoutez-vous une vacance au niveau de la 
première fonction de l’Etat?
Si nous continuons sur la même voie, le gouvernement ne verra pas le jour, les portes de l’Assemblée resteront forcément verrouillées et cela mènera inéluctablement au vide à la tête du pouvoir.

Propos recueillis par Saad Elias

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