Magazine Le Mensuel

Nº 2923 du vendredi 15 novembre 2013

general

Mohammad Abdel-Hamid Beydoun. «Le Hezbollah a peur»

Ancien ministre et député, ex-responsable du mouvement Amal, Mohammad Abdel-Hamid Beydoun a lancé une attaque d’une virulence sans précédent contre le Hezbollah. Selon lui, le parti est responsable de presque tous les maux dont souffrent le Liban et la région.
 

Votre évaluation de la visite du président Michel Sleiman en Arabie saoudite et sa rencontre avec le roi Abdallah en présence du président Saad Hariri, précédée par une campagne contre le royaume orchestrée essentiellement par le Hezbollah?
C’est une visite fort importante pour le Liban, parce qu’elle s’inscrit à contre-courant de la politique du Hezbollah qui a tenté de l’isoler de son environnement arabe et surtout des pays du Golfe. Ce qui s’est répercuté de façon négative sur l’économie libanaise et sur les Libanais qui travaillent dans le Golfe. A travers sa visite, le président Sleiman affirme que la politique du Hezbollah est contestée par la majorité des Libanais et que les échanges avec le Golfe se poursuivent et vont se renforcer. De plus, cette visite intervient à un moment où le Hezbollah a remplacé son slogan «Mort à l’Amérique» par «Mort à l’Arabie saoudite», parce qu’il considère qu’il combat l’Arabie en Syrie. Cette visite signifie aussi que le Liban refuse tous les agissements et positions du Hezbollah vis-à-vis de l’Arabie et considère que la politique du royaume est une politique d’équilibre régional. Quant à la participation du président Hariri à la rencontre avec le roi Abdallah, elle reflète le soutien de l’Arabie à Saad Hariri et aux forces du 14 mars.

Est-ce la raison pour laquelle le parti n’a pas 
beaucoup apprécié cette visite? On a entendu le député Mohammad Raad refuser que le Liban serve de prix de consolation…
Le pays a besoin d’une initiative équilibrée. Le Hezbollah qui se permettait tout, à l’ombre de la montée de l’influence iranienne, redoute aujourd’hui le retour de l’influence saoudienne dans la région. Les propos du député Raad constituent une sorte de menace adressée à l’Arabie. Qui êtes-vous pour menacer l’Arabie? Le parti craint les voitures piégées et les kamikazes parce qu’il s’est compromis dans la guerre syrienne et veut persuader le public chiite qu’il a enregistré des victoires. On ignore contre qui. Pourquoi les voitures piégées menacent-elles Dahié? Parce que le Hezbollah et le président Berry ont donné à cette région un caractère politique déterminé. Le Hezb devrait retirer les portraits et banderoles installés dans cette région afin que ses habitants puissent vivre en paix. Le Hezb vit aussi dans l’inquiétude d’être lâché par son public parce que son expérience de l’autosécurité dans la banlieue sud a été un échec. Il a été contraint de rejeter la responsabilité sur l’Etat, conscient du fait que sa relation avec son public commence à se lézarder.

Mais Mohammad Raad a accusé le Moustaqbal de vouloir frapper la Résistance dans le dos. C’est ce qui explique la bataille de Qoussair et aussi la victoire…
La prétendue victoire en Syrie est un guêpier pour l’ensemble de la communauté chiite. Ils sont incapables de l’assumer. Ils ont engagé les chiites dans une guerre régionale sunnite-chiite au lieu de circonscrire la crise. Comment les chiites du Liban vont-ils pouvoir supporter les conséquences du sang qui coule en Syrie, surtout si le conflit se prolonge pendant des années? Dans ses dernières déclarations, le député Michel Aoun dit que si le Hezbollah ne s’était pas rendu en Syrie, les Syriens auraient envahi le Liban. C’est du délire! Cela prouve la soumission totale de Aoun au Hezb, alors qu’il est conscient du danger qui menace le Liban.

Que pensez-vous de l’ingérence dans les affaires 
libanaises du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, que le Hezbollah a qualifiée d’insolente?
Si l’intervention de Kerry est contestée, que dire de l’ingérence de Kassem Suleimani et des Iraniens dans les affaires libanaises. Est-ce une intervention angélique? Qui prend les décisions concernant le Liban? Les Iraniens décident de la situation et c’est une honte. Le président Barack Obama affirme être concerné par le Moyen-Orient et ne pas souhaiter se brûler les doigts dans cette région. Mais les crimes des régimes iranien et syrien nécessitent une intervention. Le monde ne peut plus garder le silence alors qu’on compte 125 000 morts, encore plus de détenus et un million et demi de maisons détruites.

Comment décrire la situation à Tripoli à la lumière de l’escalade entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané?
Ils s’essayent au jeu confessionnel dans la ville. Le premier acteur à jouer sur cette fibre à Tripoli est le Hezbollah qui applique actuellement la politique syrienne à savoir celle de la division communautaire en incitant les alaouites contre les sunnites et cela pour que ce scénario s’étende au territoire syrien. 


Propos recueillis par Saad Elias

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