Magazine Le Mensuel

Nº 2927 du vendredi 13 décembre 2013

Presse étrangère

Le pays des combats


Cette semaine, le Hezbollah a pris une place de choix dans la presse étrangère qui a traité le sujet libanais. Derrière l’enlisement de la crise, quelques lueurs d’espoir arrivent à percer.

HAARETZ
Pays: Israël.
Genre: quotidien.
Diffusion: 72000 exemplaires par jour.
3e journal du pays, derrière Maariv et Yediot Aharonot.

Zvi Bar’el, le spécialiste des affaires du Moyen-Orient pour le journal israélien de référence, explique que «l’importation du conflit syrien au Liban pourrait se transformer en une vraie guerre interne».
Quelques heures après la revendication sur Twitter par les Brigades des sunnites libres de Baalbeck de l’assassinat de Hassan Lakkis, commandant militaire du Hezbollah, chargé des opérations aériennes, les membres de la communauté installés dans la capitale de la Békaa ont nié toute implication. Il est impossible de dire si le groupuscule est derrière cet assassinat mais, d’autre part, accuser Israël est peut-être trop facile.
Les affrontements de Tripoli ont fait du Liban un champ de bataille secondaire parallèle au conflit syrien et posent au Hezbollah un défi auquel il n’a pas encore été confronté. Non seulement parce que ces groupuscules libanais et étrangers ont créé des enclaves que le Hezbollah ne peut pénétrer, mais aussi parce qu’ils ont obtenu assez de renseignements pour mener de grosses attaques sous son nez.
Au vu des négociations de Genève qui s’ouvrent sous les auspices de l’accord entre l’Iran et l’Occident, même si les combats en Syrie devaient se poursuivre, le Hezbollah devrait préserver son statut particulier. Mais dans le même temps, même si un cessez-le-feu devait être signé en Syrie, le conflit libanais pourrait se poursuivre, tant le bras de fer communautaire et politique est vivace.  

CHRISTIAN SCIENCE MONITOR
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Diffusion: 113000 visiteurs par jour.

Le célèbre correspondant dans la région, Nicholas Blanford, n’en démord pas, «le Hezbollah se prépare à la guerre» contre Israël.
Sous le regard méfiant d’Israël, le Hezbollah a intensifié son entraînement militaire dans l’est et le sud du Liban. Les camps, qui comprennent des champs de tir, des parcours du combattant et des sites de guerre urbaine, forment des milliers de nouvelles recrues. Ils sont clairement visibles depuis le ciel, un changement pour une organisation qui, pendant deux décennies, a secrètement entraîné ses troupes en évitant le radar des avions espions israéliens. La construction de nouveaux camps, dont l’un couvre plus de sept kilomètres carrés à travers les montagnes escarpées, souligne l’expansion de la force de combat du Hezbollah depuis 2006.
La construction de simples installations de combat en zone urbaine peut indiquer que les combattants du Hezbollah envisagent de lancer des raids de type guérilla dans le nord d’Israël si une nouvelle guerre devait éclater. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a fait allusion à cette stratégie il y a deux ans. Le plus grand centre de formation de combat en zone urbaine a été construit en 2012 sur le flanc ouest de la vallée de la Békaa, autour de la localité de Janta, située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Zahlé, tout près de la frontière syrienne.

THE INDEPENDENT
Pays: Grande-Bretagne.
Genre: quotidien.
Diffusion: 68000 exemplaires la semaine, 110000 le dimanche.

Autre correspondant de renom dans la région, Robert Fisk qui, dans son billet cette semaine, parle d’un journaliste norvégien qui a commis un livre choc sur les atrocités de la guerre du Liban.
Odd Karsten Tveit a toujours été un type obsessionnel. A chaque histoire qu’il couvrait, il la creusait, il poussait l’étude toujours plus loin, voulait entendre toutes les histoires. Nous avons tous les deux parcouru l’histoire des guerres d’Israël au Liban, en 1978, en 1982, en 1996 et en 2006. De toutes ces histoires, Karsten a fait un livre, fruit d’une immense recherche qui restera comme le roman de la honte d’Israël au Liban et sa défaite historique. C’est le titre de l’édition anglaise – Goodbye Lebanon: Israel’s First Defeat. Ses entretiens détaillés des victimes de la torture – pendus par les bras, électrocutés, dans un cas, apparemment violés et maltraités, dans un autre, retenus dans un hôpital israélien – ont un pouvoir irrésistible de conviction. Il a couvert les événements sur le terrain dans le sud du Liban et interviewé des anciens combattants israéliens en Israël.
Je me suis demandé, en lisant ce récit honteux, pourquoi nous étions si surpris lorsque nous avons découvert que l’armée américaine torturait et tuait des prisonniers en Irak et en Afghanistan…

LA PRESSE
Pays: Canada.
Genre: quotidien.
Diffusion: 205000 exemplaires par jour.

Un correspondant du grand quotidien montréalais revient de Mlita, au «Hezbollahland». Reportage.
Le portrait de Hassan Nasrallah est partout dans le sud du Liban: réverbères, affiches, vêtements, porte-clés. Avec son turban noir, son imposante barbe poivre et sel et son sourire bienveillant, le secrétaire général du Hezbollah semble veiller sur les passants. Son image nous accompagne, un groupe de touristes et moi, pendant les deux heures de voyage, sur une autoroute chaotique sans lignes de démarcation des voies, entre Beyrouth et Mlita. Et qu’est-ce qui nous accueille dans l’amphithéâtre d’une cinquantaine de places, première étape de la visite du parc thématique consacré à la gloire du Hezbollah, de ses patriotes et martyrs? La voix de Hassan Nasrallah, qui, sur vidéo, nous souhaite la bienvenue. «D’où que vous soyez, je suis honoré d’être avec vous!».
Chandail Lacoste, chaussures blanches Adidas, bagues en argent aux doigts, sans barbe, mon guide contraste avec l’image des martyrs barbus au regard sévère présentés sur les affiches en bordure de la route menant au centre touristique.


 
LA MONTAGNE
Pays: France.
Genre: quotidien.
Région: Auvergne.
Diffusion: 180000 exemplaires par jour.
Le journal de Clermont-Ferrand titre: «Au Liban, les joueuses de futsal brisent les tabous pour imposer ce sport».
Aya Chiry, la capitaine d’une équipe féminine libanaise de futsal, baptisée «Star académie des sports», a dû affronter sa famille et son milieu pour pratiquer ce sport. «Au début, ma famille était contre. Elle me disait que le football ou le futsal n’étaient pas un sport de filles. J’ai dû m’imposer, mais vous voyez: maintenant je joue», affirme cette femme de 27 ans. Avec sept autres équipes, elle a entamé la semaine dernière le premier championnat de futsal féminin dans ce pays. Aya el-Khatib, une Palestinienne de 20 ans, originaire de Jéricho, est venue au Liban pour faire partie de l’équipe. «Je joue au football et au futsal depuis l’âge de 11 ans. Cela fait partie de ma vie». Gardienne de but, Nathalie Jilinguirian, 27 ans, d’origine arménienne, espère que d’autres filles rejoindront ce sport. «Nous allons avancer en âge et avoir des enfants. Nous ne pourrons peut-être plus nous y consacrer autant qu’avant».

Julien Abi Ramia

Top thèmes
Cette semaine, l’assassinat de Hassan Lakkis, membre éminent du Hezbollah, est en tête des sujets les plus abondamment traités par la presse internationale. Vient ensuite le sort des réfugiés syriens, confrontés à leur sort, à la méfiance des Libanais et au froid hivernal. Autre sujet en pointe cette semaine, le volet libanais de l’affaire dite Dassault, maire de Corbeil en France qui se servait de comptes au Liban pour faire transiter des sommes d’argent mystérieuses.

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