Magazine Le Mensuel

Nº 2933 du vendredi 24 janvier 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

L’intérimaire Hadi s’investit
Le président intérimaire au Yémen, Abed Rabbo Mansour Hadi, semble avoir perdu tout espoir de résultats concrets de la conférence du dialogue national qui se tient depuis plusieurs mois dans la capitale Sanaa. Par conséquent, il a décidé d’économiser ses efforts pour résoudre le conflit militaire qui oppose les rebelles houthistes aux salafistes. Des combats meurtriers qui font rage au nord du pays et provoquent la mort de centaines de personnes. Hadi, qui n’a jamais vraiment brillé à son poste, a trouvé la solution miracle: déplacer le camp armé des salafistes de la province d’Omran, afin de séparer les belligérants. En contrepartie, ces derniers pourront garder leurs armes lourdes et tout leur arsenal de guerre, sans être inquiétés par l’armée. Une solution à la yéménite qui ne rassure pas grand monde, des tentatives similaires ayant échoué par le passé.   

 

Qui a tué les opposantes kurdes?
L’assassinat de trois activistes kurdes à Paris, en janvier 2013, avait soulevé plusieurs questions sur les vrais auteurs de ce crime ignoble. Alors que les médias turcs prétendaient que la tuerie était due à un conflit à l’intérieur du Parti des travailleurs du Kurdistan, ce scénario ne tient plus, la police française détenant désormais le dénommé Omer Güney, soupçonné d’être le tueur à gages. Pour compliquer la situation du gouvernement turc, l’homme en question travaillerait pour les services de renseignement d’Ankara. La justice française a mis la main sur une liste de communications téléphoniques entre lui et plusieurs officiers turcs.       

Al-Fatih Izzeddine le nouveau chef du Parlement soudanais, un réformateur proche du président Omar Hassan el-Bachir, a tendu la main à l’opposition. Une première car le parti au pouvoir à Khartoum refusait par le passé de négocier à pied d’égalité avec Sadek el-Mehdi et Hassan Tourabi. Dans sa première allocution après son élection, Izzeddine a déclaré: «Nous adopterons une ligne conciliatrice avec les autres partis politiques en vue d’un accord sur une nouvelle Constitution». Un appel bien accueilli par les opposants désormais prêts à discuter.           

Jalal Talabani le président irakien est absent depuis de longs mois de la scène politique à cause de la détérioration de son état de santé. Entre-temps, son parti, l’Union patriotique du Kurdistan, a subi une défaite électorale cinglante lors des élections qui se sont déroulées dans la province semi-indépendante du Kurdistan irakien. Un résultat qui n’a pas plu à la famille du président, notamment sa femme et son fils, qui ont décidé de saboter les pourparlers concernant un nouveau gouvernement. Ainsi, quatre mois se sont écoulés depuis le scrutin sans qu’Irbil ne réussisse à s’entendre sur le nom du nouveau Premier ministre ou sur la répartition des portefeuilles. Raisons de cette position négative: le faible score de l’Union patriotique qui ne lui permet d’être représentée que par deux ministres.        

En pointillé…
Le Premier ministre marocain, chef du parti islamiste Justice et Développement, Abdel-Ilah Benkirane, ne mâche plus ses mots. Il accuse désormais ses détracteurs d’être coupés de la réalité. Selon lui, les partis al-Istiklal et l’Union socialiste n’ont toujours pas digéré le fait d’avoir perdu les élections ni qu’il soit à la tête du gouvernement. Il a ironisé: «Même ma présence à leur côté au Parlement les gêne énormément». Ces déclarations qui ont jeté de l’huile sur le feu prouvent que la scène politique marocaine va connaître une forte tension tout au long de l’année 2014, avec l’approche des élections parlementaires. Pour sa part, Hamid Chabat, secrétaire général d’al-Istiklal, a attaqué de plein fouet le projet islamiste qu’il a qualifié de dangereux pour son pays et refusé toute exploitation de la religion à des fins politiciennes.       

Une visite très symbolique  
Le président iranien, Hassan Rohani, a effectué un déplacement surprenant à la province sud du Khouzistan à majorité arabe. Un choix ayant pour but de prouver qu’il tenait à améliorer les rapports entre Téhéran et cette région du pays, considérée peu nantie. Depuis son élection, les choses n’ont pas vraiment changé, le budget annuel attribué au Khouzistan ayant été réduit, poussant ses dix-huit représentants au Parlement à présenter leurs démissions. Cela appartient au passé, Rohani ayant promis aux habitants 300000 nouveaux emplois grâce aux «relations spéciales qu’il entretient avec le voisin irakien». Le président a de même tenu à se démarquer de ses prédécesseurs en s’adressant à la foule en langue arabe. Du jamais vu!            

Chafik a-t-il encore des chances?
Après la destitution du président égyptien Mohammad Morsi, tous les observateurs croyaient aux chances de voir Ahmad Chafik le remplacer à la tête de l’Etat. Mais depuis, la donne a changé, puisque le ministre de la Défense, Abdel-Fattah el-Sissi, se présente comme l’homme providentiel qui sauvera l’Egypte de ses misères. Une situation qui ne plaît pas au gouverneur de Dubaï, Mohammad Ben Rached Al Maktoum, qui a déclaré publiquement préférer Chafik au ministère de la Défense. Une position due aux liens privilégiés que maintient l’homme fort de Dubaï avec Ahmad Chafik, réfugié aux Emirats depuis plusieurs mois. Ces déclarations ne sont pas passées inaperçues au Caire, qui a refusé de les commenter publiquement, préférant régler cette discorde à l’amiable et loin des médias.    

Oslo n’a vraiment rien changé
Le Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, a été humilié à un barrage de l’armée israélienne au nord de la ville de Ramallah. Une situation nouvelle pour le chef du gouvernement mais qui, hélas, est celle du quotidien de milliers de Palestiniens. Ainsi, non seulement Hamdallah a reçu l’ordre de retourner à la Moukataa, mais de plus, ses gardes du corps ont été détenus par les soldats israéliens, alors que sa voiture était attaquée par des colons à coups de pierres. La seule bonne nouvelle: des dizaines d’automobilistes palestiniens ont abandonné leurs véhicules pour encercler la voiture de Hamdallah afin de la protéger des projectiles lancés par les juifs ultra-orthodoxes. A Tel-Aviv, le gouvernement accuse le convoi de Hamdallah, «qui a provoqué  un embouteillage monstre».   

Ghannouchi invite les Ikhwan
Le chef du Mouvement islamiste tunisien Ennahda confirme jour après jour sa mainmise sur toutes les institutions du pays et se comporte en guide suprême. Le cheikh Rached el-Ghannouchi vient d’inviter les leaders égyptiens du Mouvement des Frères musulmans à s’exiler au pays de Bourguiba afin d’éviter la prison dans leur pays. Une telle décision serait, selon lui, nécessaire, car conforme aux traités des Nations unies. Des propos rejetés par l’opposition laïque, qui s’est étonnée que Ghannouchi, qui n’occupe aucune position officielle, se permette de prendre de telles décisions au nom de l’Etat. Pour des analystes à Tunis, cette invitation prouve encore une fois que Ghannouchi est le vrai gouverneur et non pas le président par intérim Moncef el-Marzouki, qui ne s’est jamais imposé sur la scène politique.         

Sleiman est de retour
L’actuel ambassadeur de Syrie à Amman, le général Bahjat Sleiman, avait pris le choix de la discrétion depuis l’éclatement de la révolte syrienne. L’ancien chef des services de renseignement syriens, qui adorait figurer dans les médias, s’était tenu à l’écart malgré les nombreuses sollicitations qu’il avait reçues. Ce n’est plus le cas depuis le flamboyant communiqué de l’ambassadeur, dans lequel il donne des noms d’oiseaux au parlementaire jordanien Abdallah Obeidat. Le législateur, proche des islamistes, avait prié Dieu au cours d’une séance parlementaire de mettre fin à la vie du président Bachar el-Assad. Une insulte qui a choqué le général Sleiman, le poussant à accuser Obeidat, entre autres, d’être un moins que rien et un grossier personnage. Ces échanges n’arrangent pas la relation entre Damas et Amman, vu les tensions qui persistent entre le président Assad et le roi Abdallah II, depuis la crise syrienne qui affecte le royaume sur tous les plans.  

3,8 millions de réfugiés sont nourris par l’Onu à l’intérieur de la Syrie. L’organisation onusienne a indiqué que seules les provinces de l’est du pays étaient hors de sa portée, car sous contrôle de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Des chiffres effrayants qui ne représentent pourtant qu’une infime partie des millions de réfugiés syriens dans les pays voisins. Selon le Programme alimentaire mondial, l’aide ne peut pas être augmentée, puisqu’en 2013, 100000 mètres cubes d’aliments avaient été envoyés au pays des Omeyades, soit le cargo de 58 gros avions transporteurs. Depuis le début du conflit, les régions d’al-Maadamiya, Haresta et al-Yarmouk près de Damas n’ont rien reçu car frappées d’un blocus. Une décision prise par le régime syrien qui accuse les organisations internationales, et notamment les Nations unies, de prendre le parti des rebelles armés. Damas allant même jusqu’à accuser certaines de ces organisations de tenter d’approvisionner ces rebelles en armes et en munitions.          

181 compagnies étrangères ont fui le Yémen en 2013. Selon Mohammad Salah, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie à Sanaa, les entrepreneurs préfèrent opérer dans des pays voisins, notamment au sultanat d’Oman et à Djibouti. Pire encore, le capital perdu à cause de ces délocalisations dépasserait les 7 milliards de dollars, une somme énorme pour un pays comme le Yémen qui souffre d’insécurité et de troubles politiques depuis la chute du régime du président Ali Abdallah Saleh. Le gouvernement en place a nié ces déclarations, assurant que le nombre de compagnies qui avaient jeté l’éponge ne dépasserait pas la cinquantaine et que le pays n’avait rien à craindre, la croissance revenant en 2014. Des déclarations qui ne rassurent personne, même pas les membres du gouvernement!                

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