Magazine Le Mensuel

Nº 2934 du vendredi 31 janvier 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

L’éloge à Hariri
Les milieux du Moustaqbal ont tendu une oreille attentive à l’éloge fait par le général Michel Aoun, à son retour du Vatican, à l’ex-Premier ministre Saad Hariri lorsque ce dernier a annoncé qu’il acceptait de dépasser les émotions personnelles et de siéger aux côtés du Hezbollah dans un cabinet de 8×3. Ces milieux ont perçu la déclaration du chef du CPL comme une invitation à l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre les deux leaders. Cet épisode a été accompagné de rumeurs sur une rencontre secrète Aoun-Hariri à Rome, rumeurs démenties par la suite par les deux camps. Pour ce qui est de la proposition du général, elle est sous étude selon les mêmes milieux, et ne trouvera pas écho au détriment de la relation avec le Dr Samir Geagea.

 

Zarif n’est pas le bienvenu
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Jawad Zarif, a sollicité un rendez-vous pour une visite en Arabie saoudite incluant une rencontre avec le roi Abdallah. La réponse des autorités saoudiennes, qui lui ont fait savoir qu’il devra se contenter d’une réunion avec son homologue des Affaires étrangères, a déplu à Téhéran qui a décidé d’annuler la visite. L’ex-président iranien, Mohammad Khatami, a tenté une médiation auprès des Saoudiens qui sont restés inébranlables. Les Iraniens ont fait alors parvenir un message fort via la scène libanaise, lorsque leurs alliés locaux et les médias du Hezbollah ont mené campagne contre Riyad l’accusant d’être le fomentateur des dernières explosions au Liban. Ce qui a dérangé les responsables libanais au plus haut point. Ils pensent qu’on ferait mieux de remercier l’Arabie pour les trois milliards de dollars offerts à l’armée.

Les Affaires étrangères très convoitées
Le portefeuille des Affaires étrangères fait l’objet de toutes les convoitises. Les leaders du 14 mars estiment que ce ministère fait partie de leur quota, sans que le 8 mars ait son mot à dire à ce sujet. Alors que la coalition du 8 mars propose, dans le cadre des négociations, de nommer une personnalité indépendante à cette fonction en cette période délicate. Le président Nabih Berry a avancé le nom de l’ex-ministre Jean Obeid, vu son expérience passée dans ce ministère… On dit même qu’il en aurait parlé au président Fouad Siniora lors de leur dernière rencontre, mais celui-ci n’a pas voulu donner une réponse claire à cette proposition. Du côté de Moussaïtbé, le président Tammam Salam a œuvré en faveur de l’ambassadeur Nagi Abi Assi, sauf que le président Sleiman préfère garder le diplomate à ses côtés à Baabda.

Le général Aoun mène campagne
Malgré le démenti du Courant patriotique libre, des sources ministérielles confirment qu’une réunion a eu lieu entre le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah dans la banlieue sud. Seule et unique clause à l’ordre du jour: la présidentielle. Le général qui a informé son allié chiite de sa volonté de poser sa candidature à la première fonction de l’Etat, a reçu les encouragements de son interlocuteur. La rencontre s’est déroulée avant le voyage de Aoun au Vatican. Les milieux du Moustaqbal indiquent que c’est dans cette perspective que le général avait l’intention de voir Hariri à Paris, mais la rencontre n’a pas eu lieu pour plusieurs raisons: l’absence de l’ex-Premier ministre qui se trouvait à La Haye pour assister à la séance d’ouverture du TSL, et d’autres motifs que les proches de Hariri n’ont pas voulu dévoiler.

Inventaire de biens publics et privés
Après les agressions successives sur les biens de l’Etat dans plus d’une région, le Premier ministre désigné, Tammam Salam, programme dès son accession au pouvoir de mettre sur pied une commission d’urgence composée de hauts responsables administratifs et militaires, chargée de dresser l’inventaire des propriétés publiques et privées notamment celles appartenant au Wakf des communautés chrétiennes au Sud et dans le périmètre de l’aéroport. Le patriarche maronite Béchara Boutros Raï avait évoqué ce dossier avec la délégation du Hezbollah qui lui a rendu visite à Bkerké, et l’un des membres de la délégation, Ghaleb Abou Zaïnab, a promis de transmettre le message du patriarche et de revenir vers lui au plus vite avec une réponse.

Cacophonie libanaise à Genève II
Avant de prendre l’avion pour participer au congrès de Genève II, le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, s’est réuni avec le président Michel Sleiman qui l’a briefé sur la position officielle du Liban et lui a remis l’allocution à prononcer à la séance d’ouverture. Le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, n’avait pas jugé bon de détacher une délégation libanaise à Genève, se contentant de celle des Affaires étrangères conduite par le ministre Mansour. La politique de distanciation et de neutralité prônée par Beyrouth, formulée dans le texte de l’allocution, est claire, sachant que le Liban n’est pas invité à participer aux débats et qu’en cas de vote, il s’abstiendra. Le ministre Mansour a évidemment remanié le texte en tentant de justifier l’ingérence du Hezbollah dans la guerre en Syrie, ce qui a nécessité une réaction du président de la République: «Le ministère des Affaires étrangères appartient à l’Etat et la position immuable du Liban est la neutralité, pour contourner les incidences négatives de la crise syrienne, à travers la suspension immédiate de toute intervention dans les affaires internes syriennes».

Le Vatican inquiet pour les chrétiens d’Orient
De retour du Vatican, le général Michel Aoun n’a rien voulu dire de la teneur des entretiens qu’il a eus avec les responsables du Saint-Siège. Mais des milieux proches du tayyar révèlent que les pourparlers ont porté sur la situation des chrétiens du Levant à la lumière des agressions dont ils font l’objet en Syrie, en Irak et en Egypte, et des fatwas qui autorisent l’assassinat des «incroyants». La Russie, en coopération avec la communauté internationale et l’Union européenne, a pris en charge la protection des chrétiens d’Orient après la visite d’un responsable venu de Moscou au Vatican.

L’armée définit ses besoins
Après avoir accompagné le conseiller diplomatique du président François Hollande, Emmanuel Bonne, dans sa tournée au Liban, le chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud, met le cap sur l’Arabie saoudite pour informer les autorités de Riyad des résultats des pourparlers avec les responsables libanais. Le militaire français soumettra une première liste qui lui a été remise par le commandement de l’armée, comportant les besoins urgents de la troupe dans le cadre de l’aide saoudienne au Liban.

 

Présidentielle libanaise: Moscou prend de l’avance
Selon un rapport diplomatique, Moscou prend rapidement de l’avance sur la liste des électeurs internationaux du futur président de la République libanaise. La Russie, explique l’auteur du rapport, a récolté plusieurs atouts au Liban et dans la région en conservant des relations relativement équilibrées avec tous les bords, en encourageant le dialogue politique… Ainsi, l’élection présidentielle prochaine au Liban se concocte d’ores et déjà, et parmi les priorités, la lutte antiterroriste figure en bonne place. Le rapport révèle que Moscou s’apprête à «scanner» les éventuels présidentiables civils ou militaires… C’est que le nouveau locataire du palais de Baabda sera la résultante d’une entente entre Moscou et Washington, estime le même rapport. Cela pousse les deux capitales à vouloir trouver le candidat qui pourra assurer cet équilibre avec un minimum de dégâts. L’entente russo-américaine sur l’heureux candidat est liée à la poursuite de la coopération antiterroriste entre les deux pays au Liban, dans la région et ailleurs. Dans cette perspective, le chef d’état-major américain, Martin Dimpsey, avait rencontré son homologue russe, Valeri Guérassimov, à Bruxelles et annoncé la disposition de son pays à offrir une assistance technologique de pointe à Moscou pour assurer la sécurité des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi prévus en février.

Le retour des nassériens
L’Egypte reprend un rôle dans les milieux sunnites libanais, rapporte-t-on de sources beyrouthines. L’ambassade d’Egypte au Liban s’active à se rapprocher des forces nassériennes à Beyrouth et dans les régions traditionnellement loyales au Caire, après une rupture de quelques années. Parallèlement, al-Azhar manifestait son appui au mufti de la République libanaise, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani, au lendemain de l’agression dont il a fait l’objet dans la mosquée Kachoukji. Les sources indiquent qu’al-Azhar est actuellement favorable à une prorogation du mandat du mufti. Si jamais ses adversaires réussissent à imposer l’un des leurs à Dar el-Fatwa, cela signifierait l’élimination de la voix égyptienne dans le choix du nouveau mufti. Ceci ne va pas dans le sens des souhaits de la diplomatie égyptienne qui cherche à consolider sa présence au plan régional et au Liban. Deux partis nassériens, al-Ittihad de l’ex-ministre Abdel-Rahim Mourad et les Mourabitoun de Moustafa Hamdan, avaient organisé une manifestation devant l’ambassade à Beyrouth en appui à la «poursuite de la rébellion du 25 janvier et au référendum sur la Constitution». Les protestataires avaient hissé des portraits du président défunt Jamal Abdel-Nasser et du candidat à la présidence, Abdel-Fattah el-Sissi, avant de remettre un mémo politique au consul d’Egypte.

Tripoli: les takfiristes font la loi
Des hommes masqués, vociférant des slogans takfiristes, ont mis le feu à des bars situés dans la région de Mina à Tripoli. Ils ont semé la panique et fait fuir les clients, rapporte une source locale. Ce crime, fait-elle observer, prouve une fois de plus combien le président Saad Hariri est politiquement coincé en raison des agissements des groupes wahhabites qui rendent la vie de plus en plus dure aux Tripolitains. Surtout à ceux appartenant à la classe moyenne qui rejettent toute espèce de fanatisme et refusent la domination des éléments armés sur leurs biens.
Selon les rumeurs, révèle la source, une personnalité tripolitaine serait derrière quelques groupuscules qui ont diffusé une vidéo menaçant d’incendier les bureaux du Moustaqbal en réponse à l’acceptation par l’ex-Premier ministre de participer à un «gouvernement rassembleur englobant le Hezbollah». Ces rumeurs n’épargnent pas le gouvernement du Qatar qui, selon la source qui cite des proches du Moustaqbal, cherche à diviser les sunnites du Liban, après avoir échoué à les attirer dans son giron en les arrachant à l’Arabie saoudite. Doha serait aujourd’hui le financier principal de ces bandes qui veulent imposer leur volonté au public de Hariri qui reste le symbole du centrisme et de la modération dans la capitale du Liban-Nord.

Les Ikhwan menacent un juriste libanais
Le Dr Daoud Khaïrallah, juriste libanais connu, professeur en droit international à l’université Georgetown à Washington, a reçu des menaces de mort de la part de quelques jihadistes, après que la chaîne al- Jazeera eut reçu, dans le cadre d’un programme politique, un invité qui a prétendu que Khaïrallah cherche à défigurer l’image des Frères musulmans en Egypte et qu’il aurait obtenu d’un haut responsable égyptien quelque vingt millions de pounds. Khaïrallah, qui réfute toutes ces allégations, indique que la chaîne qatarie a refusé de lui donner un droit de réponse. Il a, dit-il, pris contact avec al-Jazeera verbalement et par écrit en lui communiquant les détails des menaces dont il fait l’objet, priant l’animateur de lui donner l’occasion de mettre les choses au point, mais en vain. La chaîne, aujourd’hui dominée par la confrérie des Ikhwan, a continué à tergiverser… Des sources juridiques arabes estiment que la cabale menée contre Khaïrallah, le Libanais chrétien, s’inscrit dans le cadre d’une campagne visant plusieurs juristes chrétiens égyptiens dont les conseillers Wadih Hanna et Nabil Slayeb, deux hauts magistrats en Egypte. Les Ikhwan cherchent, à travers de fausses accusations, à confessionnaliser le conflit qui les oppose à l’armée et à l’Etat.

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