Magazine Le Mensuel

Nº 2938 du vendredi 28 février 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Mohammad Dahlan de retour  
L’ancien homme fort du Fateh et ennemi numéro un du Hamas, Mohammad Dahlan, semble avoir trouvé un terrain d’entente avec le mouvement islamiste, ce qui a permis à plusieurs de ses cadres, chassés de la bande de Gaza, de retourner chez eux après sept ans d’exil. Un développement dû aux mauvaises relations entre Dahlan et Abou Mazen, qui avait incité le premier à se réfugier aux Emirats arabes unis. Les relations spéciales qu’entretient l’ancien compagnon de Yasser Arafat avec les responsables émiratis seraient l’autre raison qui aurait poussé le mouvement de Khaled Mechaal à lui tendre la main, espérant ainsi recevoir un soutien financier qui manque tant au Hamas. Dahlan maintient aussi des liens privilégiés avec les responsables militaires égyptiens, ce qui jouera sûrement en sa faveur s’il décidait de rentrer à Gaza.    

   

Turbulences au Koweït
La décision du gouvernement koweïtien d’approuver l’accord sécuritaire, proposé par le Conseil de coopération du Golfe, a provoqué une vive polémique au sein du petit émirat. Pour une fois, la communauté chiite s’est trouvée en accord avec le mouvement des Ikhwan pour s’opposer à un traité qui autorise l’extradition des ressortissants koweïtiens en Arabie saoudite, au cas où les Saoudiens l’auraient demandé. Un scénario cauchemardesque qui avait poussé l’émir à reporter pendant de longs mois l’examen de cette question. C’est ce qui explique le renvoi de ce projet par le Parlement jusqu’à nouvel ordre, une décision qui a apaisé les tensions internes.   

Mohammad Javad Zarif ministre iranien des Affaires étrangères, a réussi à renouer le dialogue avec un grand nombre de pays arabes qui étaient en désaccord avec Téhéran, notamment avec le voisin émirati et le royaume du Maroc. Par conséquent, Rabat a décidé de renouer ses rapports diplomatiques avec Téhéran, après une rupture de cinq ans, alors qu’Abou Dhabi envoie son chef de Parlement traverser la République islamique de bout en bout. Une tournée où il a été reçu en héros par les responsables locaux. Une scène inimaginable il y a un an.      

Sami Annan ancien chef d’état-major de l’armée égyptienne, vient d’annoncer sa candidature à la présidence de la République. Une décision pour le moins surprenante, Annan ne jouissant d’aucun soutien de la population, ni même de l’armée. Les militaires lui en veulent d’avoir lâché son président Hosni Moubarak, avant de faciliter la tâche de Mohammad Morsi et de la confrérie des Frères musulmans, qui avait pris le Pays des Pharaons en otage. Les mauvaises langues assurent que sa candidature serait secrètement soutenue par les Ikhwan, qui veulent à tout prix empêcher un raz-de-marée pro-Abdel-Fattah el-Sissi lors de l’élection présidentielle. Ami de longue date de Washington, Sami Annan aurait consulté l’ambassade américaine avant de se lancer dans cette action. Sorti par la petite porte, Annan aurait mieux fait de rester dans l’ombre.        

En pointillé…
Le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan, Abdallah Ocalan, a célébré sa 14e année passée derrière les barreaux avec des membres kurdes du Parlement turc, qui ont obtenu l’autorisation de lui rendre visite dans sa cellule. Les parlementaires l’ont trouvé fatigué et agacé de voir le gouvernement d’Ankara traîner à décider de sa libération, bien qu’il ait tenu parole en ordonnant à ses combattants de quitter le territoire turc. Devant cette situation, pour le moins accablante, il se serait confié au député Pervin Buldan, lui disant que si Erdogan ne tient pas parole, le prix à payer sera très lourd. Il a même ajouté: «A ce jour, 50000 morts sont tombés. Veulent-ils vraiment qu’il y en ait 500000?». Des paroles qui prédisent le pire.   

   

Bachir s’en prend à la Croix-Rouge
Le régime du président soudanais, Omar Hassan el-Bachir, n’a jamais été connu pour être tendre avec les organisations internationales, qualifiées d’agences d’espionnage. Jamais auparavant les militaires n’avaient osé s’en prendre aux activités du Comité international de la Croix-Rouge, auquel ils viennent d’ordonner de cesser toute action sur le territoire soudanais. Ceci signifie que les 700 employés locaux du CICR ne pourront plus venir en aide aux sinistrés des provinces du Darfour, du Kordofan et du Nil Bleu, sauf si les dirigeants à Genève acceptent les conditions posées par Khartoum, qui souhaite voir la branche soudanaise de cette organisation placée sous la tutelle du gouvernement. Une fois encore, le régime de Bachir prouve son intolérance et son despotisme.   
   
Un couple moderne!
Pour la première fois, le ministre égyptien de la Défense, le maréchal Abdel-Fattah el-Sissi, participe à une cérémonie en compagnie de sa femme qui n’avait jamais été vue en public. Un geste calculé pour permettre au peuple égyptien de connaître sa prochaine Première dame, qui n’a rien d’une Suzanne Moubarak. La mère de quatre enfants s’est présentée en tenue sobre, sans bijoux comme le faisaient les épouses de Hosni Moubarak et d’Anwar Sadat. Elle serait la deuxième femme d’un chef d’Etat égyptien voilée depuis l’indépendance du pays au milieu du XXe siècle, après l’épouse  de Mohammad Morsi. Au cas où son mari est élu, elle tiendra un rôle très discret, ce qui ne déplaira pas à une société égyptienne de plus en plus conservatrice.         

Coup d’Etat au palais
Le président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud, a échappé une fois de plus à une énième tentative d’assassinat et n’a survécu que grâce à l’intervention des forces éthiopiennes qui protègent la présidence. Le mouvement salafiste al-Shabab, proche d’al-Qaïda, avait réussi à introduire des dizaines de ses combattants à l’intérieur même du compound qui abrite aussi les bureaux du Premier ministre. Résultat, des dizaines de morts, dont le directeur du cabinet du chef de l’Exécutif. Ce n’est pas la première fois que la présidence subit une attaque directe d’al-Shabab, ce qui prouve à quel point la situation reste précaire à Mogadiscio, malgré la présence des forces africaines supposées rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant d’apprendre que le chef de l’Etat passe la plus grande partie de son temps à l’étranger.       

Pourparlers Netanyahu-Hamas!
Selon les médias israéliens, le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyé, enverrait des messages secrets au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, portant sur la nécessité de garder le calme à Gaza. Des affirmations qui affaiblissent encore plus les islamistes, au moment où ils critiquent le président Mahmoud Abbas pour avoir reçu 200 étudiants israéliens à Ramallah. Selon Tel-Aviv, Haniyé aurait demandé explicitement dans une lettre à Bibi, début février, que l’armée israélienne ne s’engage pas dans une aventure militaire contre l’enclave palestinienne. Fureur des dirigeants du Hamas, qui nient tout en bloc et affirment qu’ils ne communiquaient avec l’Etat hébreu que par l’intermédiaire d’une tierce partie: l’Egypte. Mais les contacts entre Gaza et Le Caire étant rompus, il n’est pas surprenant de voir Haniyé entreprendre une telle démarche.        

Retraite anticipée pour Mouktada
Ce n’est pas la première fois que le chef du mouvement sadriste, sayyed Mouktada el-Sadr, décide d’abandonner la scène politique irakienne. Selon des analystes, cette annonce pourrait être la dernière, puisque jamais auparavant le sayyed n’avait critiqué aussi sévèrement les politiciens de son pays, notamment le Premier ministre Nouri el-Maliki, qu’il a qualifié de dictateur et d’usurpateur. Cette décision a semé le désordre parmi les proches du leader chiite qui ont tenté en vain de le rencontrer pour l’en dissuader. Or, il n’est pas sûr que cette démarche affaiblisse l’ennemi juré de Mouktada, Maliki, qui se frotte déjà les mains puisqu’il est désormais débarrassé de son plus sérieux adversaire dans la communauté chiite. C’est le clan anti-Maliki qui s’est trouvé endeuillé après cette annonce et, en particulier, les partisans de la liste irakienne d’Iyad Allaoui et de l’Alliance kurde de Massoud el-Barzani. Des mauvaises langues affirment que Sadr aurait succombé aux pressions iraniennes qui veulent revoir Maliki reconduit à la tête du gouvernement.        

78000 internautes ont décidé de ne plus suivre sur Twitter le compte personnel du président turc Abdullah Gül. Une campagne de boycott provoquée par la décision du chef de l’Etat de soutenir la proposition de loi présentée par le gouvernement imposant une censure sur les utilisateurs des réseaux sociaux. Pour se défendre, le président a assuré qu’il avait exigé que le gouvernement introduise deux amendements afin d’alléger le contrôle des autorités sur les internautes. Une ligne de défense qui a, en fin de compte, convaincu la majorité de ses abonnés, puisque quatre millions lui sont restés fidèles. Cette affaire laisse perplexes les observateurs à Ankara, qui ont noté que leur pays comptait plus de 34 millions d’internautes et que le gouvernement avait imposé à toutes les écoles d’assurer l’accès à Internet à leurs élèves, rendant presque impossible le contrôle de la Toile. Mais le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, semble déterminé, depuis que les articles et les commentaires en ligne qui lui sont adressés sont devenus de plus en plus négatifs.      

3 milliards d’euros est le coût du pipeline qui devra relier les gisements gaziers israéliens à l’île de Chypre, pour éventuellement atteindre les côtes turques et ravitailler l’Europe occidentale. Un projet ambitieux qui portera un coup dur à la Russie et au Qatar, principaux exportateurs de gaz au monde, mais qui ne pourra voir le jour que si une solution définitive est trouvée au conflit chypriote. D’où la décision prise par les deux parties de l’île de renouer le dialogue et de relancer le processus de paix qui avait été bloqué à cause de l’intransigeance d’Ankara. Ce pipeline représente une occasion en or pour résoudre une fois pour toutes un conflit qui remonte à quatre décennies et qui pourra aboutir à la création d’un Etat fédéral, avec Nicosie comme capitale. L’espoir est que les intérêts économiques convainquent Turcs et Grecs qu’il serait bon de clore ce dossier.

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