Magazine Le Mensuel

Nº 2901 du vendredi 14 juin 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

En pointillé
Les conditions sécuritaires en Libye se détériorent de jour en jour, rendant la vie insupportable. Les leaders politiques qui regardent, impuissants, le pays s’enfoncer dans l’anarchie, jettent l’éponge l’un après l’autre. Néanmoins, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a volé à son aide en proposant l’envoi de troupes sur le terrain pour maintenir la sécurité et l’ordre public. Stupéfaction à Bruxelles, aucun membre de l’Alliance Nord-Atlantique n’ayant été prévenu de cette décision, ce qui a provoqué la colère d’un grand nombre de capitales européennes, notamment Paris et Londres qui ont, en priorité, le dossier syrien. Ce n’est pourtant pas l’avis de Washington, l’Administration Obama ayant fait savoir qu’elle serait prête à aider Tripoli à contrôler ses frontières terrestres. 

 

Rami el-Hamdallah nommé chef du tout nouveau gouvernement palestinien, succède à Salam Fayyad, qui avait jeté l’éponge deux mois auparavant. Agé de 55 ans, ce docteur en langue anglaise et président de l’université al-Najah, est respecté sur l’échiquier politique palestinien. Considéré indépendant, cet académicien n’est pas connu pour avoir des ennemis. Il a formé un cabinet de technocrates comme le lui a demandé le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en évitant de fâcher le Hamas. Ce ne sera pas une tâche facile vu les tensions grandissantes entre Gaza et Ramallah.

Adib Mayaleh gouverneur de la Banque centrale syrienne, connu pour ses frasques médiatiques et ses déclarations pour le moins choquantes,  vient de franchir un nouveau cap. Interrogé sur la possibilité du pays des Omeyades de faire face pour la première fois depuis cent ans à la famine, il a répondu: «Je leur ferai manger du ‘Hashish’». Face au tollé suscité par ses déclarations, il s’est très vite rétracté, affirmant qu’il ne faisait pas allusion à la drogue, mais au persil, à la coriandre et autres plantes! Mayaleh aurait mieux fait de se taire et de s’occuper de l’état catastrophique de la livre syrienne, qui n’avait jamais connu une telle chute. Seule bonne nouvelle: pour la première fois depuis mars 2011, le peuple syrien a condamné fermement et à l’unanimité ses propos.   

Le dialogue face à l’impasse
Le Yémen, déchiré par les divisions internes, devait reprendre le chemin de la prospérité grâce au dialogue national mis en place à travers le plan de paix présenté par les pays du Golfe. Malheureusement, ce ne sera probablement pas le cas puisque la mouvance chiite des Houthi a décidé de protester contre ce processus considéré porteur de persécutions de ses sympathisants.
Ce développement a fait suite au refus des autorités à Sanaa d’accorder des visas à des délégations étrangères venues présenter leurs condoléances à la suite de la commémoration du décès du sayyed Hussein el-Houthi. Pire encore, selon les rebelles, le gouvernement aurait interdit aux médias locaux de couvrir les obsèques grandioses organisées par ses fidèles.       

Rapprochement entre islamistes
Malgré les vives tensions ravivées par le conflit syrien entre communautés sunnite et chiite à travers le monde musulman, il semble que le régime iranien et les Talibans se soient trouvé un terrain d’entente. Le mouvement afghan a révélé avoir envoyé, début juin et en toute discrétion, une délégation s’entretenir avec les officiels à Téhéran. La visite, qui aurait duré trois jours, n’est pas passée inaperçue à Washington.
Le mouvement du Mullah Omar souhaiterait la présence de la République islamique à la table des négociations de paix à Kaboul. Certaines sources affirment que la délégation des Talibans était présidée par le chef de son bureau politique. Une grande première.

Tunis s’attaque à la presse
Le gouvernement tunisien, présidé par le Premier ministre Ali Larayedh, a choqué les milieux médiatiques avec la nomination d’al-Nouri Lajmi à la présidence du Conseil indépendant de l’audiovisuel, l’équivalent du CSA en France. Or, l’heureux élu n’est pas connu pour son attachement aux valeurs démocratiques, puisqu’il constituait un des piliers de l’appareil autoritaire du régime Ben Ali. Mais depuis la chute de l’ancien président, Lajmi a gagné la faveur du mouvement Ennahda, qui souhaite contrôler plus étroitement la liberté de la presse. C’est la raison pour laquelle les médias se sont empressés de critiquer sévèrement ce choix qui, selon eux, est un véritable retour en arrière. La révolution des jasmins, porteuse de grands espoirs démocratiques, semble avoir échoué à changer fondamentalement le système de gouvernance et la façon avec laquelle le régime traite la presse indépendante.     

Une police très spéciale à Gaza  
Les policiers du mouvement Hamas, qui font régner la loi dans les rues de la bande de Gaza, viennent de se voir attribuer de nouvelles prérogatives.
Fathi Hamad, ministre de l’Intérieur des islamistes, a annoncé que «désormais, les forces de sécurité auront la responsabilité de protéger et de sauvegarder le taux de virilité. Etre un homme veut dire se comporter en tant que tel, se marier et avoir des enfants». Ces propos d’un autre âge n’ont pourtant choqué personne. Quelques heures après cette annonce, des policiers se sont chargés d’appliquer ces nouvelles consignes à la lettre. Gaza ressemble de plus en plus à Kandahar et les hommes du Hamas n’ont rien à envier aux Talibans. Seul problème, comment les policiers pourront-ils mesurer le niveau de virilité? A suivre.          

 

La visite ratée de Morsi
Mohammad Morsi, président égyptien, avait promis, quelques jours après son investiture, de rendre à l’Egypte sa position sur la scène internationale. Sa priorité, le continent africain.
Cette promesse n’a pas été tenue, puisque le Pays des Pyramides se trouve plus isolé que jamais sur le continent noir. Lors de sa participation au sommet africain tenu à Addis-Abeba, le raïs a été humilié dès l’arrivée, le gouvernement éthiopien ayant envoyé pour l’accueillir un ministre de second rang. Morsi a préféré ignorer cette insulte, respectant l’agenda de la visite. Mais surprise: durant son discours face à ses confrères africains, le micro s’est soudain coupé, le forçant à quitter la tribune. A peine rentré au Caire, l’Ethiopie annonçait la construction du barrage d’al-Nahda sur les rives du Nil. Un coup de massue à celui qui prétendait aspirer à jouer le rôle de Gamal Abdel-Nasser en Afrique. Même le Soudan, allié de la première heure, a fait savoir qu’il ne partageait pas les craintes de l’Egypte vis-à-vis du projet éthiopien.

Al-Jazeera n’est pas la bienvenue
La chaîne qatarie al-Jazeera, qui avait réussi, peu de temps après son lancement, à s’imposer comme première chaîne d’information dans le monde arabe, a toujours eu des ennuis avec les régimes arabes et musulmans. Ainsi, ses bureaux à Manama, au Koweït, à Amman, au Caire, à Bagdad et à Damas ont été fermés par ordre des gouvernements respectifs de ces capitales. Selon les régimes en place, la chaîne satellite sème la zizanie dans leurs pays et ne respecte pas les lois en vigueur. Face à cet acharnement, seul Téhéran avait maintenu des liens amicaux avec la chaîne, propriété de l’émir du Qatar. Ce n’est plus le cas. Dorénavant, les bureaux d’Al-Jazeera dans la capitale iranienne sont fermés à la suite des insultes que l’un de ses invités a lancées contre le Guide suprême Ali Khamenei.             

Bagdad demande des explications
L’accord conclu en début d’année entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) n’a pas été apprécié par Bagdad. Il stipule le retrait de quelques milliers de combattants kurdes vers l’Irak voisin. Or, le gouvernement du Premier ministre Nouri el-Maliki n’a pas été consulté, bien que le Pays de l’Euphrate et du Tigre doive payer le prix le plus lourd au détriment de sa propre sécurité. Maliki a alors demandé des explications au gouvernement turc qui, selon lui, ne respecte pas les règles de bon voisinage. Réponse du berger à la bergère, des proches de Recep Tayyip Erdogan ont estimé que ces protestations n’avaient pas lieu d’être, puisque l’accord en question ne précise pas la destination des milices kurdes. Des explications pas vraiment convaincantes et qui ne contribueront sûrement pas au retour de la normalité entre Ankara et Bagdad.

1 million de dollars est le montant des dommages et intérêts exigés par le gouvernement turc d’Israël pour tourner la page de l’incident de la Flottille de la liberté. Des médias israéliens ont révélé que les  
négociations secrètes entre les deux pays font face à un obstacle de taille: combien faudra-t-il payer aux familles des victimes, Tel-Aviv ne proposant que la somme de 100 000 dollars? Loin du million demandé du côté turc. Pourtant, la visite menée par le président américain, Barack Obama, en Israël avait réussi une percée dans les relations bilatérales après les excuses publiques présentées par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. C’était sans compter sur l’intransigeance des deux anciens alliés qui ne peuvent faire aucune concession à ce sujet du fait des pressions internes qu’ils subissent. Interrogée sur cette affaire, l’opinion publique dans les deux pays a montré peu d’enthousiasme à la conclusion d’un accord qui 
mettrait fin à ce différend qui dure depuis 2010.         

20000 est le nombre de barils de pétrole produits 
quotidiennement en Syrie, alors même que deux ans plus tôt, ce taux s’élevait à plus de 380 000 barils par jour. Cette chute libre représente un manque à gagner de 500 millions de 
dollars par mois pour l’Etat syrien, au moment où les dirigeants du régime souffrent du manque de réserves en monnaie étrangère. Entre-temps, la production de gaz, qui s’élevait à 30 millions de mètres cubes par jour, est réduite de moitié, poussant le Pays des Omeyades, qui exportait l’or noir et le gaz, à en importer en grandes quantités, notamment auprès des alliés iranien et irakien. Des sources informées du dossier syrien affirment que près de la moitié de la production de pétrole profite aux groupes de l’opposition armée qui contrôlent une grande partie du territoire syrien, notamment les régions productrices de pétrole. 

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