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Nº 2946 du vendredi 25 avril 2014

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Samir Geagea candidat. Un programme ambitieux 
et bien construit

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, n’est pas le seul candidat à la présidence de la République, mais il est le seul à avoir présenté un programme ambitieux, détaillé et bien construit. Le président de la République, Michel Sleiman, l’en a félicité: «Il a donné, dit-il, une vision claire et cohérente d’une République forte». Quels sont les principes sur lesquels se base ce programme?
 

Geagea a clairement exprimé les raisons de sa candidature qui a suscité une polémique allant de la surprise à la désapprobation en passant par l’appui, «à un moment où la présidence retrouve son lustre d’antan et son prestige grâce aux excellentes prises de position de l’actuel président, le général Michel Sleiman. La tutelle avait anéanti, marginalisé et réduit le rôle de la présidence pendant plus d’un quart de siècle», a dit Geagea en introduction de son programme, car la présidence de la République est le «point de départ de la reprise du contrôle par l’Etat du sommet jusqu’à la base de la pyramide».
Pour que le «Liban de nos rêves ne soit pas qu’une illusion ou un mirage», Geagea expose un plan d’action qui se base d’abord sur la «République forte». Pour lui, l’Etat «ne tolère aucun partage du pouvoir ni de la décision, l’Etat n’accepte pas que l’on paralyse ses institutions et que l’on ébranle ses fondements. Il rejette tout ce qui sape son équilibre, viole son Pacte et menace la vie en commun».
C’est un appel, en premier, à une union nationale pour «casser la peur, nous libérer de l’angoisse et nous sortir du chaos afin de sauver la République». Il faut trouver alors une solution radicale pour sortir de la «mainmise qui hypothèque le pouvoir de décision de l’Etat» afin que cette situation ne soit pas un fait accompli affectant le présent et l’avenir du Liban, surtout que la situation actuelle «n’admet pas des demi-solutions, des demi-positions, ni des demi-présidents».
Dans sa réponse à ceux qui réclament un président «modéré», Geagea est catégorique: «Le slogan de la ‘modération’ s’est transformé en une politique d’ambiguïté, marquée par l’absence de décision et de positionnement».
Partant de l’adoption de la déclaration de Baabda et de la charte nationale de Bkerké, le programme du Dr Geagea repose sur des constantes précises:
D’abord, concernant les armes du Hezbollah, le programme appelle toutes les catégories du peuple libanais à respecter l’Etat et les lois: «Aucun pays n’accepte de partager son pouvoir et sa décision avec un parti ou un mouvement politique». C’est une position sans appel: «Nous ne ferons pas preuve de clémence ni d’indulgence sur le sujet de ‘l’exclusivité de l’usage des armes’ par l’Etat libanais et sous son commandement… L’Etat est le seul responsable de la protection du Liban et des Libanais et de la riposte aux attaques israéliennes quelles qu’elles soient».
Les principes de l’Etat auquel aspire tout Libanais, d’après Geagea, sont clairs: un Etat qui protège son peuple et impose le respect de l’ordre, un Etat respectueux de son peuple auquel il garantit une justice sociale, un Etat équilibré et exhaustif dans ses institutions et ses performances et qui préserve sa jeunesse.
En parallèle avec le principe de l’Etat, il faut réviser le système judiciaire qui a besoin de réformes radicales, dont: une forte augmentation du nombre des juges, un ajustement des périodes des procédures judiciaires au Liban et des moyens de notification.
Sur le plan de la sécurité, le chef des FL propose de purger «certains appareils sécuritaires et militaires et de les remettre sur la voie nationale juste et équilibrée pour qu’ils puissent assurer la sécurité et la protection du Liban et de tous les Libanais, sans aucune discrimination».
Pour la réforme économique, la formule est simple. Elle passe par une politique basée sur le «rétablissement de la sécurité, de la stabilité et de la régularité dans le travail des institutions constitutionnelles», la confiance étant la «pierre angulaire de tout développement économique et de toute réforme sociale». C’est à partir de là qu’il sera facile de relancer le cycle de croissance et de créer des emplois pour «canaliser les énergies de la jeunesse libanaise et arrêter le flux de l’émigration».
Plusieurs aspects sont à traiter sur le plan économique. Dans son programme, Geagea propose d’appliquer les mécanismes du partenariat entre les secteurs public et privé, et en premier dans celui de l’énergie qui creuse de 40 à 60% le déficit budgétaire, suivi des télécommunications qui constituent la première locomotive de la croissance. Et, enfin, dans tous les ministères de service.
Le programme évoque très souvent l’essor de l’économie et du développement des marchés financiers. Il appelle à préserver le tourisme, à travers la mise en place d’un organisme national chargé d’organiser les conférences économiques, scientifiques et culturelles à l’échelle arabe et internationale pour placer le Liban en tête de liste des pays touristiques sur la carte du tourisme mondial.
Quant au secteur du pétrole et du gaz, une bénédiction pour l’économie libanaise, le programme appelle à la protection de cette richesse, «afin de ne pas la transformer en malédiction si elle était soumise aux quotas et au clientélisme». Ceci peut se faire par l’adoption des «meilleures normes de transparence et les règles de bonne gouvernance, tant au niveau de la conclusion des contrats avec les sociétés minières, qu’à celui de la mise en place du fonds fiduciaire pour les revenus du secteur et au niveau de la garantie de l’indépendance du secteur».
Dans le cadre d’un développement équilibré, il est nécessaire d’approuver le projet-loi sur la décentralisation administrative, «bénéfique notamment en ce qui concerne l’autonomie administrative et financière des conseils locaux élus».
Le programme passe en revue les réformes dans tous les domaines. Partant des droits de la femme, à celui de la santé, où une vraie révolution est nécessaire à travers l’application d’un système d’assurance maladie obligatoire pour tous les citoyens libanais, celui  de l’environnement, et de l’éducation qui a besoin d’une révision globale.
La corruption étant une maladie chronique répandue dans la plupart des ministères et des institutions de l’Etat, le programme appelle à la réactivation des organismes de contrôle et de l’Inspection centrale.

 

Volet régional
Le programme se limite dans le domaine régional à insister sur le principe de la neutralité du Liban «pour préserver l’Etat des répercussions des guerres et conflits, tout en mettant l’accent sur l’importance de soutenir le monde arabe et international dans la défense des causes humanitaires et politiques justes, dont notamment la cause palestinienne».
La place historique et géographique du Liban lui impose de prendre une position claire dans les développements régionaux et internationaux, notamment le Printemps arabe, sans pour autant contredire le principe de neutralité. Geagea condamne fermement le fondamentalisme sous toutes ses formes, le takfirisme et l’extrémisme.
Le programme présidentiel du Dr Samir Geagea met l’accent sur le fait que la situation en Syrie ne s’améliorera que si «l’on jette les bases d’un nouveau système qui reposerait sur les règles de la démocratie pour préserver la diversité». Toute solution devrait par ailleurs assurer le retour total des réfugiés syriens dans leur pays d’origine, cela représentant une priorité pour le Liban.

 

Arlette Kassas

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