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Nº 3007 du vendredi 26 juin 2015

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Support. Don’t punish. La drogue: un cadre juridique à revoir

N’est pas criminel qui souffre de problèmes d’addiction à la drogue. C’est donc dans le but de sensibiliser le monde sur les méfaits de la «guerre contre la drogue» qu’une campagne globale a été organisée, donnant lieu à la Journée mondiale Support. Don’t punish, le vendredi 26 juin 2015, à laquelle participe l’association libanaise Skoun.  

L’homme a souvent tendance à associer la drogue au crime. C’est pour cette raison que la campagne du 26 juin s’est posé pour objectif principal de promouvoir les lois qui respectent les droits de l’homme dans ce sens, de contribuer à changer les idées préconçues et les jugements contre les personnes souffrant de problèmes d’addiction à la drogue, ces derniers étant souvent traités de criminels. Interviewée par Magazine, Sandy Mteirek, membre de l’association Skoun, explique que «ces individus doivent aujourd’hui, et après avoir souffert longtemps, avoir accès à leurs droits fondamentaux de santé et de justice légale».
 

La loi existe, il suffit de l’appliquer
La dernière fois que la loi relative à la toxicomanie a été revue fut en 1998. Les modalités pénales qui suivent l’arrestation d’un usager de drogue, ou toxicomane et/ou dealer ne sont, en effet, pas si mauvaises. La loi de 1998 permet à une personne interpellée de ne pas faire la peine de prison prévue, qui va de trois mois à trois ans, à condition qu’elle se fasse soigner dans un centre. Or, le problème résidait, d’abord et avant tout, dans l’absence d’un comité consacré à la mise en examen du toxicomane, à la préparation de son dossier médical et à la facilitation de l’accès du malade à un centre de traitement gouvernemental ou privé. Ainsi, la plupart des toxicomanes arrêtés et désireux de se faire traiter se retrouvent la plupart du temps en prison. «Skoun s’attarde donc sur le problème de l’activation efficace des rôles des différentes structures prévues par la loi 673/98», souligne Sandy Mteirek. Aujourd’hui, et depuis 2013, le comité est réactivé, mais un grand nombre de juges libanais ignorent que la loi prévoit la possibilité au toxicomane de se faire traiter, évitant ainsi la prison, alors que d’autres affirment ne pas se trouver dans l’«obligation» de donner le choix à la personne en question de se faire arrêter ou de se faire soigner. C’est dans ce sens que la Cour de cassation a rappelé aux juges leur obligation de respecter l’article 1.27 de la loi libanaise sur les stupéfiants, selon lequel les usagers ont le droit au traitement, comme alternative aux poursuites judiciaires.

 

Des malades consciencieux
«Le nombre de personnes qui frappent à la porte de Skoun pour demander de l’aide est en nette augmentation», déclare Sandy Mteirek. Alors qu’en 2003 (date de mise en place du Centre libanais Skoun), le nombre de patients était encore très restreint, la drogue constituant un sujet tabou. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont motivées et veulent se faire traiter. Selon des chiffres du ministère de la Santé, les traitements contre la dépendance aux drogues ont fait l’objet de 2 381 demandes en 2013, dont 407 satisfaites par Skoun, le centre étant le premier à traiter ses patients de manière externe, leur permettant ainsi de continuer à vivre chez eux, tout en suivant leur traitement. Le traitement externe dure, en général, d’un à trois ans, mais son intensité et sa durée varient selon les patients. «Dans 45% des cas, il s’agit de jeunes âgés de 18 à 25 ans», explique Mteirek.

Natasha Metni

Skoun
Skoun est un centre libanais spécialisé dans le traitement des addictions. Il a été fondé en 2003 pour aider les personnes souffrant de problèmes d’addiction à reprendre leur vie en main en leur assurant soins, traitements et environnement meilleur. Skoun s’active également pour un changement de la politique relative à la drogue et pour une prise de conscience publique plus grande concernant l’addiction, plusieurs usagers de drogues allant en prison à cause de l’absence d’un système de renvoi qui les transfère des tribunaux aux centres de santé, bien que la loi souligne la création d’un tel système et accorde le droit au traitement aux toxicomanes. Skoun donne, dans le même ordre d’idées, la priorité à l’éducation des jeunes et de la communauté afin de prévenir le mauvais usage de la drogue.

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