Magazine Le Mensuel

Nº 3012 du vendredi 31 juillet 2015

Événement

Chrétiens d’Orient. Non à l’éradication!

«Les chrétiens sont une nécessité pour les pays du Moyen-Orient. Ils s’y trouvent depuis près de 2 000 ans, 600 ans avant l’islam. Les chrétiens sont là pour rester», a assuré le chef de l’Eglise maronite, Mgr Béchara Raï, lors d’une conférence portant sur les chrétiens d’Orient, à l’Université Notre-Dame (NDU), les 24 et 25 juillet, en présence d’une multitude de personnalités religieuses et politiques.
 

«L’isolement tue notre message», a martelé le patriarche maronite Béchara Raï. L’arabité est celle de l’homme, et non de l’islam. La diversité est la base de toute société moderne. Elle n’est pas corollaire d’éclatement des communautés au détriment de l’Etat». De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a insisté sur le fait que «nous, chrétiens d’Orient, sommes l’essence de cette région. Nos valeurs, telles l’ouverture, la miséricorde et l’acceptation de l’autre, représentent tous les croyants du monde. Il n’y a pas de diversité sans nous», rappelant qu’«un obscurantisme frappe la région et tente de nous éradiquer. C’est pour ça que nous affirmons que nous restons ici. Notre message est enraciné dans cette région. Si nous émigrons, nous faisons échec à ce message».
Cet événement s’est déroulé en présence, entre autres, du patriarche maronite Béchara Raï, du ministre Gebran Bassil, du nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia, du président de la Fondation maronite dans le monde, l’ancien ministre de la Culture Michel Eddé, de l’ancien député Nehmtallah Abi Nasr, ainsi que de plusieurs personnalités et autres responsables.

 

En voie de disparition?
Victimes collatérales de logiques idéologiques et géopolitiques qui les dépassent, les chrétiens ne disparaîtront pas, thèse confirmée par le Révérend Père Marc, évêque de Shabra el-Khayma et représentant de Sa Sainteté Tawadros II, pape de l’Eglise copte orthodoxe. Le cheikh Sami Abou el-Mona, secrétaire général de l’institut druze Irfan, ainsi que Mgr Khaled Akacheh, chef de bureau pour l’islam au sein du Conseil épiscopal pour le dialogue interreligieux au Vatican, sont du même avis. Dans tout le Proche-Orient, les chrétiens sont une des cibles privilégiées des mouvements jihadistes qui ont émergé à la faveur de la chute des régimes. A Maaloula ou à Mossoul, ils sont persécutés, expulsés de chez eux, forcés d’abjurer leur foi ou encore soumis à des impôts spécifiques. Ayant repris l’histoire des chrétiens d’Egypte, le Révérend Père Marc a rappelé que ces derniers ont été largement discriminés lorsque l’islam a fait son entrée dans ce pays. Les chrétiens ont dû payer à cette époque de lourdes taxes, ce qui a entraîné certains d’entre eux à se convertir à l’islam, se trouvant dans l’incapacité d’assurer de tels montants. Plus encore, les musulmans ont interdit aux chrétiens de parler la langue copte, langue officielle de l’Egypte durant cette période, imposant ainsi la langue arabe. Les chrétiens d’Egypte ont, pour ainsi dire, souffert de discrimination, et ce, jusqu’à nos jours, avec l’apparition des mouvements jihadistes. Poursuivant le cheminement de sa pensée, il est indispensable de revenir sur l’évolution du sort des chrétiens d’Irak, victimes de nombreuses persécutions. Et pourtant, les chrétiens sont toujours là, même si la plupart ont quitté leur pays d’origine. C’est dans ce sens que le président du Comité épiscopal pour le dialogue interreligieux, l’archevêque Issam Darwich, a appelé les chrétiens du Liban et du monde entier à résister et à lutter contre tout genre de violence exercée au nom de la religion, à rester ancrés dans leurs terres et à établir des relations avec les autres religions pour favoriser le dialogue.

 

Natasha Metni

Les méfaits du vide
Evoquant la situation locale actuelle, Gebran Bassil a déclaré: «Au Liban, notre présence est marginalisée, notamment en raison de la vacance à la présidence de la République», affirmation qu’a soutenue le patriarche maronite. En effet, le Liban est sans président depuis le 25 mai 2014. Mgr Béchara Raï a lancé un appel à tous les camps politiques pour que chacun «désigne son candidat final à la magistrature suprême, un candidat qui soit accepté par tout le monde, sans attendre des consignes dictées par l’étranger».

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