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Nº 3015 du vendredi 21 août 2015

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POLITIQUE

L’appui à Aoun. Au cœur des réactions au discours de Nasrallah

Qu’on aime ou non le personnage, force est de constater que chacun de ses discours marque la vie politique libanaise. Ce dernier discours de sayyed Hassan Nasrallah n’a pas dérogé à la règle et à peine achevé, il a suscité une vague de réactions.
 

Le premier à réagir a été Saad Hariri. Ce qui signifie que bien qu’étant hors du Liban, le chef du Courant du futur a pris soin d’écouter le discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du neuvième anniversaire de la fin de la guerre de juillet 2006.
Dans un communiqué publié immédiatement après la fin du discours, Hariri a critiqué la partie dans laquelle sayyed Nasrallah accuse le Courant du futur de chercher à briser le général Michel Aoun. Il a aussi rejeté les critiques indirectes adressées à son courant de se considérer «la communauté leader du Liban». Toute la partie consacrée à la lutte contre Israël et à la situation régionale – notamment le refus du projet de partition fomenté, selon Nasrallah, par les Américains et les Israéliens -, a été occultée, les différentes parties libanaises préférant commenter le volet libanais du discours. De fait, cette partie était particulièrement importante parce que le sayyed a exprimé d’une façon claire sa vision de la solution de la crise politique interne en prônant un partenariat véritable et égalitaire entre toutes les communautés indépendamment de leur importance numérique. Nasrallah a ainsi déclaré que dans le temps, on parlait de la peur des chrétiens (de l’environnement musulman) et de la frustration des musulmans (en raison de la concentration des pouvoirs entre les mains des chrétiens). Mais désormais, selon lui, toutes les communautés ont peur, face à ce qui se passe dans la région, et se sentent frustrées. C’est pourquoi on ne peut surmonter ces sentiments qu’à travers un véritable dialogue en profondeur qui aboutisse à une formule qui permette à chaque communauté de s’épanouir et de se sentir rassurée. L’évaluation et cette suggestion qui portent sur l’essence du système libanais n’ont pas fait l’objet de beaucoup de commentaires. Comme il se doit, le 14 mars n’a retenu du discours que les critiques et le volet qui concerne le général Michel Aoun. Sachant que l’accusation de vouloir le briser a suscité de vastes réactions au sein du Courant du futur. Plusieurs personnalités l’ont fermement démentie, ajoutant toutefois que le leader du Courant patriotique libre «ne peut pas être l’allié du Hezbollah et de l’Iran et nous demander de voter pour lui».
A partir de la position de Saad Hariri, les autres figures du 14 mars, et du Courant du futur en particulier, ont à leur tour répondu au secrétaire général du Hezbollah. La plupart des commentaires ont insisté sur une phrase de Nasrallah dans laquelle il dit: «Le général Aoun est le passage obligé de la présidence et du gouvernement». Pour les figures du Courant du futur, il s’agit d’une régression claire, le Hezbollah s’apprêtant à lâcher la candidature du général pour arriver à un candidat de consensus. Pour accréditer leurs dires, les personnalités du Courant du futur ont rappelé que, dans de précédents discours, le secrétaire général du Hezbollah avait déclaré que le général Aoun est le candidat du parti. Plus même, il n’y a pas si longtemps encore, le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, avait affirmé: «Soit le général, soit la vacance présidentielle». Pour ces personnalités, le changement de position est donc clair et leurs déclarations à la suite de ce discours ont reflété cette impression. L’ancien ministre de l’Intérieur, Ahmad Fatfat, a ainsi conclu que le Hezbollah ne veut pas discuter de la présidentielle avant un rapprochement irano-saoudien. De son côté, le ministre de la Justice a été encore plus virulent, appelant sayyed Nasrallah à revoir sa politique et à tenir compte de l’intérêt  national, «au lieu de chercher à imposer des équations fondées sur des illusions de force et d’hégémonie. Vous n’êtes pas le Guide de cette République», a lancé Achraf Rifi. Certes, le camp dit des modérés au sein du Courant du futur, comme le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk et celui des Affaires sociales Rachid Derbas, n’a pas fait de commentaires, tout comme le Premier ministre Tammam Salam. Mais en gros, on peut dire que l’heure d’un véritable dialogue entre les composantes de la société libanaise n’a pas encore sonné, puisque le fond du discours n’a pas été évoqué dans les commentaires.

 

Joëlle Seif

Aoun-Nasrallah: la parole compte
Immédiatement après le discours du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, le général Michel Aoun a accordé une interview à la chaîne al-Manar dans laquelle il a insisté sur la confiance qui règne entre lui et le sayyed. «C’est un homme de parole, a-t-il dit. Entre nous, il n’y a aucun accord écrit, juste sa parole et la mienne…».

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