Magazine Le Mensuel

Nº 3061 du vendredi 8 juillet 2016

POLITIQUE

Joumblatt sonne l’alarme. Un président, «Aoun ou un autre»

Sur son compte Twitter, Walid Joumblatt appelle à «mettre fin au débat politique actuel et aux échanges d’accusations stériles. Les efforts doivent se concentrer sur le renforcement de l’armée et des services de sécurité, sur la politique de restrictions budgétaires, car nous avons franchi les lignes rouges, sur la présidentielle à n’importe quel prix pour qu’en juin 2017, nous ne soyons pas obligés d’organiser des élections législatives sur la base de la loi de 1960. En l’absence d’un chef d’Etat, ce gouvernement resterait en place, chargé de régler les affaires courantes. La catastrophe!». Le député du Chouf ajoute: «Le plus important en politique est d’accepter le principe du compromis, même si cela semble amer à première vue».
Joumblatt conclut qu’il n’est pas possible que la cible des huit kamikazes soit uniquement Qaa. «La logique veut qu’ils aient pour but de cibler tout le Liban, dit-il. Qu’attendons-nous? Ils ont échoué cette fois, mais le feront-ils une seconde fois. Ils étaient huit et s’ils s’étaient répartis dans le pays, ils l’auraient fait exploser. Cette fois c’est la Békaa, où serait-ce demain pendant que nous nous noyons dans des discussions byzantines: président ou non? Package deal ou non?».
Pour le président du Parti socialiste progressiste (PSP), la réponse n’est pas dans la seule opération militaire dans le jurd de l’Anti-Liban, mais «dans la difficile situation politique. Nous devons, estime-t-il, tenir compte des menaces sécuritaires, mais nous ne pouvons pas le faire dans une situation sécuritaire précaire et sans stabilité politique».
L’appel de Joumblatt est clair, il l’avait déjà lancé dans une interview télévisée. «Elire un président, avait-il déclaré, à n’importe quel prix, (le chef du Bloc du Changement et de la Réforme) Michel Aoun ou un autre. Le président tentera de gérer la crise et nous le ferons avec lui. Il ne s’agit pas uniquement de la situation sécuritaire, il nous faut régler le déficit et la dette publique et faire face ensemble aux dangers. La présence d’un chef d’Etat, quel qu’il soit, est préférable à son absence. Les législatives reviendront sur le tapis en juin 2017, ce sera alors sur la base de la loi de 1960. L’état du pays ira de mal en pis. Ce qui est requis c’est l’unanimité chrétienne sur un candidat.


L’initiative de Berry
Divergences autour d’un Doha libanais

A la veille du dialogue prévu les 2, 3 et 4 août, le débat se poursuit autour d’un projet que le président Nabih Berry propose comme solution. Des voix se sont opposées à un «Doha libanais» et à un accord sur un package deal qui aboutirait à une Assemblée constituante. Cette interprétation a surpris Berry qui l’a critiquée avec force: «Pourquoi tout ce tapage fait par certains? Ils ont accepté le dialogue sur la base de ces critères et sur leur mise en œuvre pour sortir du tunnel. Il est faux de dire que le package deal est une constituante maquillée». «Pourquoi mentir aux Libanais?», s’est indigné le chef du Parlement. A ceux qui s’opposent à son initiative, il répond par un message dur: «Il faut qu’ils sachent que le refus du projet que j’ai présenté mènera le pays à ce qui sera pire que la constituante présumée, autrement dire au vide total, pour ne pas dire à la ruine totale». «Sans ce package deal, pas de président de la République», a-t-il prévenu.
Le Courant du futur et les Forces libanaises se sont retrouvés dans leur refus du compromis global approuvé par Walid Joumblatt. Les opposants (Fouad Siniora, Ahmad Fatfat et Samir Geagea) justifient leur refus par les points suivants:
Le dialogue national est appelé à traiter seulement les travaux de l’agenda.
Quelle Constitution permet de trouver une solution globale à la présidence de la République, la loi législative et le gouvernement comme ce fut fait à Doha? Que fait-on des consultations parlementaires obligatoires pour la formation du gouvernement?
Le projet Berry, prédisent ses opposants, complique les solutions et n’y répond pas, car plutôt que de résoudre la présidentielle, il aborde un ensemble de problèmes cumulés et insolubles.
La priorité absolue à cette étape est l’élection d’un président de la République. Pourquoi tenter de l’ignorer et de passer outre pour aborder un panier farci de divergences cumulées et dont les solutions requièrent des efforts surhumains?
Walid Joumblatt ne partage pas cet avis. Le refus d’un «panier complet» n’est pas justifié et complique le dialogue, dit-il, surtout qu’il n’existe pas une autre formule. Il affirme son soutien au projet de Berry, étant entendu qu’il est difficile de prévoir une brèche dans le mur de la crise. Les conditions en 2008 diffèrent de celles d’aujourd’hui. Mais, pour lui, poursuivre le dialogue est une nécessité.

Chaouki Achkouti

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