Magazine Le Mensuel

Nº 3095 du vendredi 2 novembre 2018

Salon du livre

Archives des sables et du vent de Fady Stephan. D’histoire et d’aventure

Publié aux éditions Erick Bonnier, Archives des sables et du vent est le fruit de six ans de travail passionné. L’auteur, Fady Stephan, en parle à Magazine.
 

Archéologue et spécialiste des langues anciennes nord-ouest sémitiques, Fady Stephan a à son actif plusieurs essais archéologiques et linguistiques. Mais l’envie était toujours là, d’écrire de «la littérature libératrice». En 2003, il publie Le berceau du monde: Orient-Opéra, une histoire fantastique sur les traces d’André Breton, avant de commencer à travailler son journal de guerre sur lequel il est toujours en train de plancher. Encouragé par son entourage à écrire «l’histoire merveilleuse» de son grand-père, ainsi que celle de son père et la sienne, «trois générations qui ont vécu des guerres importantes», il se lance sur cette base.

ROMAN HISTORIQUE
Il commence donc à rassembler les documents nécessaires, s’appuyant notamment sur les mémoires de son grand-père, un ensemble de 12 pages écrites au crayon, et son journal de la guerre des Dardanelles, ou encore les lettres que son grand-père a écrites à Cunninghame Graham et qui sont préservées à la bibliothèque d’Ecosse. Recherches et hasards s’emmêlant, «comme un puzzle qui se mettrait en place», comme il le dit et le raconte d’ailleurs dans son ouvrage, «la réponse (lui) est venue par ce «beau hasard (qui) a permis qu’on retrouve, après 33 années d’enfermement dans le tiroir de la banquette délaissée de Deir el-Kamar, le livre de Cunninghame Graham au moment où on s’apprêtait à le brûler». Le livre Mogreb-el-Acksa qui narre l’aventure de l’expédition commune englobant Graham et le grand-père de l’auteur, dans le but, jamais atteint, de parvenir à la ville interdite de Taroudant, au Maroc. A tous ces documents, s’ajoutent les histoires et les récits qu’il entendait dans sa jeunesse et qu’il s’empressait de noter.
Roman d’aventure à la veine historique, la fiction n’intervenant qu’en des éléments de jonction logiques et cohérents, géographiquement et temporellement, on y croise non seulement le grand-père de l’auteur-narrateur, Hassan Hassib Stephan Lutaïf, et toute sa famille, mais aussi tous ces grands noms qui ont traversé l’histoire de la région, du Maroc au Soudan aux Dardanelles, Kitchener, Cunninghame Graham, les généraux Hamilton, Murray et Allenby, le prince du Hedjaz, Fayçal, ainsi que Lawrence d’Arabie, ou le poète Germain Nouveau sillonnant les ruelles de Beyrouth. Ou Rimbaud, dont des extraits de ses correspondances sont reproduites entre des tranches du récit. Rimbaud qui titille l’imaginaire de tous, et dont le trajet aurait pu croiser celui du grand-père de l’auteur, comme se l’est demandé Fady Stpehan. Rimbaud est-il réellement venu à Beyrouth? On n’a pas de preuves, alors même qu’il avait obtenu un passeport pour Beyrouth où il entendait acheter «quatre baudets étalons pour l’empereur Ménélik d’Ethiopie».
Archives des sables et du vent s’adresse à «tous ceux qui aiment l’aventure, ceux qui aimeraient apprendre des choses exactes sur les guerres vécues au temps des Ottomans. C’est l’histoire d’une famille fixée dans le temps et l’espace, ajoute Fady Stephan. L’essentiel était de faire revivre les choses dans du concret, commandé par la psychologie des personnages».

Nayla Rached

 

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