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LES GENS

Walid Daouk

Transparence et perfectionnisme

Il a deux grandes passions, le Droit et l’immobilier et entre les deux son cœur balance. Né en Novembre 1958, le ministre de l’information, Walid Daouk, appartient à une famille beyrouthine de grands propriétaires terriens. Sa mère est une Daouk, sa grand-mère maternelle est de la famille Ayass, dont le fameux souk porte le nom,  «du vrai sang bleu», dit-il en souriant.

 

Ses parents habitaient en face de l’International College (IC), mais c’est au petit Lycée et ensuite au Grand Lycée que Walid Daouk a fait ses études. Avec le début de la guerre, en 1975, il fera deux ans à l’IC. C’est à l’Université Saint-Joseph (USJ) que Walid Daouk fait des études de Droit. Après l’obtention de sa licence, il poursuit un DEA et, parallèlement, étudie à la BUC (qui est devenue par la suite la LAU) le Business Management. «Tous les jours, pendant des années, je traversais d’Ouest en Est. J’ai connu toutes les voies de passage et par deux fois ma voiture a été touchée par des francs-tireurs», se souvient Walid Daouk.

Grand sportif, basketteur et skieur, il représente en 1978 l’USJ au sein de la Fédération de sport universitaire et devient par la suite secrétaire général de la Fédération de sport qui regroupe toutes les universités du Liban. Il occupe également plusieurs fonctions au sein de la

Fédération internationale de sport. En 1981, il débute son stage à l’étude de Joe Takla et devient par la suite associé dans le cabinet avec Joe Takla et Gabriel Trad. Actuellement, en tant que ministre, il a gelé son adhésion à l’Ordre des avocats, mais continue à suivre de près les affaires du barreau, essayant d’aider l’Ordre dans la mesure de ses possibilités.

Cet avocat de formation est commissaire du gouvernement à la bourse depuis 1994. De 2000 à 2004, il fut membre du Conseil d’administration du Conseil du développement et de la Reconstruction (CDR). Il est également administrateur et membre du conseil d’administration de plusieurs sociétés commerciales et bancaires. Avocat de grandes sociétés immobilières, il est également consulté sur des questions relevant de l’aspect technique et juridique. Pourtant, sa grande passion demeure incontestablement l’immobilier. «J’adore l’immobilier. C’est quelque chose qui coule dans mes veines», confie le ministre. D’ailleurs, rien qu’à l’évocation de ce sujet, son regard s’anime. «C’est en 1992 que j’ai fait ma première opération immobilière. Je m’étais endetté jusqu’au cou et avec un groupe d’amis, on a acheté un terrain qu’on a revendu en 1996. J’ai gagné beaucoup d’argent à l’époque. Une profession libérale vous procure une vie aisée mais la fortune se construit dans l’immobilier», raconte Walid Daouk. D’autres opérations immobilières ont suivi. «C’est le premier million qui est le plus difficile à réaliser», confie le ministre de l’Information. Pour lui, il existe une règle d’or, celle de ses ancêtres: «De la pierre, de la pierre», à laquelle il a ajouté le slogan «location, location, location». Il ne s’agit pas seulement d’acheter des terrains, il faut encore que ceux-là soient très bien situés, ce que Walid Daouk appelle un triple A location. Il est actionnaire dans plusieurs projets immobiliers tels que Zaitounay Bay, Semiramis -une société en plein Bab Idriss. Il possède également des actions dans un terrain situé à proximité du Coral Beach ainsi que dans une société immobilière qui possède des bienfonds dans les remblais derrière le Biel. Rien que des Triple A location, selon sa qualification. «Beaucoup de promoteurs ont fait faillite car ils n’ont pas investi dans des  locations Triple A. Celles-ci se maintiennent, même en temps de crise, et le Liban n’est pas à l’abri des crises», explique Daouk.

Marié à Roula Adnan Kassar, Walid Daouk est père de trois enfants, deux filles et un garçon: Raïda (19 ans), Carine (17 ans) et Malek (14 ans). «Tout le mérite de l’éducation de mes enfants revient à mon épouse. C’est elle qui les a élevés. Je suis ce qu’on appelle un papa absent. Je travaille beaucoup, même avant d’être ministre j’ai toujours été très occupé. Je ne vois ma famille que les dimanches avant-midi, les après-midi, je les passe au bureau les jours ou je ne skie pas», reconnaît le ministre. 

Nouveau venu dans le monde de la politique, Walid Daouk est un proche du Premier ministre Najib Mikati. «Taha Mikati fut mon premier client et depuis je suis très proche des Mikati. C’est une relation qui remonte à plus de 30 ans», raconte-t-il. Pourtant, Walid Daouk avait d’excellents rapports avec l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et quand il fut nommé ministre, Mikati lui avait annoncé qu’il subira certaines pressions. «Je lui ai répondu: je suis avec toi quoi qu’il arrive».  Effectivement, Saad Hariri ne s’est pas empêché de l’avertir que ce gouvernement sera attaqué et que Daouk ne sera nullement épargné. Il a de grandes affinités avec beaucoup de ministres et étant centriste, cela lui permet de jouer un rôle de conciliateur.

En débarquant au ministère de l’Information, Walid Daouk s’attendait à trouver quelque chose qui ressemble quelque peu au CDR, mais la situation est pire que tout ce qu’il aurait pu imaginer. «J’ai été choqué par le taux d’inefficacité et d’absentéisme qui existe au ministère», confie le ministre. Le ministère de l’Information est formé de trois composantes: l’Agence nationale d’information (ANI), Radio Liban et Télé Liban. «L’ANI est la première source d’information dans le pays et 90% des médias libanais y prennent leurs informations avant de les rediffuser. Nous avons des correspondants partout sur le territoire libanais et nous offrons un service gratuit. Pourtant, l’ANI est mal vue et personne ne mentionne cette source et reconnaît son rôle. C’est du plagiat», explique Daouk. L’agence représente une des priorités du ministre et il s’est attelé à son développement dès sa nomination. Des efforts sont faits, mais selon le ministre, il reste encore beaucoup à faire. «Le site de l’ANI enregistrait 80000 visiteurs par jour alors que nous sommes à 123000 aujourd’hui. J’ai amélioré le contenu en introduisant la bourse et les projets de lois. Cela intéresse un nombre plus important de personnes. Il y a également une diversification des sujets, culturels et autres, ainsi qu’une amélioration du français et de l’anglais. J’ai le projet d’introduire le portugais et l’espagnol en vue d’attirer plus de gens surtout dans la diaspora», affirme le ministre.

C’est l’ANI qui donne les informations à la radio et à la télé. «La radio possédait une très bonne antenne à Batroun, mais l’émetteur a été  démonté lorsque l’armée a construit un héliport dans la région. L’émission est devenue faible et la réception par les citoyens très mauvaise», confie Walid Daouk. Le ministère possède un terrain dans la Békaa et actuellement un projet est sous étude pour l’installation d’une antenne en vue d’augmenter la qualité de la transmission. «Une fois que cette qualité est améliorée, je pourrais alors m’occuper du contenu. Par contre, je suis très satisfait du service de la radio en français qui est écoutée par tous les ambassadeurs, la Finul et une large partie des émigrés dans le Sud. Il y a un grand potentiel pour la radio mais rien ne peut être fait avant l’installation de l’antenne. Comme dit le proverbe, on ne livre pas de bataille avec un cheval mourant», dit-il en souriant.

Quant à Télé Liban, elle possède une audience de 4%. «J’ai l’ambitieux projet de nommer un nouveau Conseil d’administration et de faire de nouveaux programmes, mais pour des raisons politiques ce projet n’est pas pour demain». Le ministre révèle avoir donné au directeur général du ministère des instructions pour adresser des avertissements et des blâmes ainsi que des félicitations aux employés qui les méritent.

Pour Walid Daouk, la force du Liban réside dans sa diversité, pourtant il ne cache pas ses craintes pour l’avenir. «Je considère que j’ai une mission, celle de sauver le pays, pour que l’on reste, comme disait ma grand-mère, souverains sur notre terre». Joëlle Seif 

 

Un grand amour, le ski

Le ministre de l’Information est un grand skieur et chaque année il fait une escapade à Courchevel. D’ailleurs, cette année il devait partir le lendemain du jour où le Premier ministre a suspendu les réunions du Conseil des ministres mais son sens des responsabilités l’en a empêché et à la dernière minute il a dû tout annuler. Le reste de l’année, il skie au Liban. Contrairement à ce que les gens pensent, Walid Daouk ne profite pas de son statut de ministre pour s’offrir des journées de ski en cours de semaine, même lorsque le temps est beau. «Je suis trop perfectionniste pour m’absenter un jour de travail et aller skier», dit-il. A part le ski, il possède un bateau et affectionne les sports nautiques. 

 

Ce qu’il en pense

La technologie: «J’aime la technologie à tel point que j’ai investi dans des actions IT. J’ai acheté des actions pour 50000 dollars qui valaient à un moment donné plus de 2 millions de dollars. Elles valent aujourd’hui à peine 12000».

Ses lectures: «Bourse ou casino est le premier livre que j’ai lu quand je suis rentré à la bourse. Le mal français et l’Etat spectacle sont les premiers livres politiques que j’ai lus, et mon livre de chevet est celui de Georges Naccache, deux négations ne font pas une nation».

Sa devise: «Discrétion, transparence et perfectionnisme. D’ailleurs, je suis tellement perfectionniste que cela me cause souvent des problèmes», conclut Daouk en souriant.

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