Pour Mohammad Kabbara, «les armes qui ont fait leur apparition aujourd’hui à Tripoli servent à défendre la dignité». «Le but des armes est d’étouffer la fitna», explique le député de Tripoli. Vous avez réclamé à plus d’une reprise que la ville de Tripoli soit démilitarisée. Or, on voit que les hommes armés et les armes s’y multiplient…
Ce sont Assad, ses outils et ses agents qui sont à l’origine des troubles à Tripoli. Ce sont eux qui mettent la pression sur la ville à travers le groupe présent à Jabal Mohsen et qui n’est pas sur la même longueur d’onde que le reste de la ville. Aujourd’hui, il n’y a pas un problème entre les habitants de Tripoli et nos frères alaouites, au contraire, les trois-quarts d’entre eux habitent Tripoli et même nos frères du Jabal souhaitent l’instauration de meilleures relations. Vous savez qu’il existe un tissu social commun depuis des années. Si le groupe qui tente de dominer Tripoli s’en va, les armes vont disparaître, vous ne verrez plus un seul fusil à Tripoli et l’Etat n’aura plus besoin de retirer les armes parce qu’elles ne seront plus d’aucune utilité. Les armes qui ont fait leur apparition aujourd’hui servent à défendre la dignité. Les bonnes gens de Tripoli ont dû se défendre lorsque l’Etat a renoncé à les protéger. Le but des armes est d’étouffer la fitna, de protéger la population contre les agressions et les violations quotidiennes que l’armée du régime syrien, présente à Jabal Mohsen, fait subir à Tripoli. Nous n’accepterons pas que Tripoli soit un bouc émissaire ou soit instrumentalisée dans la campagne électorale de tout candidat qui ambitionne la présidence de la République.
Quelle est la responsabilité qui incombe au gouvernement et aux ministres de Tripoli à ce sujet?
Ils doivent être sérieux. Le pouvoir politique doit prendre la décision d’instaurer la sécurité et la justice, en mettant un terme aux «chabbiha» du régime Assad qui minent la stabilité dans Tripoli.
Il y en a, dit-on, qui cherchent à établir un émirat islamique à Tripoli. Quelle est votre réponse?
Cela n’a pas de sens. Ce sont des propos qui visent à altérer l’image de la ville et sa réalité qui est celle de la convivialité et de l’ouverture. Tripoli ne peut pas vivre sans la diversité communautaire qui la caractérise. Ceux qui tiennent ce discours veulent donner une image d’un creuset de terrorisme et de fanatisme. Ce qui est faux. Archi-faux.
Votre avis sur l’appel du secrétaire général du Hezbollah à tenir à un congrès institutionnel?
C’est une perte de temps…
Est-ce un appel à la révision de la formule libanaise et de l’accord de Taëf?
Qu’ils l’appliquent d’abord avant de parler de congrès institutionnel.
Craignez-vous un renversement de la parité en faveur de la répartition tripartite?
Qu’ils appliquent Taëf et après nous verrons.
Que pensez-vous de l’affaire des pèlerins chiites enlevés en Syrie, prévoyez-vous un dénouement heureux à cette histoire?
Nous sommes contre les enlèvements, c’est une chose inacceptable. Les otages devraient être remis en liberté aujourd’hui avant demain. La prise d’otages est contraire à toutes les lois en vigueur et à tous les préceptes religieux. Nous affirmons que les otages devraient regagner leurs maisons et retrouver leurs familles. Nous condamnons l’enlèvement de tout citoyen quelles que soient la catégorie et la région auxquelles il appartient.
De nombreuses voix arabes et internationales mettent en garde contre l’importation de la crise syrienne au Liban. Les développements à Tripoli représentent-ils un prélude à cette importation?
Chaque fois que le régime syrien en a envie, il n’hésite pas à tuer les gens, à tirer, à semer la panique, dans le Akkar, à la frontière; il plante des explosifs ou formule des accusations mensongères à l’encontre du Liban. De plus, l’armée présente à Jabal Mohsen est celle de Assad et de ses acolytes. Ils tentent de saper la paix à Tripoli et dans l’ensemble du pays, de provoquer des incidents dans une tentative de transférer la crise chez nous pour nous détourner de l’aide que nous apportons au peuple syrien.
Des boutiques et des demeures appartenant à des alaouites ont été incendiées récemment, qu’en dites-vous?
Nous sommes contre ce genre de comportement. Cela est contraire à nos traditions, à la culture de la ville et à nos principes religieux. C’est une grande erreur qui rend service au régime Assad. Il n’y a pas d’animosité envers nos frères alaouites. Notre conflit se limite au groupe assadiste et associés présents à Jabal Mohsen.