Magazine Le Mensuel

Nº 2850 du vendredi 22 juin 2012

Presse étrangère

La Syrie au centre du jeu

Cette semaine encore, la presse étrangère, régionale et internationale, regarde le Liban par l’ornière des événements qui secouent la Syrie depuis près de seize mois.

Washington Post
Le chroniqueur attitré des dossiers de politique étrangère au Washington Post, David Ignatius, s’inquiète de la confessionnalisation des affrontements au Liban. Le pays est entraîné vers la guerre par une sorte de fatalisme communautaire. La plupart des Libanais condamnent la violence, mais ils la jugent inévitable. Le Premier ministre Najib Mikati essaie de protéger le Liban en conduisant une politique de «dissociation». Considéré au départ comme un soutien intangible d’Assad, Mikati a surpris les Américains et même les Israéliens en s’émancipant un peu de la Syrie, mais aussi du Hezbollah.
Ce qui me préoccupe, c'est la manière dont les factions politiques libanaises se positionnent vis-à-vis du conflit qu’ils disent vouloir éviter. Ces derniers jours, dans les cercles politiques, il était question, au vu de la poursuite des affrontements de l’autre côté de la frontière, de la partition de facto de la Syrie entre civils terrifiés et milices confessionnelles armées. Le gouvernement syrien et l'opposition affirment ne pas vouloir de guerre communautaire – mais la ligne de faille qui émerge entre sunnites et alaouites est évidente. Cela, les Libanais le sentent parce que c’est une voie qu’ils ont déjà empruntée. La guerre civile, qui a commencé en 1975 a duré 16 ans, et les lignes de démarcation sont toujours tracées sur les cartes mentales. Comme on ne le sait que trop bien au Liban, une fois le cycle de la mort et de vengeance enclenché, il est presque impossible de l’arrêter.

Haaretz
Uri Avnery est un écrivain israélien considéré comme l’un des leaders intellectuels de la mouvance pacifiste dans son pays. Dans le quotidien Haaretz, il livre un long témoignage intitulé La guerre mensongère du Liban. Une plongée historique sans concession.
Il y a 30 ans cette semaine, l’armée israélienne a traversé la frontière libanaise et lancé la guerre la plus stupide de l’histoire du pays. Toutes les guerres sont fondées sur des mensonges. Le mensonge est considéré comme un instrument légitime de la guerre. La guerre du Liban, en a été un exemple glorieux.
Neuf mois avant la guerre, Ariel Sharon m'a parlé de son plan en cinq points pour un nouveau Moyen-Orient. Attaquer le Liban pour y installer un dictateur chrétien servant les intérêts d’Israël, reconduire les Syriens chez eux et les Palestiniens vers la Jordanie via la Syrie et les aider à créer une entité palestinienne sur le territoire jordanien. Un fiasco total.
L’un des résultats de cette guerre concerne les chiites. Jusqu’en 1970, ils étaient la communauté la plus faible du pays. Mais les souris sont vite devenues des lions. Pour casser leur montée en puissance, Israël a assassiné leur leader Abbas Moussaoui, mais il a été remplacé par un homme beaucoup plus talentueux en la personne de Hassan Nasrallah.

TelQuel
L’hebdomadaire marocain TelQuel s’intéresse aux ouvriers syriens qui affluent vers le Liban. Le nombre de travailleurs syriens au pays du Cèdre serait en nette augmentation depuis quelques mois, même s’il s’avère impossible de le chiffrer. «Chaque semaine, une trentaine d’ouvriers syriens viennent demander du travail, alors qu’avant c’est nous qui cherchions de la main-d’œuvre, affirme un chef de chantier du quartier chrétien d’Achrafié, mais cela risque de poser rapidement un problème car l’exceptionnel boom immobilier au Liban, qui a démarré en 2007, se termine». Pour stopper l’hémorragie de main-d’œuvre syrienne, le régime baassiste avait décidé, en mars dernier, d’imposer aux travailleurs âgés de 18 à 45 ans l’obtention d’un permis de l’armée pour passer la frontière libanaise. Avant de se raviser in extremis quelques jours plus tard, réalisant la difficulté d’appliquer une telle mesure.
Travailler au Liban reste toujours avantageux pour les ouvriers syriens (salaire environ deux fois supérieur), mais les troubles en Syrie ont aggravé leur condition financière, même pour ceux qui sont implantés depuis des années au pays du Cèdre. Aux difficultés économiques, viennent s’ajouter les pressions politiques. L’atmosphère à Beyrouth est pesante, en particulier dans la banlieue sud chiite et dans les camps palestiniens —Bourj el-Barajneh, Sabra et Chatila, etc.— où logent la plupart des travailleurs syriens en raison de loyers faibles.

 

J. A-R.

 


La Gazette des Femmes
Le paradoxe libanais

La Gazette des Femmes, webzine canadien, parle des difficultés d’avorter au Liban. Le Liban, sorte d’îlot libéral au Moyen-Orient, est également la destination numéro un pour l’avortement dans cette région. Bien que l’interruption volontaire de grossesse (IVG) soit toujours illégale selon les articles 539-546 du Code pénal et passible de plusieurs années d’emprisonnement, un nombre croissant de Libanaises et d’étrangères y ont recours chaque année dans les cliniques du pays. Un gynécologue interviewé sous le couvert de l’anonymat affirme pratiquer trois ou quatre avortements par mois en moyenne, dont 30 à 40 pour des femmes originaires d’autres pays arabes.

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