De la bouche même de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, dont les propos ont été repris par le chef de l’Etat, Michel Sleiman, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, «les Etats-Unis sont satisfaits de la coopération entre la Banque du Liban et la Réserve Fédérale américaine (FED)». Cette prise de position en dit long dans la mesure où son interprétation ne prête à aucune équivoque: le monde de la finance internationale peut traiter avec confiance avec les banques opérant au Liban et, de leur côté, les Libanais peuvent être tranquilles sur la préservation de leurs dépôts bancaires et de la sécurité de leurs trans-actions financières avec l’étranger.
Vraisemblablement, la BDL et l’Association des banques ont mis le train sur la bonne voie. Des démarches tangibles ont en effet été entreprises au niveau du secteur pour éviter toute infraction à l’embargo financier imposé par les Etats-Unis et l’Union européenne à l’Iran et à la Syrie et, d’autre part, la mise au point d’ici fin 2012 d’un mécanisme efficace qui permettrait d’éviter toute évasion fiscale des fonds américains placés au Liban.
Sur le plan monétaire, les statistiques de la BDL au 31 mai 2012 ont montré une progression des dépôts bancaires en livres libanaises de 263 milliards et un recul de ceux en devises étrangères de 38 millions de dollars, alors que la masse monétaire (M4) s’est agrandie de 149 milliards de livres. Quant au taux d’intérêt interbancaire, il est demeuré inchangé à 2,75% – fixé par la BDL – vu le volume des liquidités disponibles en livres sur le marché local. Dans le même contexte, la BDL, tout comme le ministère des Finances, ont refusé ces dernières semaines les propositions des banques de souscrire aux bons du Trésor à condition que le niveau du taux d’intérêt soit relevé de 15 points de base. Estimant que la conjoncture macroéconomique ne nécessite pas une telle hausse de la structure des taux, la Banque centrale a elle-même financé les besoins de l’Etat.
Pour ce qui est des banques libanaises opérant en Syrie (au nombre de 7), elles s’abstiennent totalement depuis un certain temps de porter des titres souverains. Ce comportement s’est maintenu car l’inflation a atteint 30%, selon des sources officielles, qui ont toutefois qualifié ce taux de «gérable». Dans le même prolongement s’inscrit l’indicateur financier que constitue le budget de l’Etat syrien, qui a atteint un niveau record dans l’histoire du pays, soit 21 milliards de dollars, suscitant la réserve de la part des banques libanaises. Ce qui les pousse à se montrer vigilantes vis-à-vis des obligations syriennes est la planche à imprimer de la monnaie qui a commencé à tourner. Une quantité importante de livres syriennes aurait été imprimée en Russie afin de permettre à l’Etat de payer les salaires des fonctionnaires.
En Egypte, une nouvelle proposition de loi réglementant le fonctionnement des banques commerciales égyptiennes est en discussion au Parlement. Elle concernerait les banques libanaises BlomBank et Audi Bank, qui opèrent sur base d’une licence d’exploitation bancaire égyptienne. La proposition de loi exige un relèvement des fonds propres de toute banque égyptienne à 330 millions de dollars. Cette mesure ne devrait pas constituer une entrave aux deux banques libanaises. Les capitaux propres de BlomBank s’élèvent en ce moment à 126 millions et ceux de Bank Audi à 200 millions, représentant 10% et 5,7% du total des actifs respectifs de Audi Bank et BlomBank. Toujours est-il que les établissements de crédit libanais devraient prendre en compte ces nouvelles données lors de l’élaboration de leurs stratégies à venir. Sachant que la proposition de loi qui émane d’un Parlement dominé par les Frères musulmans – récemment dissous – recommande que le pourcentage de banques islamiques dans le pays passe de 4% à 35% d’ici cinq ans.