Magazine Le Mensuel

Nº 2853 du vendredi 13 juillet 2012

Événement

Prix à de jeunes créateurs. La Fondation Boghossian récompense l’art

Le 6 juillet dernier, aux Souks des bijoutiers de Beyrouth, la Fondation Boghossian a remis, pour sa première édition, deux prix à de jeunes créateurs libanais, Tagreed Darghouth et Pascal Hachem.

Créée en 1992 par une famille de joailliers libanais d’origine arménienne basée en Belgique, la Fondation Boghossian a fait de son objectif la promotion du dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident. «L’art est vecteur de paix et atténue les fractures de notre société», introduit Albert Boghossian, président et membre fondateur, lors de la cérémonie de remise des prix le 6 juillet dernier. Des prix, décernés pour la première fois cette année, qui récompensent le travail de jeunes créateurs libanais dans le domaine de la peinture, de la sculpture et de la joaillerie. Une initiative qui devrait se répéter tous les ans et qui concernera d’ores et déjà, en 2013, les domaines de la photographie, de la vidéo, des nouveaux médias et de l’illustration.
Lors de cette première cuvée où 61 créateurs ont postulé, «tous les candidats avaient beaucoup de talent», note André Bekhazi, doyen de l’Académie libanaise des Beaux-arts et membre du jury pour l’occasion. Un jury qui en ferait rougir certains par sa composition éclectique entre critique d’art, designer réputé, commissaire d’expositions, doyen d’université ou encore collectionneur d’art et des personnalités résidant autant au Liban qu’en Belgique. On retrouve ainsi des noms tels que Sam Bardaouil, Thijs Demeulemeester, Nedda el-Asmar, Nada el-Assad, Rose Issa, Janine Maamari, Cyrille Najjar ou encore Albert Boghossian.
«Dans la section peinture, le jury a choisi unanimement Tagreed Darghouth, peintre à part entière, dont les tableaux détiennent une grande force, reprend André Bekhazi. En sculpture, la décision a été plus serrée, mais le lauréat Pascal Hachem nous a proposé une installation extraordinaire». Quant au prix décerné à un jeune créateur en joaillerie, il sera remplacé, faute d’un nombre suffisant de candidats, par un workshop dans le domaine, organisé à l’Alba. Il faut noter que le prix est accompagné d’un chèque de 10000 dollars et de la possibilité pour les primés de séjourner dans la Villa Empain à Bruxelles, acquise par la Fondation en 2006.
Albert Boghossian revient dans son discours sur un art, symbole d’expression. Les deux créateurs récompensés sont d’ailleurs ce que l’on pourrait appeler des artistes engagés, s’intéressant et s’inspirant des sujets sociaux politiques pour créer. «Mon art est lié à un instant donné, chaque création doit être consommable», explique Pascal Hachem, qui utilise des objets de la vie quotidienne sous un angle bien loin de leur nature d’origine, à l’instar de son installation créée avec des boîtes d’allumettes. Quant à Tagreed Darghouth, elle dépeint l’ironie des noms donnés aux bombes nucléaires. «Dans les années 60, le programme nucléaire anglais s’appelait ‘‘rainbow’’, arc-en-ciel. Ils avaient choisi pour chaque bombe une couleur différente de ce dernier. Je me suis attachée à peindre la contradiction entre la bombe et le nom», réagit la peintre, particulièrement fière que ce genre de prix existe pour encourager les artistes libanais.
«C’est louable de voir de jeunes artistes libanais, promoteurs d’une nouvelle vision, conclut André Bekhazi. Comme doyen de l’Alba, je ne peux être que ravi, on ne peut qu’espérer que de nouveaux talents émergent et qu’ils disent ce qu’ils ont à dire à travers l’art».

Delphine Darmency

 

 

 

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