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Nº 2855 du vendredi 27 juillet 2012

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Alaeddine Terro, ministre des Déplacés. Les attentats à caractère politique sont inadmissibles

Ministre des Déplacés, membre du Parti socialiste progressiste, Alaeddine Terro brosse le tableau des relations du parti, et notamment de son chef Walid Joumblatt, avec le Hezbollah et le régime syrien.

 

Nous avons lu les critiques que Walid Joumblatt a adressées au secrétaire général du Hezbollah qui a qualifié les responsables syriens de la sécurité de compagnons d’armes. Qu’est-ce que cela signifie?
Ceci ne signifie rien de nouveau. Nous maintenons nos relations et notre coopération avec le Hezbollah. Ce clin d’œil de Walid Joumblatt était nécessaire en ces moments difficiles que font vivre au peuple syrien ses dirigeants. D’autant plus que ces derniers ont participé d’une manière ou d’une autre à la répression, aux arrestations et aux attentats contre leurs citoyens. Ce qualificatif était quelque peu surprenant de la part d’un leader nationaliste, arabe, musulman et résistant qui a tant donné pour la cause palestinienne.

 

Jusqu’à quand soutiendrez-vous les armes de la Résistance?
Nous traitons ce sujet dans le cadre du dialogue national présidé par le chef de l’Etat. Nous devons trouver une solution à ce problème épineux, à celui des armes palestiniennes hors des camps et à toutes les armes qui se trouvent dans les villes et les villages et qui n’ont aucune raison d’être.

 

La relation avec le Hezbollah peut-elle se dégrader avec l’approche de la chute du régime syrien?
La relation avec le Hezbollah ne se détériorera pas pour cette raison. Il est probablement attaché à sa vision du régime en Syrie alors que nous soutenons le peuple et nous dénonçons les massacres dont il est victime. La chute de ce régime est nécessaire afin que le peuple puisse décider de son sort.

 

Vous avez évoqué le dialogue national, mais nous avons entendu le député Mohammad Raad dire que le Hezb refuse le débat autour de la stratégie de défense tant que la libération n’est pas achevée…
Cette déclaration de notre collègue est une erreur car, le fait même d’accepter de revenir autour de la table du dialogue signifie une acceptation de débattre de la stratégie de défense et des armes. Cette question inscrite au programme du dialogue établi par le président de la République est claire et sans ambiguïté. Il aurait dû refuser dès le début le dialogue et l’ordre du jour. En ne le faisant pas, il donne un accord de principe au débat autour de cette question qui ne sera pas résolue dans l’immédiat, mais il s’agit d’une affaire nationale par excellence. Tout le monde est d’accord sur la protection du pays et sur le fait que les armes servent contre les agressions israéliennes. Mais quel est le rôle de la Résistance et qui donne l’ordre de riposter? Ces questions doivent être débattues autour de la table du dialogue.

 

Croyez-vous que le Hezbollah acceptera de remettre ses armes à l’Etat?
Partout dans le monde, lorsque le pays est exposé à des agressions de la part d’un Etat ennemi ou ami et qu’il existe une résistance et un Etat, la décision revient à l’Etat et à l’armée responsable de toutes les armes qui se trouvent à l’intérieur du pays et qui servent à le libérer. Il arrivera un jour où la Résistance acceptera la nécessité de s’en remettre à l’Etat.

 

Que pensez-vous de la demande du président Michel Sleiman d’adresser une lettre de protestation à l’ambassadeur de Syrie à la suite des infiltrations syriennes des frontières libanaises?
Ceci est normal dans tous les pays exposés à des agressions. L’Etat agressé se doit de porter plainte. En décidant au cours des dernières semaines d’envoyer l’Armée libanaise au Nord, c’était d’abord pour protéger les frontières et les civils, d’empêcher les attaques syriennes et les envois clandestins d’armes libanaises en Syrie et surtout de ne pas impliquer le Liban dans la crise syrienne. L’initiative actuelle donc du président de la République est importante dans ce contexte.

 

Qu’adviendra-t-il si le ministre libanais des Affaires étrangères demandait une décision du Conseil des ministres pour remettre la lettre à son homologue syrien?
Le Conseil des ministres étudiera la question.

 

Le 14 mars demande la remise des datas des communications et de mettre un terme aux attentats pour ne pas boycotter le dialogue. Qu’en dites-vous?
Nous avons été, dès le début, pour la remise des datas aux services de sécurité. Ces derniers doivent obtenir tout ce qui peut faciliter leur action. Certains partenaires au sein du gouvernement refusent d’en remettre la totalité par manque de confiance dans ces services.

 

Qui, selon vous, est l’instigateur des attentats au Liban?
Nous ne voulons pas entrer dans des accusations directes. Ceci relève de la responsabilité des services de sécurité et de la justice.

 

Le député Walid Joumblatt a informé le président de la République de ne pas pouvoir participer au dialogue pour des raisons sécuritaires, et le député Akram Chéhayeb est en voyage pour les mêmes raisons. Le PSP est-il pris pour cible?
Ceci est dû à nos prises de position politique. Cela s’applique aussi au président Nabih Berry et à d’autres leaders tels que Samir Geagea et Boutros Harb. Les attentats à caractère politique sont inadmissibles.

 

A votre avis, jusqu’à quand peut tenir ce gouvernement?
Il tiendra tant qu’il n’y a pas de possibilité de former un nouveau gouvernement et surtout de véritable union nationale et tant que cette équipe travaillera dans la mesure de ses moyens. Ce gouvernement a, probablement, le plus de réalisations à son actif.

 

C’est sous le mandat de ce gouvernement qu’il y a eu le plus de grèves et des manifestations…
Chacun se souvient des grèves qui ont eu lieu au Liban sous les gouvernements les plus forts et combien étaient présentes les revendications populaires… Ceci n’est pas nouveau.

 

Nous avons évoqué la durée de vie des gouvernements, la chute du régime syrien entraînera-t-il celle du gouvernement?
Ce gouvernement n’est pas lié au régime syrien et ne lui doit pas sa formation même si certains ministres ont des relations avec lui.

 

Enfin, que pensez-vous de la menace d’armes chimiques brandie par le président Bachar el-Assad et de la mise en garde du président américain Barack Obama?
Ce sujet a deux volets: le régime syrien ne résistera pas à l’utilisation de n’importe quelle arme pour se maintenir en place. D’autre part les outils de répression utilisés par le régime contre le peuple syrien sont nombreux et équivalent aux armes chimiques.

Propos recueillis par Saad Elias

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