Osons l’unité: tel est le slogan de l’association à but non lucratif, Diaspora libanaise overseas, créée en 2010, en France, par Naoum Abi Rached. Son objectif est de rassembler les Libanais de la diaspora et de tisser des liens forts avec le Liban.
«Notre richesse se base sur la complémentarité des talents, la diversité des appartenances, des cultures et des connaissances». Le président de la Diaspora libanaise overseas, Naoum Abi Rached, y tient. Pourtant, ce n’est que récemment qu’il s’est tourné vers son pays d’origine, après avoir entièrement coupé les ponts durant plus de 35 ans. En 1975, il quitte le pays déçu, choqué, sans arrière-pensées ou regret. Et il ne revient plus. Travaillant dans le prêt-à-porter de luxe, il construit sa vie entre l’Italie et la France, toujours loin du monde libanais, ayant huit sociétés dans le monde, en Russie, en Pologne, en Bulgarie, en Turquie et même à Chypre, mais jamais au Liban. En 2007, il décide d’arrêter de travailler pour de raisons personnelles et retourne vivre à Paris. «C’est là qu’on me fait entrer dans le monde des Libanais, explique-t-il, et que je commence à réfléchir à la question, effectuant un virement de 180 degrés. Peut-être qu’à cause de l’âge, on revient vers ses racines». Pensant au succès des Libanais, hommes et femmes de par le monde, à l’ambition de la jeune génération, à la diaspora libanaise, Naoum Abi Rached se demande pourquoi n’avons-nous pas de consistance, n’avons-nous pas la force comme d’autres minorités. Etudiant la stratégie des juifs, des Arméniens, du Hezbollah et tant d’autres, il est habité par l’urgence d’agir. Dès 2009, il prend contact avec les personnes importantes de la colline libanaise qui lui affirment tous que plusieurs tentatives de rassemblement de la diaspora libanaise ont été lancées, mais sans résultat, en raison de l’individualisme du Libanais. «Il est normal que le Libanais qui, par son courage, s’est fait lui-même, veuille couver ses acquis. Il est vrai que dans nos gènes, il y a cet ego très fort, mais si on le baisse de 10%, on peut rester ensemble. S’il y a le respect de la personne humaine, on peut rester ensemble. Tel était le défi».
L’unité comme seul choix
Le 21 novembre 2010, l’association est lancée, en flèche. C’est que Naoum Abi Rached y consacre toute sa vie, ayant la chance, comme il le dit, d’être entouré de personnes qui croient dans ce Liban multiconfessionnel et dans la nécessité d’accorder aux générations futures leur place dans ce pays. «Il faut à tout prix que nous devenions très forts, car c’est à ce moment-là que l’on aura vraiment une position dans le monde». C’est d’ailleurs pour cette raison-là, que le mot overseas en anglais a été ajouté au nom de l’association. Car même si son point de départ est en France, son ambition est de couvrir d’autres pays anglophones où est disséminée la diaspora libanaise, tels l’Angleterre, Dubaï, Abou Dhabi… «pour fédérer partout cette idée de travailler ensemble pour être plus forts».
L’association compte plusieurs objectifs à réaliser donc quatre que Naoum Abi Rached considère comme les plus importants. Premièrement, la création de la Maison de la Diaspora à Paris, un centre de rencontre, d’expression et de partage pour tous les membres de la communauté. Deuxièmement, la mise en ligne de l’annuaire professionnel afin de renforcer le réseau interprofessionnel libanais et franco-libanais en France et dans les pays d’adoption. Troisièmement, donner la priorité à la jeunesse en créant des rencontres autour de ses centres d’intérêts, en l’aidant à trouver stages et travail en France. Quatrièmement, présenter au monde entier le talent créatif des Libanais dans tous les domaines.
L’idée d’Abi Rached a tout de suite suscité l’enthousiasme. Habitué à traiter avec l’image de marque, la confiance, le perfectionnisme depuis son travail dans le prêt à porter, Naoum Abi Rached tient à présenter un projet bien structuré à tous les points de vue. «Il faut savoir gagner la confiance des gens, les intéresser, leur montrer que ce qu’on fait est un travail de groupe qui concerne tout le monde. Il faut se réveiller». En moins de deux ans, l’association a déjà des centaines d’adhérents. Et le président garantit que dans quelques mois, avec la mise en ligne du nouveau site et les réseaux sociaux, ils seront plus de 5 mille. C’est pour rassembler le plus grand nombre que les frais d’adhésion ne coûtent que 12 euros par an, ciblant notamment les jeunes. «Le rôle de la diaspora est très important pour le Liban, pour l’avenir du pays. Aujourd’hui il n’y a pas encore un vrai lien, mais il devrait l’être. Nous y travaillons. Et surtout nous tenons absolument à la multiplicité, à l’aspect multiconfessionnel de l’association. Il faut vivre ensemble et travailler ensemble. C’est l’avenir du Liban. On n’a pas d’autre choix».
Nayla Rached
Le nouveau site de l’association, www.diasporalibanaise.com, sera en ligne durant la deuxième quinzaine du mois d’août.
Une programmation diversifiée
En 2011, l’association a organisé plusieurs rencontres et événements culturels et artistiques: concerts, exposition, conférences autour de l’environnement et de la préservation du patrimoine. Et notamment, «événement phare», un grand concert à l’occasion de la fête de l’Indépendance au cours duquel le chanteur Ghassan Saliba a enchanté la foule de Libanais, «chérissant main dans la main, ensemble musulmans et chrétiens, le pays». Un événement qui se répétera cette année, avec Carole Samaha, et d’autres artistes pour les années à venir.