Cette semaine, la presse internationale s’inquiète grandement de la situation au Liban, où les problèmes non résolus s’accumulent dans tous les pans de la société. Une atmosphère explosive.
Le Monde titre: «Pendant que les pneus brûlent au Liban». Je manifeste, donc je suis. Ce pourrait être le slogan de l’été auLiban, marqué par toutes sortes de protestations aux motifs politiques, économiques ou sécuritaires. Les manifestations, des plus éclair aux plus durables, exprimant la colère ou le soutien, défiant l’Etat ou contestant son impuissance, témoignent d’un malaise. Elles prennent les formes les plus variées: qu’importe la méthode, ce qui compte, c’est d’être vu et entendu.
Il y a, bien sûr, le modèle traditionnel: un rassemblement avec mégaphone, banderoles et pancartes, en présence d’un vaste déploiement des forces de sécurité. Des fonctionnaires se sont ainsi rassemblés en juillet, à deux pas du Grand Sérail, siège du gouvernement libanais, pour réclamer une hausse des salaires.
Figure également parmi les tactiques devenues, hélas, des plus classiques, celles du pneu brûlé, de préférence sur un important axe routier, afin de donnerle maximum d’écho à son courroux. La méthode a si bien été utilisée cette année (on a brûlé des pneus pour protestercontre des arrestations, les coupures intempestives d’électricité, ou le rapt de ressortissants libanais en Syrie…) qu’elle est devenue l’objet de plaisanteries ou de conseils facétieux, l’humour faisant comme souvent rempart au Liban au ras-le-bol et à l’inquiétude face aux incidents.«Ne brûlez pas les pneus usés, recyclez-les», a-t-on pu liresur les réseaux sociaux.
Mais sans aucun doute, la technique la plus prisée de cette saison est celle du sit-in, mise en œuvre à Beyrouth, dans la Békaa ou dans le Sud.
Pour Valeurs Actuelles, l’orage gronde au Liban. Beyrouth donne l’illusion d’une ville apaisée et prospère. A l’instar des plages de Jbeil envahies par la foule, la saison des festivals a démarré tambour battant. Dans la capitale libanaise, des dizaines de restaurants ont ouvert sur la marina et la vie nocturne est toujours aussi trépidante. On en oublierait la crise politique chronique, les coupures d’Internet qui agacent la population ou la hausse de prix dulabneh, ce fromage blanc dont raffolent les Libanais.
Selon les chiffres officiels, le taux de remplissage des hôtels à Beyrouth est en augmentation de 35% par rapport à 2011, mais ce bon résultat est dû principalement au tourisme d’affaires. En réalité, les visiteurs venus de l’étranger se font rares, y compris ceux de la diaspora libanaise, moins nombreux qu’à l’accoutumée. Ces dernières semaines, 80% des touristes européens auraient annulé leurs vacances au Pays du Cèdre.
Autre facteur aggravant: quatre Etats du Golfe –Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar– ont appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre au Liban, évoquant des raisons de sécurité liées à la Syrie.
Ouest-France était cette semaine dans la Békaa, à la rencontre de réfugiés syriens. Bar Elias. Ce village, planté en plein milieu de la plaine de la Bekaa, est surtout connu pour être l’un des douze camps de réfugiés palestiniens installés au Liban. Un grand axe le coupe en deux: la route de Damas, qui relie les capitales libanaise et syrienne. Ici, à seulement 4 km du principal poste-frontière, des gamins s’amusent avec des jouets improvisés.
Les petits commerces pullulent. Rami vend des drapeaux, libanais bien sûr, mais aussi ceux de la rébellion syrienne.«Les Syriens que l’on voit ici ne sont pas ceux qui défendent le régime,explique-t-il. Pour moi, ce sont mes frères, regardez nos visages, nous nous ressemblons, nous sommes un même peuple. Dans mon village, nous avons accueilli plusieurs familles». Face à Rami s’étend la chaîne montagneuse de l’Anti-Liban, qui marque la frontière libano-syrienne du nord au sud. A Masnaa, d’ordinaire très agité, le poste frontière semble éteint. Les camions de marchandises dorment en file indienne le long de la route. L’agriculture subit de plein fouet les fermetures de la frontière.
A 10 km de là, dans la ville commerçante de Chtaura, les habitants font grise mine. Samer règne sur quelques hectares de pommes de terre. Impossible pour lui d’exporter ses légumes depuis plusieurs semaines. Alors il se débrouille, engageant à la journée des réfugiés syriens en quête de travail. Ils s’installent sous le soleil, au bord des routes, pour vendre des sacs de 5 kg de tubercules.
L’hebdomadaire français Le Pointa publié un article sur la recrudescence des cyber-attaques dans le monde. Et le Liban fait l’objet d’une attention particulière. Au cours des onze derniers mois, huit virus informatiques sophistiqués ont attaqué la planète virtuelle à travers le Liban. Ces virus ont infiltré les systèmes, pillé les informations et les ont envoyés à cinq serveurs à travers le monde, notamment en Inde, au Portugal et aux Etats-Unis. Ces attaques – les plus sophistiquées de l’histoire informatique du pays – placent le Liban dans le cyclone du cyber-espionnage international. Le premier virus, appelé Gauss, pose le schéma.
Selon des experts informatiques, seuls des pays comme la Russie, la Chine, Israël et les Etats-Unis possèdent les capacités de modeler un virus aussi agressif. Et c’est certainement l’un de ces pays qui a lancé les attaques sur les comptes email et financiers du Liban. Le secteur bancaire libanais est en panique. «Les banquiers ont peur et ne savent pas quoi faire. C’est une attaque directe contre le Liban». D’autres experts expliquent que le système de protection des données gouvernementales au Liban est en danger. Les attaques informatiques sont légion dans le cyberespace, mais la fréquence à laquelle le Liban est touché pose question. Sur les 2500 dernières infiltrations comptabilisées par les sociétés spécialisées dans la lutte contre la cybercriminalité, 1660 ont été localisées au Liban.
The Wall Street Journal s’intéresse aux réfugiés palestiniens qui quittent la Syrie pour le Liban. Quelque 600 familles palestiniennes venues de Syriesont arrivées au Libandepuis le début du mois en raison des combats violents dans et autour du camp de Yarmouk à Damas, selon un responsable de la section libanaise du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
«Quelque 600 familles palestiniennes sont arrivées dans des camps de réfugiés palestiniens au Liban ces trois derniers jours», a déclaré Marwan AbdelAal, en précisant que «la plupart de ces familles venaient du camp de Yarmouk». «La plupart des familles ont trouvé refuge dans les camps de Jalil et de Taalabaya dans la région de la Békaa»,dans l’est du Liban, a indiqué Abdel Aal.«Cinquante autres familles sont allées à Nahr el-Bared [nord], 28 à Baddaoui [nord] et le reste à Aïn el-Hilwé[sud]».«Il y a encore des familles du côté syrien de la frontière qui attendent la permission des autorités syriennes de passer»,au Liban, a-t-il dit.
Mais une fois au Liban, les réfugiés palestiniens de Syrie rencontreront une nouvelle difficulté, a-t-il souligné, car ils ne sont autorisés àresterqu’une semaine dans le pays.«Nous cherchons des moyens de leurpermettrederestertrois mois», a ajouté le responsable, en expliquant que les organisations palestiniennes au Liban avaient tenu plusieurs réunions sur la question avec des responsables libanais et l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Quelque 455000 réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNRWA au Liban.
J. A-R.
Tests humiliants
Des dizaines de personnes ont manifesté samedi devant un tribunal de Beyrouth pour protester contre le recours à un «test» anal pour les hommes soupçonnés d’être homosexuels, une orientation sexuelle illégale dans ce petit pays arabe.
Ce rassemblement fait suite à une opération menée le 28 juillet dans un cinéma gay d’un quartier populaire de la capitale libanaise, au cours de laquelle 36 hommes ont été arrêtés et forcés à subir de tels tests, sous prétexte d’établir leur orientation sexuelle.