Magazine Le Mensuel

Nº 2861 du vendredi 7 septembre 2012

general

Beyrouth. Une municipalité riche mais lente

Les municipalités au Liban jouissent d’une certaine autonomie, mais n’en demeurent pas moins sous le contrôle du ministre de l’Intérieur. Certaines sont riches, dont celle de Beyrouth et d’autres le sont moins.

La création des municipalités au Liban remonte au XIXe siècle. La première fut celle de Deir el-Kamar, en 1864. Promue au rang de capitale d’une wilaya, Beyrouth s’est vue dotée par le wali, en 1867, d’un conseil chargé de la salubrité publique, de la sécurité et de l’éclairage. Son rôle ne sera réellement pris en considération que sous le mandat du président Fouad Chéhab.
La municipalité de Beyrouth dispose d’un conseil municipal de 24 membres, élus pour 6 ans au suffrage universel direct. Elle est dotée d’une personnalité morale et jouit de l’indépendance financière et administrative. Comme toutes les municipalités, elle a un pouvoir de décision et un pouvoir d’exécution. Le conseil municipal constitue une autorité de décision. Ces décisions sont prises par scrutin ouvert à la majorité. Le président du conseil municipal détient généralement le pouvoir d’exécution, mais exceptionnellement à Beyrouth c’est le Mohafez qui en dispose. De plus, c’est le ministre des Affaires municipales lui-même qui exerce le pouvoir de contrôle sur le conseil de la capitale. Chaque décision votée par le conseil passe par un long et lent circuit qui remonte au ministère ou à l’administration publique concernée, puis doit obtenir l’aval du Conseil des ministres et celui de la Cour des comptes. La municipalité de Beyrouth, comme un certain nombre d’autres municipalités, choisies par un décret pris en Conseil des ministres, sur proposition du ministre de l’Intérieur, est soumise au contrôle de la Cour des comptes. Cette dernière contrôle par anticipation certains projets et contrats ou après leur réalisation.
En raison de complications et de lourdeurs administratives, plusieurs décisions du conseil municipal restent lettres mortes à cause parfois de désaccords entre le conseil et les services de la Mohafaza.
Après les années de guerre, et alors que la capitale fut reconstruite, le conseil municipal de la ville n’a pas exercé de contrôle sur le développement urbanistique du centre-ville. Pourtant, la ville de Beyrouth est actionnaire de Solidere et elle est représentée à son conseil d’administration. Les décisions concernant la planification du centre-ville et la construction relèvent du ressort du Conseil du développement et de la reconstruction.
La municipalité est soumise à la loi de la comptabilité générale. Le budget municipal doit être homologué par l’autorité de tutelle administrative. En cas de retard dans le vote et la validation du budget avant la nouvelle année financière, le principe du douzième provisoire est appliqué.
Les ressources proviennent des taxes perçues directement par la municipalité, celles perçues par l’Etat, par les offices autonomes, par les établissements publics ou par les services gouvernementaux pour le compte de la municipalité, les taxes perçues par l’Etat pour le compte de l’ensemble des municipalités et déposées dans la caisse municipale autonome, et les diverses ressources exceptionnelles comme les dons, les emprunts, les amendes, les produits des biens immobiliers…
Entre 1991 et 2003, la municipalité de Beyrouth a traversé une période pendant laquelle elle a connu des déficits puis un équilibre. Son budget en 1991 était de 14934100000 L.L. Il est passé à 105919000000 L.L. en 2003. Depuis, il ne cesse d’augmenter jusqu’à atteindre 400 milliards de L.L.
Les taxes perçues directement par la municipalité de Beyrouth constituent les plus importantes recettes. Outre les équipements, les travaux et diverses installations, les salaires constituent un pourcentage élevé des dépenses de la municipalité.
Afin d’améliorer la qualité de vie dans la capitale, la municipalité de Beyrouth a décidé dernièrement de se lancer dans un plan de réhabilitation des espaces verts, ouverts à la participation de tous les contributeurs potentiels. Le projet est intitulé «Amazing Beirut». A.K.

La visite papale
Le président de la municipalité de Beyrouth, Bilal Hamad, a refusé il y a quelques semaines, de soumettre à l’ordre du jour du conseil municipal la participation de la ville aux frais occasionnés par la visite du Pape au Liban, prévue pour le 14 septembre.

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