Magazine Le Mensuel

Nº 2862 du vendredi 14 septembre 2012

Semaine politique

L’armée à Dahié, les otages libérés. L’Etat réaffirme son autorité

A la faveur d’un déploiement sans précédent dans la banlieue sud de Beyrouth, l’armée a démantelé la cellule agissante des Mokdad, libéré quatre otages syriens et contraint le clan à lui remettre l’otage turc. Un prélude à la libération des pèlerins libanais enlevés en Syrie?

C’est une opération coup de poing à laquelle Nabih Berry a explicitement donné son accord. L’Etat a pris la décision politique d’imposer son autorité. Après avoir réussi à stabiliser le nord du pays, de Tripoli jusqu’à la frontière avec la Syrie, l’armée s’est donc attaquée aux responsables des enlèvements qui ont eu lieu en réaction au rapt des pèlerins chiites à Alep. Il n’était plus question pour les autorités de laisser les clans mener les négociations avec les groupuscules syriens. Sans doute le Hezbollah et le mouvement Amal ont-ils donné le feu vert au déploiement de la troupe sur leur terrain. Après avoir joué la montre et ménagé la chèvre et le chou, les deux partis, craignant les débordements, ont dû se résoudre à autoriser une première depuis des années. En fin de semaine dernière, l’armée s’est ostensiblement déployée à Dahié, sur les grands axes comme dans les petites ruelles des quartiers habituellement contrôlés par les organisations chiites. Elle a décidé de frapper fort.

La cellule Mokdad démantelée
«Conformément aux directives du commandant en chef de l’Armée libanaise, le général Jean Kahwagi, plusieurs unités ont effectué des perquisitions et arrêté les individus impliqués dans les enlèvements d’étrangers et dans la fermeture des routes au Liban», dit le communiqué publié mardi soir. Les opérations auront duré quatre jours. Dans la soirée du 7 septembre, sur foi de mandats d’arrêt, une force d’intervention a effectué une descente dans le quartier de Roueiss et aux alentours «pour retrouver des personnes enlevées dont des membres de la famille Mokdad avaient revendiqué la responsabilité».
Le coup de filet a été prolifique. De grandes quantités d’armes, notamment entreposées dans des mosquées, ont été interceptées. Plusieurs personnes, connues des services de police pour des voies de fait, ont été arrêtées dont Hassan Mokdad, chef de la «branche militaire» du clan.
Etait-il en compagnie des otages recherchés par l’armée juste avant l’assaut? Oui, estime l’armée qui pense alors que si les otages ont effectivement été exfiltrés, leurs ravisseurs n’ont pas pu quitter le secteur compte tenu du déploiement massif de ces forces sur le terrain.
Très vite, le clan a réagi. Trois jours après l’opération de l’armée dans son fief, son porte-parole Maher Mokdad a expliqué qu’il n’avait plus de contacts avec les ravisseurs des cinq otages, défiant l’armée de les retrouver. Ce qu’elle fera en quelques heures. Dans la nuit de lundi à mardi, ce sont les quartiers autour de Roueiss comme Ghobeyri et Haret Hreik qui sont fouillés. Mais c’est à Hay el-Sellom que les forces d’intervention ont eu la plus grosse prise. Les quatre otages syriens et leurs deux geôliers y ont été retrouvés. Mais pas de trace de Tufan Tekin. L’otage turc représente leur plus grosse monnaie d’échange. Sa libération interviendra le lendemain après négociation. Comme pour sauver la face, le clan Mokdad a obtenu contre Tekin l’assurance que les pèlerins enlevés en Syrie soient libérés. L’«aventure» des Mokdad s’est achevée mardi au quartier général de la Sûreté générale.

L’espoir renaît pour les pèlerins
C’est à Abbas Ibrahim, directeur général de la Sûreté générale, que l’otage turc a été livré, après 26 jours de captivité. Il a ensuite été emmené à l’ambassade de Turquie en compagnie de Marwan Charbel. Le clan expliquera qu’il s’agit d’un geste de bonne volonté envers les autorités libanaises et turques. En réalité, la remise de l’otage est le résultat d’une double négociation, d’un côté entre Ibrahim et des représentants du clan, de l’autre entre Maher Mokdad et le ministre de l’Intérieur.
Les autorités de l’Etat font coup double. Toutes les autres cellules qui détiennent encore des otages sont les prochaines dans la ligne de mire. Cette opération magistrale doit servir de tremplin pour le dossier qui est à l’origine de toute cette histoire.  
C’est Marwan Charbel qui le dit. «La Turquie nous aide beaucoup dans le dossier des pèlerins. Nous espérons très vite vous donner de bonnes nouvelles les concernant». Mardi soir, alors que le Premier ministre Najib Mikati recevait les appels de son homologue turc, Reccep Tayyip Erdogan, et du chef de la diplomatie, Ahmat Davutoglu, Abbas Ibrahim et lui se sont envolés avec Tekin pour la Turquie. D’abord pour remettre l’otage aux autorités de son pays, mais surtout pour y conduire les négociations avec les ravisseurs des pèlerins. Si, en contrepartie de la libération au Liban des otages turcs, Ankara a donné des garanties solides aux autorités libanaises quant à la libération prochaine des otages libanais, cela pourrait expliquer le feu vert que le Hezbollah et le mouvement Amal ont donné à l’Armée libanaise.
C’est en tout cas l’opinion des habitants des quartiers sud qui estiment que les grands partis de la communauté les ont «lâchés». «Un véritable coup de couteau planté dans leur dos», peut-on entendre dans les rues du secteur. «Ils ne pensent à nous qu’au moment des élections». Le phénomène de débordement que subissent les partis politiques traditionnels au sein de la communauté sunnite est-il en train de gagner la communauté chiite? D’une certaine manière, le Hezbollah et le mouvement Amal font coup double. En donnant carte blanche à l’Etat, ils se sont rapprochés de la libération des pèlerins libanais et ont neutralisé les déstabilisateurs sans se mouiller.
Sur le plan politique, le gouvernement et la majorité réalisent une belle opération. L’argument de l’opposition, selon lequel le Hezbollah se sert du gouvernement pour garder les coudées franches, ne tient plus. L’armée a pénétré les quartiers qu’il contrôle. Mieux, le Parti apparaît comme un véritable partenaire. Le président Sleiman et le Premier ministre apparaissent comme ceux qui ont redonné prestige à l’Etat. De plus, l’armée s’offre une image de neutralité et de puissance qui, voudrait-elle, lui permettrait de s’imposer plus facilement, au cas par exemple d’une recrudescence des affrontements à Tripoli, où l’on reste très vigilant. Si vendredi a débuté l’opération mains propres dans la banlieue sud, l’armée a le même jour donné un autre signal, dans une affaire qui reste très sensible au Nord. En effet, la Cour de cassation militaire a décidé de libérer sous une caution de 200 dollars, les trois officiers arrêtés dans le cadre de l’enquête sur la mort des cheikhs Abdel Wahed et Merheb, tués à un barrage de l’armée le 20 mai dernier. Il y a encore quelques semaines, les mouvements salafistes présents à Akkar auraient violemment protesté contre ces libérations à coup de manifestations violentes.
Le Courant du futur dénonce «une violation des droits des martyrs et d’un non-jugement des coupables et annoncera des mesures «après la visite du pape». Va-t-il mettre en péril la stabilité retrouvée du pays après les prises de responsabilité de l’armée?
Les premiers éléments de réponse apparaîtront quelques heures après que Benoît XVI aura quitté le sol libanais. Pour le gouvernement, le combat sera permanent.

Julien Abi-Ramia


Le calvaire des otages
Quelques heures après leur libération, les otages syriens ont raconté leur captivité.
L’un explique avoir été «battu et électrocuté». «Ils m’ont obligé à avouer que je faisais partie de l’Armée syrienne libre» face caméra. Un autre otage, qui travaille dans une entreprise située sur la route de l’aéroport, a raconté que «huit hommes armés» l’ont attaqué.
Ils expliquent tous avoir été déplacés à maintes reprises, tous les deux jours. L’otage turc a été séparé deux semaines avant la libération pour laquelle ils ont remercié l’Armée libanaise. 

 


 

Benoît XVI au Liban
Une organisation huilée pour un messager de paix

Dès sa descente de l’avion, le vendredi 14 septembre à 13h45, l’homme en blanc a un programme concocté à la minute près. Les services d’ordre sont fin prêts. Ne restaient plus, il y a 48 heures, que les derniers finissages avant le jour J.

L’excitation est presque palpable dans la voix avenante du Père Marwan Tabet, coordinateur de la visite historique du pape Benoît XVI au Liban. Les aiguilles tournent, et tout doit être impeccablement mis en place pour que le Liban reçoive comme il se doit le Saint-Père.
D’exceptionnelles mesures de sécurité seront mises à exécution dès avant l’arrivée de Benoît XVI à Beyrouth, et cela non seulement en raison de l’importance de la personnalité reçue, mais aussi, certainement, à cause de la situation politique précaire au Liban et dans la région.

Eviter les bouchons
Sur le tarmac de l’aéroport de Beyrouth, une cérémonie d’accueil est prévue pour le pape, qui se dirigera ensuite directement à la basilique Saint-Paul à Harissa pour signer l’Exhortation apostolique. Dès le lendemain, le programme est bien chargé, et les Libanais auront la possibilité d’apercevoir le pape, soit lors de sa réunion avec les jeunes à Bkerké, soit lors de la messe en plein air prévue sur la façade maritime de Beyrouth.
Le dimanche en particulier sera l’objet de mesures particulièrement strictes, pour éviter aux citoyens désireux d’assister à la messe les bouchons sur les autoroutes et les mauvaises surprises à l’arrivée.
Il y aura pour les fidèles deux possibilités de transport jusqu’au site où se tiendra la messe, la première étant vivement recommandée par les organisateurs.
Le premier moyen possible est de faire appel à la municipalité ou à la paroisse et de rejoindre le groupe qui démarre de là. Cela évitera que chaque personne se déplace avec sa propre voiture, créant des embouteillages et rendant difficile, voire impossible, de garer son véhicule. Les bus affrétés pour le transport des fidèles ont un itinéraire bien précis, que les chauffeurs doivent suivre, encore une fois pour éviter l’effet entonnoir. Ainsi, tous les bus ne prendront pas forcement la même route pour arriver à Beyrouth. Pour chaque région libanaise, différents itinéraires ont été dessinés, et tous les chauffeurs ont été dûment briefés.
La deuxième option reste l’emprunt de son propre véhicule pour accéder au front de mer beyrouthin. Autant que les fidèles soient prévenus à l’avance: il leur sera pratiquement impossible de se garer à proximité du lieu où le pape Benoît XVI doit prononcer la messe. Presque tous les parkings de Jbeil à Beyrouth ont été loués pour les bus ou pour les navettes.
Ainsi, si l’on a décidé de prendre sa voiture, il faudra s’arrêter et la placer dans un des parkings adjacents aux stations des navettes. A cet effet, 125 bus sont chargés de faire la navette le long de sept stations qui seront signalées au public. Dans chaque bus, il y aura un scout du Liban chargé de vérifier le bon fonctionnement du travail, les places encore disponibles, l’itinéraire, etc.
Normalement donc, si les Libanais se contentent de suivre les directives prévues pour le jour J, ils pourront, en grand nombre, assister à une messe historique ce dimanche, au cœur d’un Beyrouth fièrement reconstruit.
Le pape quittera Beyrouth dimanche soir à 19h00; il sera accompagné jusqu’à Rome sur un vol MEA, par l’émissaire du président de la République, le général Georges Khoury, ambassadeur du Liban auprès du Vatican.

Joumana Nahas


Rencontre avec les jeunes
Le pape Benoît XVI ira à la rencontre de la jeunesse libanaise le samedi 15 septembre à 18h00 à Bkerké. Là aussi, l’organisation est très stricte: les portes seront fermées dès 16h00, donc il vaut mieux s’y prendre tôt. Entre 16h00 et 18h00, il y aura un temps de prière et de réflexion. Ensuite, une fois le Saint-Père sur place, le patriarche maronite devrait prendre brièvement la parole, suivi de deux évêques et de deux jeunes Libanais. Enfin, Benoît XVI s’adressera lui-même au public.

 


 

Le patriarche Raï au Chouf
Consolidation de la coexistence

La visite du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, au Chouf a revêtu une importance majeure. A l’heure des bouleversements que vit la région, elle symbolise l’unité libanaise.

Pendant deux jours, Mgr Béchara Raï a sillonné les villages du Chouf et clôturé sa tournée par une rencontre avec le chef du PSP, le député Walid Joumblatt, au palais de Moukhtara. Placée sous le signe de la «finalisation de la réconciliation de la Montagne», conclue par son prédécesseur, Mgr Nasrallah Sfeir, en 2001, la tournée a englobé plusieurs villages. Partout, Mgr Raï a plaidé pour la coexistence et l’unité de la Montagne et du Liban.
A Moukhtara, les banderoles dont le PSP a garni la façade du palais de Moukhtara, résument l’importance de la visite patriarcale: «Moukhtara restera fidèle à la réconciliation historique et au message de la coexistence», «Moukhtara est votre maison, Bienvenue Monseigneur».
Le député Walid Joumblatt, entouré des cheikhs de la communauté druze, des députés du PSP et de la région, attendait le patriarche maronite sur le perron du palais. Après un rappel de la visite de Mgr Sfeir, Joumblatt a évoqué la plaie ouverte de Brih, et la nécessité d’y remédier pour achever le retour des Déplacés. Brih est l’un des rares villages de la Montagne où la réconciliation druzo-chrétienne n’a pas encore eu lieu.
Mgr Raï a rendu hommage à Joumblatt, saluant sa «volonté sincère» de «consolider la coexistence dans la région du Chouf, notamment entre chrétiens et druzes». Il place sa visite dans le cadre de la «poursuite et de la réactivation du processus de réconciliation entre les maronites et les druzes, mais aussi entre toutes les composantes de la Montagne, quels que soient leur confession, leur parti et leur appartenance.»
Le patriarche a lancé à partir de la Montagne le message suivant: «En tant que chrétiens, nous œuvrons pour l’unité interne dans le cadre d’un Etat civil et démocratique, séparant totalement la religion de l’Etat, préservant la foi en Dieu et respectant toutes les religions et leurs coutumes. Nous œuvrons aussi à renforcer la liberté sous tous ses aspects, les droits et les devoirs de la citoyenneté, l’allégeance absolue à la patrie, le respect de ses institutions et l’égalité entre tous».
La visite papale n’a pas été étrangère à la tournée au Chouf. Mgr Rai souligne l’importance de cette visite. «C’est une occasion qui montre au monde l’importance du Liban, terre de paix, de rencontre et de dialogue entre les religions et les cultures ainsi que son rôle dans son environnement moyen-oriental en tant que facteur constructif et créateur du développement global et de la diffusion des valeurs de la modernité et de la mondialisation», a-t-il affirmé.
Joumblatt, de son côté, a souligné la valeur de la visite du pape et  appelé les druzes à participer en masse à l’accueil du souverain pontife.
Dans tous les villages où il a passé, durant ces deux jours, le patriarche maronite a reçu un accueil enthousiaste. Il a mis le doigt sur le rôle des Chrétiens au Liban et dans la région et souligné qu’ils «sont porteurs d’un message au Liban et au Moyen-Orient».
De Kneissé à Ammiq, Kfar Nabrakh, Fraydis, Barouk, Aïn Zhalta, Bmehray (caza de Aley), puis Beiteddine, Mgr Rai a tenu le même langage, rappelant le rôle historique des chrétiens, et l’importance de leur présence dans la région. Cette visite renforcera-t-elle la coexistence dans la Montagne?

 

Arlette Kassas

Un incident à Kfar Qatra
La tournée aurait dû inclure le village, à majorité maronite, de Kfar Qatra, mais un litige entre l’actuelle présidente du conseil municipal, Aline Nassar, et son prédécesseur, Wajih Nassar, a abouti à l’annulation pure et simple de cette étape.
Par ailleurs, le patriarche maronite a relaté, au cours de sa visite, un fait remontant à l’année 1954. Une cérémonie avait eu lieu lors d’un transfert d’une statue de la Vierge Marie. Kamal Joumblatt, père de Walid, dépose sur la statue un collier de perles ayant appartenu à sa mère, Nazira. Il écrit ces mots sur le registre officiel de la cérémonie: «Je passe ce collier du cou de ma mère à celui de Notre Vierge mère».

 


 

Nicolas Nahas, ministre de l’Economie
L’Etat ne renoncera pas à son rôle

Le gouvernement assumera ses responsabilités jusqu’au bout; l’Etat existe et peut servir de dénominateur commun; le cabinet se doit d’être juste et équitable; les élections doivent avoir lieu à la date prévue. Autant d’idées et de prises de position exprimées par Nicolas Nahas, ministre de l’Economie et du Commerce.

Est-ce vrai que le gouvernement se maintient parce qu’il est doté de plusieurs vies, comme l’a dit Mikati?
La stabilité, la paix civile sont des éléments essentiels au Liban. Pour nous prémunir contre les incidences des développements extérieurs, il faut que le pouvoir puisse exercer ses prérogatives dans tous les sens du terme. Il ne faut pas mettre en doute l’existence de ce pouvoir qui a une mission à accomplir jusqu’au dernier jour. Depuis un certain temps, et précisément lors de la séance du dialogue national, des voix se sont élevées pour réclamer un changement ministériel, ce qui a créé une grande confusion. Le président Mikati a voulu rectifier l’idée et la mettre dans son juste cadre, en disant que «celui qui assume ses responsabilités, ne se rétracte pas. Au contraire, il entreprend, assume ses responsabilités et au final, les citoyens le jugent sur le résultat»

Pourquoi le gouvernement a-t-il pris maintenant la décision d’approuver la grille des salaires qui a suscité tant de débats?
La grille a été approuvée suite à plusieurs développements. A commencer par le projet de loi avalisé par le Parlement avec un amendement portant sur la grille des salaires des magistrats, sachant que le Conseil de la Fonction publique avait procédé à une étude indiquant que le Parlement ne dispose pas de prérogatives lui permettant l’adoption de lois ayant un impact sur les finances de l’Etat. Cela s’est quand même produit. Il y a eu ensuite l’amendement de la grille des enseignants universitaires, ce qui a entraîné des revendications du côté des militaires, des professeurs et des fonctionnaires. Nous avons démarré avant même d’examiner la grille des salaires dans son ensemble à la lumière des moyens réels dont l’Etat dispose. C’était une erreur, il fallait examiner les possibilités. Le gouvernement n’est pas responsable de ce démarrage incorrect, on avait franchi une étape et le gouvernement se doit d’être équitable envers ses citoyens. Lorsque deux grilles sont amendées, on ne peut pas dire aux autres: débrouillez-vous! Le Premier ministre avait indiqué, dès le départ, qu’il était favorable à un règlement équitable à deux conditions: assurer le financement du projet tout d’abord, et veiller à ce qu’il n’y ait pas des retombées économiques négatives.

Votre commentaire sur les critiques concernant l’augmentation faramineuse des salaires des présidents, ministres et députés?
Nous ne devons pas regarder l’arbre lorsqu’il y a une forêt devant nous. J’approuve la proposition de Freij Sabounjian qui veut qu’on donne l’exemple, mais le problème est plus profond.

Y a-t-il eu coordination avec le Hezbollah avant de mener les perquisitions dans la banlieue sud?
Je ne voudrais pas aborder cette question, elle dépend des organes sécuritaires. Mais politiquement, je peux dire que la décision est prise.

Mais les gens se demandent quel est le secret qui a poussé l’Etat à récupérer une partie de son autorité?
Les deux présidents de la République et du Conseil avaient déclaré que l’Etat a les moyens d’agir, même ultérieurement. Nul n’a renoncé à son rôle. Mais en présence d’une conjoncture inhabituelle, irrationnelle, de divergences au niveau national qui dépassent le registre politique, vous avez besoin de jouer un rôle de rassembleur, pour pouvoir à la fois veiller à la sécurité des citoyens et préserver l’autorité de l’Etat au milieu d’un clivage national enraciné dans le pays. La situation traîne depuis au moins 1975 et finalement nous ne sommes jamais parvenus à un règlement définitif sur la coexistence et une même loi qui s’applique à tous. Nous sommes toujours divisés en tribus et groupes de toutes sortes, mais l’Etat existe toujours et peut servir de dénominateur commun à tous.

Allez-vous vous porter candidat à Tripoli avec le président Mikati?
Chaque chose en son temps!

Que pensez-vous de ceux qui mettent en doute la tenue des législatives à l’échéance constitutionnelle?
Pourquoi vouloir prédire? Le gouvernement croit à la tenue des élections et je déclare que si jamais elles n’ont pas lieu, ce sera un grand échec pour le Liban. Le président Sleiman a dit qu’il ne le permettra pas. Œuvrons en gardant en tête cette conviction. Pour ma part, j’appuie toute formule qui mène à un meilleur équilibre et à une meilleure représentativité.

Propos recueillis par Saad Elias

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