Le 27 avril 2012, la marine libanaise interceptait le navire Lutfallah II transportant trois conteneurs d’armes. Des poursuites ont été engagées contre 21 personnes dans cette affaire, dont 13 Syriens.
Le navire, battant pavillon de La Sierra Leone, avait été intercepté alors qu’il était amarré au large du Liban-Nord. La Finul a averti l’armée du caractère suspect du navire. Une fouille minutieuse a permis de découvrir à son bord trois conteneurs d’armes. Le navire a été dérouté, après son interception, vers le port de Selaata, où la cargaison a été déchargée. Les armes saisies par les autorités libanaises sont transportées à Beyrouth dans un convoi placé sous haute surveillance militaire.
Le navire transportait 150 tonnes d’armes et de munitions. Selon les premières informations, ces armes étaient destinées aux opposants syriens et devaient leur être acheminées via la région de Wadi Khaled, au Liban-Nord. On comptait plusieurs milliers de fusils mitrailleurs russes, Kalachnikov et américains, M16, des lance-roquettes de divers types, des canons de mortier de 120 mm, des munitions et des explosifs.
Des sources proches de la majorité assuraient que l’opération était montée avec la complicité de partis libanais sympathisants de la révolte syrienne, et que les armes devaient être transportées par ces mêmes partis vers la région frontalière, certains médias ont accusé l’opposition d’y être impliquée. Cette dernière avait trouvé le transport d’armes complètement insensé soulignant que la situation au Liban ne permettait pas d’entrer dans ce jeu, l’Armée libanaise exerçant un contrôle sur la côte. La Finul, de son côté, conformément à la résolution 1701 est concernée par n’importe quel transport d’armes vers le Liban par la résolution 1701.
Coupables insaisissables
Des sources crédibles affirment que seuls des citoyens syriens sont impliqués dans ce trafic. Aucun indice n’ayant permis de prouver l’implication d’acteurs libanais. Le propriétaire syrien du navire, Mohammad Khafaji, nie sa responsabilité dans cette affaire. Il prétend que la cargaison illégale avait été embarquée à la dernière minute, sans que lui ou son équipage n’en soient informés.
Les milieux proches de Damas assurent que des Israéliens, des Turcs et des Egyptiens, étaient informés du passage de Lutfallah II et avaient donné leur feu vert à cette opération, les bateaux se dirigeant vers la Syrie ou le Liban étant étroitement surveillés. Damas avait déclaré à plusieurs reprises que les insurgés recevaient des armes via le territoire libanais.
La Russie est entrée en ligne pour assurer qu’elle suivrait attentivement l’enquête engagée par le Conseil de sécurité de l’Onu sur la contrebande d’armes destinées aux rebelles syriens, précisant que les armes découvertes à bord du navire devaient être acheminées vers la Syrie et livrées à l’opposition.
Le quotidien Al-Jamhouriya a récemment publié des informations concernant le navire, selon lesquelles le propriétaire du cargo, Mohammad Khafaji, et le Libanais Saadeddine Faouzi, ont rencontré aux Emirates le Syrien Mounqez el-Amine, surnommé Abou Nasser, qui les a assurés de son intention d’envoyer des aides à Tripoli, et leur a demandé de l’aider à les distribuer, affirmant qu’il s’agissait de produits alimentaires. Ils ont alors pris contact avec le douanier Moutaeh Rima, habitant à Tripoli, afin qu’il les achemine vers les réfugiés syriens. Mais, après la fouille, le contenu du cargo provoqua la grande surprise. La quantité d’armes à bord ne pouvait pas être l’affaire de particuliers. Des Etats devaient y être impliqués.
21 personnes accusées, selon les mêmes sources, auraient transporté les armes, achetées pour des objectifs terroristes, d’une valeur de 65000 dollars. A cette date, il n’a toujours pas été possible de déterminer la destination finale de l’acheminement de la cargaison ni son but poursuivi. L’enquête n’est pas conclue. L’affaire continue à susciter des interrogations.
A.K.
De Libye à Tripoli
Le Lutfallah-2 a quitté le port d’al-Khamss, en Libye (à 120 kilomètres de Tripoli). Il s’est d’abord dirigé vers le port d’Alexandrie, en Egypte, a ensuite fait escale dans le port turc de Mersin, avant de mettre le cap vers sa destination finale, le nord du Liban.