Magazine Le Mensuel

Nº 2899 du vendredi 31 mai 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Pour et contre la prorogation
Lors d’un déjeuner organisé en son honneur par l’ingénieur Elie Gharzouzi à Barbara – région de Jbeil, le président Michel Sleiman a rencontré l’ex-Premier ministre, Fouad Siniora. Les deux hommes qui se sont entretenus en aparté ont évoqué la position des composantes du 14 mars sur les questions de l’heure et leur refus de proroger la législature si ce n’est pour des motifs d’ordre technique, et pour quelques mois. Le président Siniora a été clair: le 14 mars n’est pas prêt à approuver la proposition du président Nabih Berry, soutenue par le Hezbollah et le Parti socialiste, qui consiste en une prorogation de deux ans. Les deux Khalil, adjoints respectivement du chef du Parlement et du secrétaire général du Hezbollah, ont essayé de convaincre le général Michel Aoun d’appuyer la formule suggérée par Berry, mais en vain. Le leader du Courant patriotique libre (CPL) insiste sur la tenue des élections à la date prévue parce qu’il s’oppose aux reconductions de tout genre.

 

La France prêche la stabilité
La visite à Beyrouth du directeur Moyen-Orient-Afrique du Nord au Quai d’Orsay, Jean-François Giraud, avait pour objectif la transmission d’un message français aux responsables et leaders libanais. Un message dont la teneur est la suivante: «Evitez de lier votre situation, votre crise et vos dossiers à la conjoncture syrienne. Le règlement en Syrie pourrait être retardé et si vous maintenez vos crises en suspens, cela se reflètera sur la situation interne», comme le rapporte un ex-ministre qui s’est longuement entretenu avec le diplomate. Giraud semblait offusqué par l’ingérence du Hezbollah dans les combats à Qoussair, son implication pourrait mener, a-t-il dit, à l’inscription de l’aile militaire du Hezb sur la liste des mouvements terroristes, comme le suggère la Grande-Bretagne. Le message transmis par Giraud était clair: respect de la déclaration de Baabda, politique de distanciation, organisation des législatives et formation d’un nouveau gouvernement. Le respect du système démocratique étant un must.

Les limites des affaires courantes
Le Premier ministre du gouvernement chargé de l’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, a adressé des mises en garde à quelques ministres qui ne respectent pas les limites que leur a imposées un communiqué distribué par la présidence du Conseil. Mikati a invité ces ministres à veiller à ne pas outrepasser les prérogatives qui leur sont concédées par l’article 64 de la Constitution portant sur l’expédition des affaires. Un ex-ministre de la Justice explique que les engagements financiers que prennent certains pourraient être contestés par leurs successeurs. Ainsi le ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, aurait recruté des centaines de fonctionnaires d’une même communauté, contrairement aux textes constitutionnels. Une source juridique estime, elle aussi, que toutes les décisions prises durant l’expédition des affaires pourront être remises en question par le nouveau gouvernement, et les ministres qui ont enfreint les règles pourront faire l’objet de poursuites.

Implication vs distanciation
Commentant les déclarations du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui a reconnu la participation de ses combattants aux batailles à Qoussair et s’est dit prêt à affronter Israël dans le Golan, un député du 14 mars dit: voilà l’équation tripartite – le peuple, l’armée et la Résistance – torpillée. Dorénavant, il sera impossible d’insérer cette équation dans la déclaration ministérielle, a-t-il ajouté. Le but et la finalité de cette Résistance ne sont plus purement libanais mais orientés à distance par une télécommande iranienne, selon un agenda étranger. D’autant plus que le président désigné, Tammam Salam, avait annoncé que la déclaration ministérielle du cabinet en gestation sera basée sur le communiqué de Baabda et l’adoption de la politique de distanciation. Comment dans ce cas, le Hezbollah pourra-t-il nommer des représentants au sein du gouvernement?

Mansour défend le Hezbollah
A la veille de la réunion du Conseil de la Ligue arabe au Caire, au niveau des ministres des Affaires étrangères, Adnan Mansour, ministre démissionnaire, a déclaré à la presse qu’il compte adresser une lettre à l’ambassadeur du Liban au Caire, Khaled Ziadé, pour lui demander de justifier la participation du Hezbollah aux combats à Qoussair. L’argument invoqué est que les éléments du parti de sayyed Nasrallah sont intervenus pour protéger les Libanais, présents dans les villages syriens frontaliers, qui subissent des agressions quotidiennes, rappelant que l’Armée syrienne libre (ASL), présente dans ce coin, pilonne la région du Hermel. Le président Najib Mikati a pris contact avec l’ambassadeur Ziadé qui lui a précisé n’avoir reçu aucune lettre ou consigne du palais Bustros. Le Premier ministre du cabinet d’expédition des affaires courantes a été ferme: «La politique officielle du gouvernement est la distanciation. Telles sont les recommandations données par l’Etat libanais à ses représentations diplomatiques à l’étranger».

Le rôle de Joumblatt
Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, refuse de livrer des détails sur la visite qu’il a effectuée à Aïn el-Tiné, depuis quelque temps. Il se contente de dire que l’entretien avec le président Nabih Berry est utile en tout temps, il ajoute que ce dernier lui a promis de l’aider à régler la question gouvernementale après en avoir fini avec le dossier des législatives et la prorogation du mandat du Parlement. Depuis sa désignation, le président Salam s’est abstenu d’effectuer une tournée auprès des leaders et des hautes instances, mais la rencontre à Aïn el-Tiné est intervenue en réponse à un appel du chef de l’Assemblée. Le député Walid Joumblatt avait joué un rôle de choix dans la préparation de cette visite.

La Constitution bafouée
«La Constitution transcende toutes les autres considérations», comme le rappelle un ex-ministre de la Justice. Il se souvient de la question que posait systématiquement le président Fouad Chéhab sur n’importe quel dossier ou sujet controversé: «Que dit le livre?». Il avait recours aux textes constitutionnels chaque fois qu’il fallait trancher un conflit. Cet ex-responsable est étonné de voir aujourd’hui la Constitution violée par certains avec aisance, en toute impunité, comme par exemple considérer que les institutions pourraient continuer à fonctionner même si elles n’ont pas été renouvelées conformément au système démocratique via les élections. L’instance juridique craint que le Liban ne soit en «manque d’hommes», après l’échec flagrant de l’entente sur un nouveau mode de scrutin à l’approche de l’échéance constitutionnelle.

Des chiites contre le Hezb
L’uléma chiite, Hani Fahs, estime que les résultats de l’implication du Hezbollah dans la guerre syrienne seront fort coûteux s’il n’est pas mis un terme rapide à cette aventure. Les marmonnements chiites resteront timides tant que le Hezb est fort et en l’absence d’un projet de substitution, explique-t-il. Le plus grand nombre de combattants du Hezb tombés à Qoussair ont péri en sautant sur des mines difficiles à détecter plantées avec grand professionnalisme, révèlent des sources proches du parti. Les tranchées et les tunnels creusés ont également retardé l’avancée des troupes.
 

Des Tchétchènes au Liban
Des éléments takfiristes tchétchènes se trouveraient au Liban. Un expert politique révèle que de petits groupes qui ne dévoilent pas leur identité sont présents dans plusieurs régions libanaises. Certains parmi eux se font passer pour des Tcherkesses ou des Turkmènes. Ces combattants d’al-Qaïda sont engagés dans des mouvements comme «Ahrar el-Cham», «Ahrar Souriya» ou «Kataëb el-Farouk» qui attirent également des éléments venus du Liban et de la Jordanie et aussi de Hollande, de Belgique, d’Allemagne et de Grande-Bretagne via la Turquie. Ce qui caractérise les Tchétchènes de cette mouvance c’est l’aspect familial de leur activité terroriste. Les deux frères Tsarnaev, auteurs des attentats de Boston, constituent un exemple frappant de cette idéologie aux racines familiales. Le groupe tchétchène qui a enlevé les deux évêques Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim près d’Alep pose une condition pour leur libération: qu’ils proclament leur conversion à l’islam.

Mobilisation des chemises noires
Informations contradictoires sur la manœuvre-surprise exécutée par le Hezbollah, dans la banlieue sud, dimanche passé. Certains observateurs ont, en effet, détecté le déploiement de groupes de jeunes civils non armés vêtus de noir sur les carrefours des rues principales menant aux quartiers internes de la banlieue. Ces individus n’ont ni interpellé les passants, ni fouillé les véhicules ou vérifié l’identité des passagers. Des habitants de la région ont précisé qu’il ne s’agissait pas d’une manœuvre, mais d’une mobilisation qui a suivi le tir des deux roquettes sur la banlieue sud. Des informations sur l’existence de deux voitures piégées, prêtes à pénétrer dans la région, ont circulé et le déploiement s’est poursuivi jusque tard dans la soirée sans que soit remarquée une quelconque apparition armée. Un climat de tension règne sur la région depuis cette attaque et les rumeurs vont bon train. Certaines accusent les partisans de Walid Joumblatt d’être derrière l’incident ou leur reprochent d’avoir fermé l’œil en laissant faire des éléments takfiristes de l’opposition syrienne qui aurait bâti des repaires dans certains villages druzes de Aley, du Chouf allant jusqu’à la Békaa-Ouest et le Sud. D’après des sources sécuritaires, Israël et quelques forces régionales cherchent à semer le chaos au Liban.

Hezbollah/Hamas: la rupture
Les observateurs suivent de près la dégradation des relations entre le Hezbollah et le commandement du Hamas, suite à l’implication du mouvement palestinien dans des négociations secrètes avec Israël via des médiateurs arabes, le Qatar plus particulièrement. Ils ont perçu dans le dernier discours de sayyed Hassan Nasrallah, à l’occasion de l’anniversaire de la libération du Sud, des signes clairs de rupture entre la Résistance libanaise et l’Iran, d’un côté et entre Machaal et consorts, de l’autre. La fermeté dont fait preuve le Secrétaire général du Hezbollah à l’égard du Hamas et de l’ensemble des islamistes a pour but de fixer la ligne qui sépare la Résistance du terrorisme et d’éveiller le public sur les réalités de l’islam de Youssef Kardaoui. Les mêmes observateurs révèlent l’existence d’une division aiguë au sein du Hamas, on raconte même qu’une poignée de partisans de Machaal ont tabassé dans la bande de Gaza le leader du Hamas, Mahmoud Zahar, ainsi qu’un autre responsable, après avoir agressé des manifestants sympathisants du Front populaire de libération de la Palestine. D’après les rumeurs, le Qatar a réussi à recycler Khaled Machaal, chef du bureau politique, pour l’amener à négocier avec Israël qui détient un bureau de liaison à Doha.

Tiédeur entre Rabié et Bnechay
Si les relations du général Michel Aoun et de l’ex-ministre et chef des Marada, Sleiman Frangié, sont empreintes de tiédeur, c’est à cause du manque de coordination entre eux sur des questions fondamentales, comme la désignation du président Tammam Salam à la tête du futur Conseil des ministres, ou la nouvelle loi électorale, ou encore l’ouverture politique du général Aoun sur le Dr Samir Geagea qui s’est concrétisée par quatre visites du ministre Gebran Bassil à Maarab. Mais il semble que plusieurs contacts téléphoniques récents ont eu lieu entre le chef du CPL et le leader du Nord et les deux alliés se seraient promis une très prochaine rencontre.

 

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