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Nº 2865 du vendredi 5 octobre 2012

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Les priorités, selon Pascal Canfin. Stabilité et développement durable

En visite au Liban, le ministre français chargé du Développement, l’écologiste Pascal Canfin, fait le point sur les projets que la France et l’Union européenne ont mis en place dans le pays. Il a accordé à Magazine une interview exclusive.   

Ces derniers jours, la coopération était à l’honneur au Liban. Après la visite d’une délégation européenne il y a quelques jours, c’était au tour du ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Développement, Pascal Canfin, d’atterrir à Beyrouth pour une visite de 48 heures. Au programme, les deuxièmes assises de la coopération décentralisée franco-libanaise (voir encadré) et le suivi des projets français et européens de développement. «Une trentaine de projets sont déjà menés, d’autres sont en train de se préparer», assure le ministre. Au Liban, il a rencontré de nombreux responsables libanais, français et européens à la poursuite d’un seul objectif, «comment notre politique de voisinage pourrait être plus profitable au développement du Liban, en termes de développement soutenable en matière d’eau, d’énergie et de déchets».
En tant que ministre rattaché au ministère français des Affaires étrangères, Pascal Canfin a été interrogé sur la question syrienne. «Ma visite réaffirme le soutien du gouvernement français à la politique de distanciation par rapport à ce qui peut se passer en Syrie. Ce n’est pas une nouveauté mais cela s’inscrit dans un processus de relations extrêmement nourries». Il poursuit: «Je vois une société qui met en œuvre une politique de distanciation, et c’est tout à fait souhaitable. C’est un élément extrêmement important de la politique étrangère de la France. Il faut assurer la stabilité géopolitique, l’indépendance et la sécurité du Liban, parce qu’il est une clé de voûte pour essayer de faire rayonner cette stabilité dans la région, et non d’importer l’instabilité d’ailleurs. C’est pour cela que nous sommes présents aux côtés des autorités libanaises».
La France cible-t-elle des régions en particulier dans sa politique de développement? «C’est une spécificité française d’intervenir dans tout le pays, et pas d’être centré sur Beyrouth, explique Canfin. De manière générale, l’Agence française de développement finance des projets en matière de gestion de l’eau, de traitement et de développement des énergies alternatives, dans le cadre de la politique de coopération européenne. Je pense qu’il serait souhaitable d’aller plus loin et il faut que les politiques publiques libanaises soient au rendez-vous. Il y a des régions au Nord qui nous semblent être prioritaires, compte tenu de la situation politique et du niveau de développement qui est plus faible. Mais nous intervenons partout et nous travaillons avec les parties prenantes de la société libanaise».
Dans quels domaines se concentrent les projets de coopération? «Ils se concentrent essentiellement sur le domaine de la santé, répond le ministre puisque nous construisons un hôpital, de l’éducation et des infrastructures. Tout cela permet de toucher la vie quotidienne des Libanais. C’est notre objectif. En contribuant à construire des hôpitaux, des écoles ou au développement de systèmes de production électrique, nous contribuons à l’amélioration de la vie quotidienne des Libanais».
Canfin souligne que la coopération franco-libanaise a un fort accent culturel. Le ministre développe: «J’ai visité l’Institut français et l’ensemble du site où sont regroupés un certain nombre de services que la France offre pour promouvoir la diversité linguistique dont la francophonie. Pas la francophonie étroite et fermée sur elle-même, mais la francophonie ouverte. J’ai aussi pu voir l’extraordinaire projet initié par la mairie de Beyrouth, la Maison Jaune, avec le soutien de la ville de Paris et de l’Etat français. C’est un lieu magique, un lieu qui a une histoire extraordinaire et qui, maintenant, va avoir un avenir qui le sera tout autant puisque ce sera le premier lieu de mémoire qui aura une réhabilitation publique et qui deviendra un musée. Sa vocation sera justement de faire connaître le passé et de se projeter vers une société libanaise réconciliée. C’est une fierté pour nous et pour la ville de Paris de contribuer à l’émergence de ce site, puisque les travaux vont commencer après la pose de la première pierre».
Les autorités libanaises ont-elles formulé des demandes précises? «Nous avons parlé avec le Premier ministre de la situation économique, de l’impact de la crise syrienne sur le Liban et de l’augmentation des prix de l’énergie, a indiqué Canfin. Le développement du Liban doit s’organiser sur des bases écologiquement soutenables et financièrement viables. S’il y a une demande de la part des autorités libanaises pour aller de l’avant et renforcer le projet de coopération en matière d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique ou en matière hydraulique, ce sont des sujets que nous pourrions tout à fait regarder avec bienveillance et pour lesquels nous pourrions débloquer des financements, soit de manière bilatérale soit dans le cadre de l’UE».
Ces aides sont-elles tributaires de la situation économique de la France et de l’Europe? «La programmation financière pour les six prochaines années de l’ensemble de la politique de coopération de l’UE est en train d’être négociée et sera finalisée au début de l’année prochaine, explique Canfin. Nous sommes dans une phase de discussion avec les autorités libanaises sur le sujet. Les engagements de l’agence française de développement, qui ne représentent qu’une partie de la coopération, s’élèvent à 1,172 milliard d’euros. C’est quelque chose d’assez conséquent rapporté à la taille du pays. Cela traduit l’importance que la France accorde au développement et à la stabilité du Liban. Ce montant devrait augmenter dans les mois qui viennent».
Selon lui, les financements pour la période 2014-2020 sont déjà assurés. «C’est un engagement du projet européen, dit-il. Nous avons fait le choix, en France, de stabiliser l’argent que le contribuable français va dépenser au service du développement. C’est un choix courageux. La solidarité est une valeur qui doit être promue dans un gouvernement de gauche, et c’est aussi notre intérêt de contribuer à la construction d’une société stable».

J. A-R.

 

Coopération et décentralisation
Neuf ans après les premières assises qui avaient été organisées à Lyon en 2003 ont eu lieu les deuxièmes, le 1er et le 2 octobre, au Grand Sérail de Beyrouth. Organisées par le Comité des maires libanais et l’ambassade de France au Liban, elles ont été l’occasion de promouvoir les vertus de la décentralisation et de la collaboration entre les collectivités locales françaises et libanaises. «La France est le pays qui a le plus de coopération décentralisée avec le Liban, de tous les pays du monde. C’est une fierté que nous avons et c’est une preuve de la richesse de nos relations entre nos deux Etats et nos deux sociétés», explique Pascal Canfin.
Sur la question de la décentralisation, le ministre est clair. «La décentralisation est évidemment un sujet complexe, que ce soit en France ou au Liban. En France, nous en sommes à l’acte III de la décentralisation, la première ayant eu lieu dans les années 80, la deuxième dans les années 90. Il était intéressant d’échanger entre nous sur la façon de mener à bien ces réformes institutionnelles».
Sur chacun des thèmes, un élu français et un homologue libanais se succédaient à la tribune. L’occasion de confronter les expériences, souvent laborieuses du côté libanais.
En revanche, les résultats de la collaboration entre les collectivités locales des deux pays sont plus beaucoup probants, plus particulièrement dans trois domaines, l’aménagement du territoire, l’assainissement de l’eau et la sauvegarde du patrimoine.

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