Magazine Le Mensuel

Nº 2867 du vendredi 19 octobre 2012

Brèves internationales

BRÈVES INTERNATIONALES

Mauritanie
Le président blessé «par erreur»

 Le président de la République de Mauritanie, Mohammad Ould Abdel Aziz, a été hospitalisé, dimanche 14 octobre, dans la région parisienne, suite au mitraillage de son véhicule la veille dans son pays. Après avoir subi une intervention chirurgicale à l’abdomen à l’hôpital de Nouakchott, le président s’est envolé pour la banlieue parisienne et l’hôpital militaire de Percy à Clamart. Il est apparu brièvement à la télévision sur son lit d'hôpital et le drap tiré jusqu’au cou. «Je veux rassurer les citoyens mauritaniens sur ma santé après cet incident commis par erreur par une unité de l’armée sur une piste non goudronnée dans les environs de la localité de Tweila», a-t-il dit. En voyage à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie, son ministre des Affaires étrangères a confirmé qu’il était toujours dans la capacité de diriger son pays. La version officielle des autorités  mauritaniennes conclut à une horrible méprise. La voiture d’Abdel Aziz ne se serait pas arrêtée à un barrage routier et aurait été prise en chasse par un corps d’armée. Les troupes mauritaniennes auraient touché à 14 reprises la voiture présidentielle non-identifiée. La thèse de l’accident est plausible, mais quand on connaît les efforts incessants du président dans sa lutte contre les jihadistes, on est en droit de s’interroger. AQMI avait déjà menacé de mort le président mauritanien, l’accusant de mener une «guerre par procuration» pour les Français. Oumar Ould Hamaha, membre du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) déclarait à l’AFP: «Sa vie est désormais en danger, Il faut qu’il le sache». Pour rappel, le général Mohammad Ould Abdel Aziz avait été propulsé au pouvoir par un putsch en 2008 avant d’être élu l’année suivante.
Une alliance ouest-africaine soutenue par l’Onu mais à laquelle la Mauritanie ne participera pas est en préparation pour intervenir dans le Nord du Mali. AQMI se fait de plus en plus menaçante à l’égard des otages qu’elle détient. Dans la région du Sahel, la tension monte.

 


Egypte
Rapports de forces tendus autour de Morsi

Vendredi 12 octobre, des échauffourées ont opposé pour la première fois depuis les élections, pro et anti-Morsi sur la place Tahrir. Les libéraux et les Frères musulmans s’accusent mutuellement d’avoir initié les violences. Sur des vidéos mises en ligne sur YouTube, on voit des barbus en djellaba noire assaillir des militants d’opposition aux cris d’«Allah Akbar». La journée de vendredi avait commencé par l’appel du camp du président à manifester contre l’acquittement, applaudi par les libéraux, de vingt-quatre hauts fonctionnaires, accusés de violences pendant la révolution. De son côté, l’opposition avait également demandé à ses partisans de descendre dans la rue pour réclamer la formation d’une nouvelle Assemblée constituante, l’actuelle étant selon elle trop favorable aux islamistes. Ces événements illustrent les contradictions qui prévalent au sein de la confrérie: d’un côté, tout est mis en œuvre pour en finir avec l’ancien régime, de l’autre, la mainmise des islamistes sur le pays progresse irrémédiablement. Autre exemple de ce tiraillement, le président est revenu le lendemain même de son annonce, sur  la nomination au poste d’ambassadeur du Vatican du général Abdel-Meguid Mahmoud, ancien procureur général impliqué directement dans les répressions de la révolution.
Toujours en Egypte, l’agence de presse russe RiaNovosti  rapporte l’appel du guide suprême des Frères musulmans au «Jihad contre Israël», pour la libération de Jérusalem qui ne se fera «que par la force». «Al-Qods est islamique et personne n’est habilité à faire des concessions», a-t-il précisé. Le porte-parole de l’organisation s’est empressé d’éteindre l’incendie en rappelant qu’ils chercheront à mettre en œuvre d’abord et avant tout des méthodes pacifiques. Les ambiguïtés subsistent dans la confrérie. Depuis son accession au pouvoir, Israël craint pour les traités de paix négociés en 1979 avec l’Egypte. Le président Morsi s’est engagé à les respecter mais les déclarations de ses partisans ne vont guère dans le même sens.

 


Prix Nobel
L’Iran propose une version musulmane

Lundi 15 octobre, les Américains Alvin Roth et Llloyd Shapley ont décroché le prix Nobel 2012 de l’économie pour leurs travaux sur la meilleure manière d’accorder offre et demande sur un marché avec des applications concrètes dans le don d’organes. A des années- lumière des préoccupations de la crise économique actuelle. L’attribution de cette prestigieuse récompense conclut  la traditionnelle semaine des Nobels. Au palmarès 2012 figureront donc le Chinois Mo Yan en littérature, les Américains Robert Lefkowitz et Brian Kobilka en chimie, leur compatriote David Wineland et le Français Serge Haroche en physique, le Britannique Sir John Burton et le Japonais Shinya Yamanaka en médecine, ainsi que l’Union européenne pour la paix.
Le prix Nobel est un héritage du scientifique et industriel suédois Alfred Nobel (1833-1896). A sa mort, il détenait 355 brevets d’inventions, et parmi les plus célèbres d’entre eux, la dynamite. Dans son testament, il indique sa volonté d’instaurer avec ses actifs une récompense annuelle pour la personne dont les travaux confèreraient à l’humanité le bienfait le plus important dans chacun des domaines suivants: la médecine, la physique, la chimie, la littérature et la paix. Les exécuteurs testamentaires de l’ingénieux suédois ont ainsi fondé la fondation Nobel. Les cinq premiers prix sont attribués en 1901. En 1968, le prix Nobel d’économie est ajouté au palmarès à l’initiative de la Banque de Suède. Le prestige des prix est irréfutable même si dans un contexte géopolitique forcément subjectif, les prix de la paix et de la littérature sont parfois critiqués. Ce fut le cas en particulier pour Kissinger ou Obama.
Cette année, l’Iran a fait connaître son intention de créer un prix semblable propre au monde musulman pour promouvoir le développement de la science en son sein. Selon l’agence d’information Fars, le prix sera appelé «le prix mondial du Grand Prophète». Il devrait être décerné dans trois domaines tous les deux ans. Les initiateurs du projet militent pour l’augmentation de concurrence entre les scientifiques musulmans.

 

Israël
Elections anticipées: Netanyahu favori

Le 14 octobre, Benyamin Netanyahu annonçait devant la Knesset la tenue d’élections législatives anticipées le 22 janvier prochain. Il s’est justifié en expliquant que dans la situation actuelle, il n’avait pas la majorité nécessaire pour faire voter le budget d’austérité 2013.  Dans cette optique, le Parlement israélien a voté sa dissolution le lendemain. «Dans moins de 100 jours, le peuple d’Israël décidera qui le dirigera face aux plus grands défis que nous ayons connus en termes de sécurité depuis la fondation de l’Etat, et qui le conduira face à la pire crise économique que le monde ait connue depuis 80 ans», a déclaré le Premier ministre israélien à la tribune. Les élections auraient dû avoir lieu seulement à l’automne prochain. Netanyahu  fait figure de grandissime favori pour se succéder à la tête de l’Etat hébreu. Une enquête du quotidien Haaretz crédite la coalition de droite formée par le Likoud, les formations religieuses et ultranationalistes de 68 députés contre seulement 52 pour les partis d’opposition de gauche, du centre et des Arabes. Netanyahu vient pourtant de perdre un soutien de poids en la personne de Moshe Kahlon, ministre des Communications et des Affaires sociales extrêmement apprécié, qui a décidé de se retirer de la vie politique. Kahlon était devenu d’autant plus populaire qu’il s’était exprimé contre le budget d’austérité. Il était l’un des rares ministres sépharades et il ne sera pas aisé pour le chef de l’Etat de le remplacer sans perdre le soutien de quelques juifs orientaux. Selon certaines sources, le nouvel ex-ministre aurait démissionné à cause du refus de son Premier ministre de le nommer aux Finances dans le gouvernement suivant.

Antoine Wénisch

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